Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…
L’avis de Manu
Guillermo del Toro, nous sommes fan, depuis des années, depuis Cronos, au point d’en perdre parfois notre objectivité. Del Toro, en plus d’être un génie, amoureux du septième art, est un homme charmant dans sa générosité cinéphile.
A ce titre on aurait aimé apprécier La Forme de l’Eau, trouvé tous les Oscar récemment obtenus justifiés mais voilà, le réalisateur (comme Scorsese il y a quelques années) semble obtenir la statuette consacrée sur un de ses films les moins personnels bien que le plus fantasmé par son auteur (le plus selon lui, le moins d’après notre ressenti). On ne fera pas le jugement ici, des emprunts ou non à Jean-Pierre Jeunet, car dans le septième art la frontière est parfois mince entre plagiat, influences, hommages ou références, et la sortie de secours (justifications limitées) (trop) facile. Dans La Forme de l’Eau, sans être cristalline, cette frontière est tout de même limpide de clapotis intermittents empruntés. Dommage.
On aurait aimé adorer le dernier del Toro. Il reste juste un film brillant, plastiquement parfait mais où l’émotion se noie dans la facilité d’un scénario emprunté/empreinté ici et là. Au-delà de tout ça c’est finalement le discours qui l’emporte à travers un trio de personnages nécessaires à une Amérique contemporaine qui se perd de plus en plus. Sur ce point, La Forme de l’Eau est un vrai grand film. Trop petit dans son écrin précieux et touchant, hélas.
Technique
Ce blu-ray met en avant une compression en titane et une riche colorimétrie rendant justice au beau travail du directeur de la photo Dan Laustsen et de l’équipe technique supervisé par le perfectionniste Guillermo del Toro. La piste VO 5.1 DTS HD MA est à privilégier même si la VF est probante en terme de restitution d’ambiances et de bruitages comme de mise en avant de la partition oscarisée d’Alexandre Desplat.
Bonus
Cette belle édition blu-ray Fox propose comme tout d’abord comme supplément un making-of chapitré (29′) où sont abordés les thèmes du film comme « l’histoire de gens invisibles » selon son réalisateur, la conception de la créature, l’interprétation de Doug Jones, les costumes, les décors (le tournage a eu lieu dans les studios de Toronto où se tourne la série The Strain), la photographie ou bien encore la musique d’Alexandre Desplat.
Puis suivent 2 modules, Anatomie d’une scène : le prologue (3′) où est expliqué la technique du dry-for-wet utilisée pour cette ouverture de conte de fées et Anatomie d’une scène : la danse (5′) où Guillermo del Toro rend hommage aux comédies musicales des années 50/60’s de la Warner et du duo Gene Kelly/Stanley Donen.
Donner forme aux vagues : une conversation avec James Jean donne la parole à cet artiste/peintre qui a notamment réalisé une série d’affiches du film.
Enfin est ajoutée une master class de Guillermo DelToro (13′) au Zanuck Theater de Los Angeles : une intéressante discussion du réalisateur avec de nombreux membres de son équipe technique sur ce Shape of the water multi-oscarisé (Meilleurs films, réalisateur, décors et musique), « une comédie musicale, un mélodrame, un thriller historique… une histoire de Belle et la Bête inhabituelle » pour son heureux réalisateur.