Vincent, un jeune homme brillant mais refermé sur lui-même, travaille comme bagagiste dans un aéroport et refuse le parcours tracé que lui offraient ses études. Avec son collègue Gérard, il a l’habitude de voler dans les valises avant leur embarquement en soute. Alors qu’il fouille un bagage diplomatique, Gérard meurt brutalement suite à une explosion.
Vincent est alors coincé par la DST qui lui propose un marché : lui éviter la prison et collaborer avec les services secrets français et anglais pour retrouver les hommes impliqués dans l’explosion.
L’enquête conduit Vincent à Londres, qui, sous une fausse identité, essaie de se rapprocher d’un homme d’affaires anglais, Peter Burton. La DST et le MI5 poussent alors Vincent à séduire l’épouse de Burton, Claire, une française au caractère fragile. Vincent se rapproche de la jeune femme et la manipule pour la forcer à collaborer avec le MI5. Déstabilisé par les enjeux de la mission, Vincent va être bientôt rattrapé par ses sentiments.
Avis LeStein :
Espion(s) entre dans cette nouvelle vague de films français où à partir d’un fait divers, on crée une histoire où d’étranges évènements prennent forme. C’est alors qu’un monde invisible apparaît et vous transforme à jamais enfin pour le personnage principal!
Du film Espion(s), je n’en connaissais que le nom et l’affiche. Je n’avais ni lu de résumé, ni vu d’interviews, ni discuté avec mon entourage sur ce film. C’était donc dans un noir total que j’allais le voir. Espion(s) parle donc d’un homme ordinaire, simple bagagiste dans un aéroport qui pour arrondir ses fins de mois, vole dans les bagages! Voici notre fait divers! Malheureusement pour lui, il tombe sur une valise un peu spéciale qui va faire de lui une source selon le jargon policier. En fait, il devient un espion pour la DST, représentant français du FBI, et se retrouve donc dans un monde qui lui est totalement inconnu. Nous sommes dans la partie inventée de l’histoire. Effectivement, si une personne lambda se mettait à voler et qu’elle vienne à se faire prendre, je ne suis pas vraiment certain qu’on lui propose une pareille chose. C’est pourquoi le réalisateur à tout de suite crée un personnage hors norme ayant fait de grande études genre science-po et qui se trouve être un petit génie. Bref, le genre de mec qui ne traverse pas la rue comme ça. Interprété par un Guillaume Canet convainquant sans plus, il fait partis, je cite, « des statistiques » car si Espion(s) est inventé, ce film n’en reste pas moins réaliste tout de même. L’histoire se passe dans une France d’aujourd’hui où la masse populaire fait des études sans trouver de travail dans sa branche et se retrouve donc à faire de petits boulots!
Nous ne suivons que d’un œil son évolution dans cet engrenage politico-policier-amoureux sans vraiment y croire. Nous attendons qu’il s’y passe quelque chose de poignant mis à part sa semi-romance avec une femme prise, elle-même, sans le vouloir dans cette situation, jouée par Géraldine Pailhas. C’est une femme perdue, fragile qui ne se plait guère dans sa vie bourgeoise. Epouse d’un président d’un groupe pharmaceutique, elle ignore tout des activités de son mari et est coincée dans son statut. Elle flâne sans but jusqu’à ce que l’arrivée de ce médecin pour une ONG (Guillaume Canet en infiltré) bouleverse sa vie.
Espion(s) ne déroge pas à la règle française en installant un côté psychologique et social en même temps. Nous comprenons facilement le but du réalisateur : montrer finalement que malgré nos grandes études nous n’arrivons pas à nos fins et comme il faut bien vivre, nous faisons des boulots qui ne nous permettent pas de nous épanouir. Nous vivons par procuration en lisant la presse à scandale, en regardant les séries télévisées ou des films, en jouant au jeux vidéos. Nous nous inventons des vies, des situations extraordinaires sans les vivre. C’est le côté social, appuyé par les personnages plutôt fragiles, perdus, d’où les plans à rallonge, sans dialogues, qui montrent bien qu’ils n’ont rien à dire (forcément puisqu’il ne font rien de passionnant).
En fait, Espion(s) est un peu dérangeant car il n’est ni exceptionnel, ni mauvais (je n’aurais sûrement pas fait mieuxque Nicolas Saada). Nous avons là, un film bien fait que ce soit sur le plan technique ou sur le plan de l’histoire et sur le plan de l’interprétation, avec Guillaume Canet et Géraldine Pailhas ainsi que Hippolyte Giradot (Chaos Calmo) en chef froid à souhait de la DST et Stephen Rea en chef de la MI5 très anglais (forcément), sans compter les seconds rôles comme Archie Panjabi vue dans The Constant Gardener. Mais qui ne provoque rien ou peu de chose en nous. Même la pseudo affaire politique ne prend pas! Nous attendons quelque chose mais sans jamais rien voir…Est-ce pour montrer que dans le monde réel, la plupart des enquêtes n’aboutissent pas?
Espion(s) est un fait divers dans le monde du cinéma à ranger dans la catégorie : films réalisés par de jeunes cinéastes ayant une grande base cinématographique. Les amateurs ont de quoi se mettre sous la dent mais le novice aura l’impression de perdre son temps. En effet, Espion(s) est semblable à Eden Log ou Scorpion! C’est le genre de film au potentiel cinématographique intéressant (il faut noter l’ambiance version Hitchock durant tout le long-métrage ainsi que les plans clin d’œil genre Sueurs Froides, où Kim Novak contemple un tableau) auquel il manque un petit quelque chose pour en faire un film large public.