« Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles. » Instantané d’une famille bourgeoise européenne.
Film présenté en compétition au Festival de Cannes 2017
Avis de Fabien
Récipiendaire de 2 Palme d’or (Le Ruban blanc en 2009 et Amour en 2012), Michael Haneke revient en compétition avec Happy End, chronique d’une famille bourgeoise du Nord de la France. Comme souvent chez le réalisateur autrichien il est question de rapports humains froids, d’incommunicabilité dans la famille; sa mise en scène clinique radiographie les névroses, les blessures intérieures, les tracas judiciaires de cette famille Laurent dont les personnages les plus intéressants sont une jeune fille (Fantine Harduin) perturbée par la tentative de suicide de sa mère et son grand-père (Jean-Louis Trintignant) qui veut en finir avec l’existence.
Le regard distancié du réalisateur sur ses personnages (Toby Jones sacrifié, Isabelle Huppert sous-exploitée), le scénario sans arc narratif qui esquisse de multiples thèmes sociétaux sans les développer (le suicide assisté, les migrants), les coquetteries visuelles avec écrans de portable et d’ordinateur ont pour effet de provoquer un ennui croissant devant ce Haneke mineur. Le cinéaste visiblement peu inspiré propose dans le dernier quart d’heure (de loin ce qu’il y a de mieux dans le film) une ébauche de ce que le film promettait et aurait pû être, une satire grinçante et mordante de la bourgeoisie déconnectée des tensions qui traversent la société actuelle.