Synopsis : Forcés de fuir son Bangladesh natal, le jeune Fahim et son père quittent le reste de la famille pour Paris. Dès leur arrivée, ils entament un véritable parcours du combattant pour obtenir l’asile politique, avec la menace d’être expulsés à tout moment. Grâce à son don pour les échecs, Fahim rencontre Xavier, l’un des meilleurs entraîneurs d’échecs de France.
Pierre-François Martin-Laval est de retour. L’ancien Robin Des Bois, bien connu dans le cinéma comique français à la fois en tant qu’acteur (Rrrrrrrrrrrr!) et réalisateur (Essaye-moi, Les Profs), propose l’adaptation de l’histoire vraie de Fahim Mohammad et son père, demandeurs d’asile en France dont le seul espoir repose sur la pratique experte du jeu d’échecs du jeune enfant. Le cinéaste français après l’original et intrigant Essaye-Moi, n’a jamais su valider l’essai, se cantonnant de manière générale à l’adaptation de bandes dessinées humoristiques françaises telles que Les Profs et Gaston Lagaffe se trouvant à la lisière de la comédie populaire régressive que sont Les Tuche et la retranscription cinématographique hystérique d’oeuvres littéraires comme Le Petit Nicolas, Boule & Bill ou bien l’insondable Ducobu.
Il est intéressant néanmoins d’observer, chez le réalisateur français, avec le tournage de Fahim, un vrai changement de position face au cinéma, décidant de se tourner vers le champ du drame, tout en gardant une lumière, vision positive et possible de l’avenir. Une proposition qui permet de se remémorer le très réussi Nous Trois Ou Rien de Khéron.
L’article se divisera en deux parties :
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La critique de Fahim
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Les caractéristiques techniques de l’édition DVD
L’avis de Quentin :
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La critique de Fahim
Fahim revient sur le parcours du Bangladesh jusqu’en France d’un enfant et son père demandeurs d’asile. Ils partent dans l’espoir d’une terre d’accueil, d’une nation protectrice, tout en laissant épouse et fratrie dans leur pays d’origine, faute de moyens. Cette histoire de fracture, dissociation familiale en attente de reconstruction, donne à voir les rouages, les coulisses de l’immigration. Le film s’aventure alors sur de nombreuses problématiques allant de la difficulté d’intégration aux labyrinthes administratifs en passant par l’apprentissage de la langue, la recherche de domicile, les foyers associatifs ou encore la complexité à trouver un métier sans disposer de permis de séjour.
Pierre-François Martin-Laval fait le pari d’une mise en scène réaliste avec le choix judicieux d’aborder le film en plein Bangladesh et joué en bengali. Cependant à force de vouloir retranscrire une réalité, et partir à la quête d’une retranscription exacte des aventures de Fahim entre son départ et son arrivée en France, le film perd en force, verve et parfois même en humanité tant il cherche à tout retranscrire sans jamais étudier de problématiques en profondeur. Contrairement à ses travaux passés, la cinéaste a extrait l’entièreté de sa signature décalée, bien qu’élimée par le jusqu’au boutisme de ses dernières réalisations. La finesse d’écriture d’Essaye-Moi aurait pu se lier à merveille avec Fahim, apportant une touche rêveuse à cette retranscription froide de cette histoire vraie, principalement et quasi intégralement réchauffée par la prestance d’un Gérard Depardieu qui se limite de plus au minimum syndical.
Bien que touchant et sympathique, l’étude de l’immigration est très limitée et repose presque entièrement sur les stéréotypes et images préconçues que la population française se fait du quotidien de la population immigrée. Entre vendeur de Tour Eiffel et perception gentil foyer contre méchant policier, les analyses se trouvent souvent limitées bien que parfois pertinentes comme avec la difficulté de s’intégrer entre personnes parlant la même langue mais ne provenant pas de la même ethnie.
Néanmoins, bien qu’imparfait sur de nombreux aspects, dont il veut donner une analyse experte, le film se veut sincère dans ses intentions. On se trouve très facilement happée par cette relation entre le jeune Fahim et son professeur d’échecs, qu’on aurait préféré bien plus exploitée tant elle aurait permis au film une très belle ascension à la fois émotionnelle et sociale. Le travail intergénérationnel et interculturel autour de la passation du savoir est une belle ligne de lecture et très certainement la plus réussie du film. On regrettera par contre le jeu d’Isabelle Nanty complètement secondaire et bien souvent désincarné.
Fahim de Pierre-François Martin-Laval est donc une tentative, pour le cinéaste français, de sortie du paysage humoristique dont il commençait à faire le tour. Une oeuvre maladroite, avec une maîtrise toute relative de la question de l’immigration, qui pourtant réussi, parfois, à séduire de par son approche de feel-good movie qui reste néanmoins trop ordinaire pour nous enchanter.
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Les caractéristiques technniques de l’édition DVD
Image :
Fahim n’a malheureusement pas eu l’honneur d’une sortie Blu-ray, qui aurait pu faire ressortir les premières séquences du film avec délice, au Bangladesh. Le traitement de l’image sur cette édition DVD n’est pas miraculeux, loin de là, il déçoit et retire au film une photographie riche en détails, de plus la colorimétrie assez terne plonge le long-métrage dans une perception assez fade. Dommage..
Note image : 1,5/5
Son :
En ce qui concerne le traitement sonore, Wild Side réussit à offrir une très belle piste 5.1 qui permet à l’œuvre de capter l’attention, et tenir une tension réelle tout au long de l’œuvre. Du cliquetis des jeux d’échecs au chaos des rues du Bangladesh, l’immersion est complète.
La piste 2.0 est également, quant à elle, correctement contrôlée et offre une jolie restitution du travail réalisé.
Note son : 4/5
Suppléments :
Un entretien colossal de 54′ est proposé en guise de bonus avec le réalisateur Pierre-François Martin-Laval, qui réussit à mieux faire accepter et comprendre les partis pris de l’oeuvre. Beaucoup d’anecdotes intéressantes à la fois sur le film, la carrière de cinéaste de Pef, ou encore le travail autour des acteurs est abordé et peuvent réconcilier le film avec le public.
Note suppléments : 3/5