Seul, sans boulot, gravement malade, Frank sombre dans la spirale infernale d’une Amérique déshumanisée et cruelle. N’ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c’est le début d’une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.
Ce film est diffusé dans le cadre de la thématique Compétition Nouveau Genre à la dix-huitième édition de L’étrange festival
Film en compétition au 38ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville
Avis de Manuel Yvernault :
Bobby Goldthwait fait plutôt partie de ces réalisateurs survoltés « coupable de meilleur comme du délire ». Metteur en scène de quelques émissions du Jimmy Kimmel Live ! et de longs-métrages n’ayant hélas pas franchis nos frontières comme World’s greatest dad, Goldtwhait s’essaie à une critique poussive mais acerbe des travers d’une Amérique enclave à ses valeurs traditionnelles et aux paradoxes de ses dernières et de leurs applications formelles.
God Bless America est un peu de tout ça, film gentiment subversif, totalement culotté. Goldtwhait tente l’aventure provocatrice des films indépendants.
Malheureusement amputé d’un budget confortable le film ne se procure que de rares et belles envolées quand il reste souvent figé dans ses intentions et ce par manque de moyens. Certaines séquences au décor comme imposé peinent à trouver un relief cinématographique alors que le fond est bien présent. Ce ton indépendant aurait pourtant permis au réalisateur d’être plus incisif dans les quelques franches attaques et paris osés.
Alors tout n’est pas à jeter, voire même délectable de non sens et de parodie. Le film, fun et totalement fantaisiste, n’oublie jamais d’être critique et presque outrancier envers cette Amérique puritaine en total ambivalence avec les valeurs qu’elle prône. Devant cet « essai » à vouloir dénoncer certaines affres du pays de l’oncle Sam on aurait aimé moins de retenu à différents moments, un film totalement noir tourné vers la comédie.
Si God Bless America prend le plus souvent cette direction, il s’égare parfois comme si le réalisateur, à tort, ne s’autorisait pas totalement à dépasser les bornes. Bien mais peu mieux faire.
On garde tout de même à l’esprit l’initiative et le savoir faire d’un réalisateur à suivre.