Une vente d’armes clandestine doit avoir lieu dans un entrepôt désert. Tous ceux qui y sont associés se retrouvent face à face : deux Irlandais, Justine, l’intermédiaire, et le gang dirigé par Vernon et Ord. Mais rien ne se passe comme prévu et la transaction vire à l’affrontement. C’est désormais chacun pour soi… pour s’en sortir, il va falloir être malin et résistant.
Avis de Manu
Il y a les réalisateurs qui ont leur propre grammaire cinématographique, leur patte d’auteur ou leur univers, Ben Wheatley fait clairement partie de ces metteurs en scène. Il s’essaye à tous les genres, dans une forme de réalisation quasi provocante tant il abat tous les codes des genres qu’il prend pour les remanier à sa sauce.
Evidemment la plupart de ses films sont laissés de côté, pas forcément pris à leur juste valeur (exception faite de son avant dernier film, High Rise, trop perché pour être apprécié) mais à y regarder d’un peu plus près, son originalité et ses provocations visuelles et narratives en font un des cinéastes les plus vivifiants version films indépendants.
Free fire serait probablement son film le plus abordable avant tout par le casting qu’il propose, beaucoup plus bankable qu’à l’accoutumée et surtout fait de gueules qu’on adore retrouver. Huis clos saisissant qui dans ses premières minutes donne l’impression au spectateur de ne pas trop savoir où il va être emmené, pour ensuite ne plus le lâcher dans un jeu plus qu’original entre fun, presque cartoon, violent et jeux scénographique. Un cinéma alternatif en somme, les habitués du réalisateur se régalent, les autres en prennent plein les yeux, dans un schéma narratif réduit à sa plus simple expression, bagage caricatural pour mettre en scène dans un espace réduit ce qui pourrait être le lexique du petit metteur en scène qui sait filmer, découper et utiliser à cent pour cent l’action dans un espace. Pour réussir cela Ben Wheatley déborde forcément des conventions et du rationnel et rend au film d’action ses racines, dénature la violence réelle, la rend fictionnelle et installe alors un spectacle visuel assez étonnant.
Là où l’ennui aurait pu s’installer un certain plaisir prend place de voir comment il va nous surprendre avec chacun de ses personnages, comme si une scène d’un film était finalement tout le film en lui-même ici, du Ben Wheatley pur et dur qui casse donc les codes d’un genre et les malaxe à sa façon. Cela ne prend pas tout le temps, le pari était risqué mais la réussite est cette fois au rendez-vous avec une énergie débordante et un soin particulier pour filmer ses personnages et de rendre lisible une fusillade de presque une heure. Forcément, il faut savoir ce qu’on est venu voir pour porter son attention sur près d’une heure trente de film mais si on accepte sa nouvelle proposition on ressort avec l’impression d’avoir découvert un sacré objet cinématographique plein de folie et d’originalité.