En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max, un homme ordinaire pour qui rejoindre Elysium est plus que vital, est la seule personne ayant une chance de rétablir l’égalité entre ces deux mondes. Alors que sa vie ne tient plus qu’à un fil, il hésite à prendre part à cette mission des plus dangereuses – s’élever contre la Secrétaire Delacourt et ses forces armées – mais s’il réussit, il pourra sauver non seulement sa vie mais aussi celle de millions de personnes sur Terre.
L’avis de Manu Yvernault :
Sur la liste des attentes cinématographiques annuelles, Elysium devait être dans les plus guettées. District 9 n’avait pas manqué de séduire presse et public tant Neill Blomkamp mêlait avec brio une forme de SF vraiment nouvelle et un fond qui n’en restait pas des moindres. La relève directe de ce que James Cameron avait apporté en son temps.
Quelle serait la copie rendue par ce réalisateur, très vite mis sur l’avant-scène, avec un budget beaucoup plus conséquent (presque multiplié par 3) ?
Autant dire que les moyens n’ont pas atténué le discours du metteur en scène. On se retrouve même en terrain connu : société scindée en deux, univers futuriste, fossé entre pauvres et riches, créatures hybrides et surpopulation. Les différences sont rares dans les grandes lignes des deux films. Si l’histoire, classique mais bien menée, n’est pas le fer de lance d’ Elysium , ce qu’en tire le réalisateur est plutôt de l’ordre à convoquer l’intelligence du spectateur. Certes le discours est convenu mais le parallèle entre la fiction et la critique du monde actuel est réellement présente. Simple mais effrayante de similitudes avec notre époque avec un système de santé inadéquat, injustice prononcée entre riches et pauvres…Activisme facile diront certains, vision manichéiste pour d’autres, passons. La science-fiction s’est toujours plus au moins construite sur ce fond.
Si la mise en scène du réalisateur épate à nouveau, le penchant indépendant, bricolé et presque révolutionnaire sinon subversif de son précédent film ne se retrouve pas ici.
Nous sommes plus dans un schéma classique, une mise en scène plus découpée, le montage au cordeau en atteste et nous sommes souvent à la limite d’une lecture assez difficile des scènes d’actions, cependant loin des brouillons habituels des blockbusters récents. On a cependant connu Neill Blomkamp plus posé dans sa réalisation.
Reste tout de même un univers futuriste alléchant, séduisant et bien pensé avec des décors sur Terre et spatiaux à couper le souffle; le rendu des effets spéciaux s’avère crédible. Les effets spéciaux s’offrent également une pleine réussite dans tout ce qui a trait aux machines, hybrides ou vaisseaux spatiaux par exemple. Les effets visuels, dans cette continuité, fournissent un habillage très réaliste à toutes les scènes d’actions.
Côté composition, Matt Damon n’en finit plus de nous démontrer son talent de comédien, jamais dans le jeu passable ou la surenchère il apporte par son physique et son interprétation l’équilibre parfait que le rôle demande. On reste plus circonspect quant à Sharlto Copley qui malgré tout le machiavélisme qu’il renvoie frôle parfois la caricature. Rien de gênant, une certaine bestialité était nécessaire au rôle mais le comédien n’apporte que peu de nuances à son personnage, nuances qui auraient été bienvenues. Jodie Foster qu’on retrouve trop rarement, ne fait que confirmer ce qu’on sait d’elle depuis le début de sa carrière, elle est parfaite.
Si Neill Blompkamp peine a se renouveler dans son deuxième film, les thèmes abordés étant quasiment les mêmes que dans District 9, le réalisateur s’appuie sur son savoir faire et son désir de dénonciation (peut-être facile mais essentiel) pour rendre une œuvre réellement intéressante. Au-delà des attentes autour du film, le résultat, s’ il n’était pas précédé d’une première œuvre d’une immense qualité, serait probablement moins critiqué. Reste un blockbuster intelligent, assez rare pour le souligner, superbement mise en scène. Si la réalisation est moins fiévreuse, elle s’avère tout de même d’une grande qualité pour un deuxième film. Matt Damon s’articule parfaitement autour de l’œuvre du réalisateur et offre un film très cohérent, intelligent et divertissant. Difficile de faire la fine bouche quand toutes ces conditions sont réunies.