Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves… Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…
Film présenté dans le cadre de la rétrospective Quentin Tarantino du Festival Lumière 2013 de Lyon.
L’avis de Manu Yvernault :
« Assagi », pas vraiment. Quentin Tarantino, ce n’est pas nouveau, est un amoureux du 7ème art, entre cinéphile et « cinéphage » (voire « vidéophage »), touche-à- tout des genres. Le western manquait pour l’instant à sa filmographie.
Si Django dans sa forme s’éloigne de ses premiers films avec un montage plus « sage », le déchaînement de violence propre aux fougues tarantinesques est toujours présent, proche d’une orgie visuelle référent d’un certain western spaghetti. Le sens du dialogue de Quentin Tarantino, entre poésie, one-man-show, rap (pourquoi pas), virtuosité des échanges qui flirtent au plus proche d’un humour noir, est bien sûr la manne principale de Django. Le réalisateur imprègne son film de la musicalité habituelle qui a fait son image de marque. Sur ce point c’est sans doute, du moins durant la première heure, une de ses plus belles réussites.
Christopher Waltz s’avère être le choix idéal pour délivrer cette joute sarcastique de mots quand Leonardo DiCaprio vient lui emboiter le pas dès sa première apparition. Si Django est donc plus classique dans sa réalisation, le trio Waltz-DiCaprio-Foxx campe la composition parfaite pour supporter cette déflagration verbale d’un bout à l’autre du film.
Référencé à chaque séquence, ce Django Unchained est le parfait terrain de jeu d’un Tarantino très en forme au point d’effacer son narcissisme sous-jacent devant une telle réussite de mise en scène. Gourmand et joueur des genres qu’il tend à reconstruire, western, film historique revisité (même ici), Tarantino semble seul sur la planète cinéma à pouvoir s’amuser et délivrer un travail d’une telle ampleur. Si pour certains le réalisateur fait preuve d’une empreinte trop marquée et redondante, nous préférons y voir le charme personnel d’un égocentrique adolescent purement et simplement impliqué dans l’art qui l’anime. La profondeur et la multiplicité de forme de ses dialogues en attestent au plus au point quand la mise en scène vient clouer dans de multiples mouvements de caméra des élans aussi virtuoses qu’originaux. Tarantino ose presque tout.
Bien sûr, comme à chaque fois, la bande son fera partie intégrante de l’ADN du film. Elle prend ici, plus qu’à l’accoutumée une place prépondérante quand chacun des titres soutient par ces paroles les séquences qu’il illustre.
Si Tarantino par cette fierté mal placée peut parfois irriter c’est également et surtout un metteur en scène essentiel par l’originalité et la qualité du cinéma qu’il délivre. Jalonné d’un amour perpétuel et pluriel des genres dans lesquels il s’inscrit à chaque nouvelle réalisation. En ça, ce Django s’avère effectivement narrativement et visuellement déchaîné mais nullement en roue libre. Sans doute une de ses plus intéressante réalisation, boulimique, maîtrisée, gargantuesque, jouissive dont le terrain de jeu parfait, le western, permet à Tarantino de traiter autant un fond, polémique (l’esclavage d’une nation), que de la violence.
On retrouve dans cette fascination cinématographique, un hommage artistique et ce pour le plus grand plaisir du spectateur avide de grands moments de cinéma.
En pleine maîtrise de ses moyens, Quentin Tarantino vient de franchir une étape, plus mature dans son cinéma cocktail. Servi vitaminé et frappé mais hautement maîtrisé.