Java 1942 : un camp de prisonniers américains est dirigé par le capitaine Yonoi, un chef japonais à la poigne de fer. A la crainte et au mépris qu’éprouvent les prisonniers et les subalternes du capitaine à l’endroit de ce dernier, s’oppose la résistance étonnante d’un soldat anglais, Jake Celliers. Face à son attitude provocante, Yonoi devient de plus en plus sévère dans le but de faire plier le rebelle.
Film présenté lors du Festival Lumière 2013 de Lyon.
L’avis de Yanick Ruf :
Furyo : nom donné aux prisonniers de guerre par les Japonais.
Voici une des plus grandes œuvres du cinéma asiatique. Une histoire poignante, interprétée par des acteurs à la hauteur de l’histoire imaginée par Sir Laurens Van Der Post, histoire qui aurait très bien pu se réaliser pendant la guerre… Un film fort, d’un réalisme étonnant et superbement accompagné par la musique écrite spécialement par Ryuichi Sakamoto, qui joue également le rôle du colonel Yonoï et que tout le monde connaît maintenant. On y découvre un choc culturel entre l’Orient et l’Occident, tel qu’il n’avait encore jamais été montré. Le flegme britannique face aux atrocités que les Japonais peuvent commettre de par leur culture. Une culture qui, lorsque le film est sorti en 1983, n’était pas connue des occidentaux. Un pays qui se croit supérieur et intouchable face à une nation, en l’occurrence l’empire britannique qui sait de quoi elle est capable mais n’en fait pas l’étalage.
Un film qui allie savamment plusieurs genres pour donner un chef-d’œuvre, signé par l’un des plus grands maîtres de l’époque, Nagisa Oshima, qui nous prouve ici le talent qu’il avait. Du côté du casting, il avait choisi ses interprètes avec talent. A la base, il voulait Robert Redford pour incarner Jack Celliers. Il tenait à avoir un homme aux yeux et cheveux clairs. Ce dernier n’étant pas disponible, il s’est retourné vers David Bowie, avec ses yeux vairons (de différentes couleurs) qui avait tout à fait le « look » recherché. Ce dernier est incroyable dans le rôle. On retrouve également en personnages principaux Tom Conti, le compositeur Ryuichi Sakamoto, et un homme qui faisait se début, Takeshi Kitano, avant son accident. Il nous montrait déjà sa prestance devant la caméra, dont il nous prouvera après qu’il est aussi à l’aise derrière…
Le film date déjà de trente ans mais c’est encore la plus grande référence du genre. Lors de sa sortie l’histoire a choqué. Les meurs ayant évolué, il est « diffusable » sur les chaînes de télévision, mais n’en n’inspire pas moins frissons (les Japonais tous prêts à se faire hara-kiri, plutôt que de supporter la honte) et émotions (Celliers se remémorant ses moments de lâcheté vis-à-vis de son jeune frère, bravant tous les interdits qui le conduiront à sa destruction, en même temps que celle du colonel Yonoï). À voir pour ceux qui ne le connaissent pas et à revoir, revoir, revoir… pour les autres. Le film vient d’être restauré, une superbe occasion de le découvrir en qualité optimum. N’hésitez pas si vous avez une opportunité, il est disponible en DVD, et avec cette restauration, espérons rapidement en Blu-Ray.