FUNNY PEOPLE est l’histoire d’un illustre comique qui, après avoir frôlé la mort, se demande comment profiter de la seconde chance qui lui est offerte. Pour dire les choses de façon plus directe : l’occasion lui étant donnée de repartir à zéro, cet homme va-t-il continuer de se conduire comme un parfait schnock ?
L’avis de Fabien
Le dernier film réalisé par le nouveau roi de la comédie US Judd Apatow (40 toujours puceau, En cloque mode d’emploi, Supergrave) est son projet le plus personnel et le plus risqué financièrement : fait en famille, avec sa femme Leslie Mann et ses 2 filles, avec son pote d’enfance Adam Sandler, Funny people est une tragi-comédie d’une durée de 2H20 sur un comédien de stand-up atteinte d’une forme rare de leucémie.
George Simmons (Adam Sandler) star hollywoodienne apprend sa maladie, se cherche un assistant-larbin (Seth Rogen) qui pourrait accessoirement remplir les fonctions d’ami et tente de reconquérir son ex (Leslie Mann) mal mariée à un Australien arrogant (Eric Bana).
Apatow ancre son récit dans le monde des comiques professionnels de stand-up d’où profusion de saillies verbales politiquement incorrectes, blagues à caractère sexuel qui ont fait la réputation de ses productions. On y retrouve aussi ces grands enfants ou ados attardés sur le chemin de la maturité, cet éloge de la famille comme rempart contre la morosité et le désespoir. Mais pour la première fois court sur tout le film un ton dépressif voire désabusé avec le personnage de movie star de Sandler, égocentrique homo erectus mis soudain face à sa solitude dans son château et se révélant incapable d’aimer et d’aider les autres. Face à Sandler Seth Rogen incarne un apprenti comique, faire-valoir qui aux côtés de la star n’apprendra finalement rien. Mais la dernière scène, après un virage surprenant vers la comédie de la reconquête amoureuse où en 45′ de huis-clos dans une belle maison de Marin County George Simmons apparait à la fois pathétique et touchant dans son échec amoureux, réunit les 2 hommes autour de blagues dans un éloge typique de l’univers Apatow de l’amitié masculine.
Avec son personnage principal égoïste, en colère, contre les autres mais surtout contre lui-même, sa maladie et son incapacité à être heureux, Funny people a des relents pessimistes autour de cet humour gras et potache qui est le nerf des productions Apatow. Le réalisateur s’essaie à la gravité : certains risquent d’être sensible à la mélancolie et au spleen de son personnage principal qui apprend difficilement à faire quelque chose de bien pour quelqu’un, d’autres seront déroutés par le côté sombre et névrotique de ces Funny people et regretteront la jovialité et le burlesque des premiers opus.
Cette tonalité douce-amère, entre humour trash et drame introspectif avec la dérive existentielle de ce clown triste, ne manque pas d’intérêt malgré une petite baisse de rythme dans sa dernière partie : Apatow est, comme toujours, plein de tendresse et d’empathie pour ces anti-héros attachants, personnages ordinaires en proie à des soucis voire des tourments névrotiques et sexuels.
L’avis de Yanick « Wolverine » Ruf : Alors là, on ne passe pas loin du chef d’œuvre ! Et quand je dis « on ne passe », c’est vrai que l’on ne fait que passer malheureusement. Le sujet était de taille pour Adam Sandler qui pouvait enfin trouver un rôle dramatique à sa hauteur. Mais alors que l’histoire de cet homme malade est formidablement interprétée, on se retrouve toutes les deux minutes avec des shows de stand-up avec des blagues qui se trouvent toujours sous la ceinture ! La première peut (je dis bien peut, car ce n’est pas gagné non plus) faire rire, mais comme ca pendant deux heures et quart (hé oui, en plus le film n’en fini pas !) ca devient à la limite du supportable. Pourquoi avoir massacré ce film de cette façon ??? Et que dire du doublage français qui ne vaut absolument rien ! Rien ne ressort de tout ca, si ce n’est un ennui continu et beaucoup trop long. Adam Sandler avait pourtant un look intéressant en plus de son interprétation, un peu comme un jeune De Niro (avec sa casquette vissée constamment sur la tête). Bon, on retiendra une ou deux blagues qui nous ferons sourire, mais pas plus…
Test DVD
Technique
Un DVD réservé au film avec un piqué ciselé rendant justice à la photographie de Janusz Kaminski, le chef opérateur attitré de Steven Spielberg et pistes VO et VF Dolby Digital 5.1 où l’intégralité des informations sonores passe par la voie centrale, la scène arrière étant dévolue pour l’essentiel à la sympathique bande originale folk.
Bonus
Répartis sur un second disque, les bonus sont copieux et intéressants. Débutons par un commentaire audio avec de Judd Apatow, Adam Sandler et Seth Rogen très détendus peu avares en blagues et souvenirs de tournage.
Le making-of d’une durée de 75′ est un passionnant journal de bord découpé en 4 parties qui permet de comprendre à travers des focus, constitués d’images de tournage et d’interviews, sur la préparation (ateliers de stand-up pour les comédiens), le tournage comme le montage (3h15 dans sa première version!) l’importance de ce projet très personnel dans la carrière de Judd Apatow.
Une brouette de scènes coupées et alternatives, très réussies dans l’ensemble avec la présence de Paul Reiser, Ray Romano et Eminem, est également proposée.
D’autres modules hilarants comme”Yo Teach“- épisode et making of, les films de George Simmons, les blagues téléphoniques d’Adam Sandler complètent la galerie de suppléments d’une durée exceptionnelle de 3h pour une comédie.