Il y a trente ans, des extraterrestres entrèrent en contact avec la Terre…
Les humains avaient tout imaginé, sauf ce qui se produisit. Les extraterrestres n’étaient venus ni nous attaquer, ni nous offrir un savoir supérieur. Ces visiteurs d’au-delà des étoiles étaient des réfugiés, les derniers survivants de leur monde. Ils furent temporairement installés dans le District 9, en Afrique du Sud, pendant que les nations du monde se querellaient pour savoir quoi en faire…
Depuis, la gestion de la situation a été transférée à la MNU (Multi-National United), une société privée qui n’a pas grand-chose à faire du sort de ces créatures, mais qui fera d’énormes bénéfices si elle arrive à faire fonctionner leur extraordinaire armement. Jusqu’à présent, toutes les tentatives ont échoué : pour que les armes marchent, il faut de l’ADN extraterrestre.
La tension entre extraterrestres et humains atteint son maximum lorsqu’un agent de terrain du MNU, Wikus van der Merwe (Sharlto Copley), contracte un mystérieux virus qui se met à modifier son ADN. Wikus est à présent l’homme le plus recherché de la planète, celui qui vaut plus qu’une fortune : il est la clé qui permettra de percer le secret de la technologie alien.
Repoussé, isolé, sans aide ni amis, il ne lui reste qu’un seul endroit où se cacher : le District 9…
L’avis de Fabien
Produit pour 30 M de $ (remboursés dès le 1er weed-end d’exploitation aux USA) par Peter Jackson notamment, District 9 est une proposition de cinéma très enthousiasmante que l’on doit au jeune Neill Blomkamp, auteur de nombreuses pubs très remarqués comme d’un excellent court-métrage Alive in Joburg dont ce premier long-métrage est une extension : une histoire d’extraterrestres réfugiés dans un décor réaliste, en l’occurrence l’Afrique du Sud, dans un espace-temps parallèle au nôtre.
District 9 s’ouvre, sur le mode documentaire (caméra portée, multiplication des médias) utilisé dernièrement par des films comme Cloverfield ou REC, comme une parabole sur l’apartheid et par extension une réflexion sur le sort des réfugiés placés dans des centres de rétention avec cette histoire d’ET parqués dans un district d’Afrique du Sud.
Préférant suggérer des pistes de réflexion que d’asséner un discours moralisateur, Blomkamp place rapidement le spectateur au coeur de l’action aux côtés de son personnage principal (étonnant Sharlto Colpey) plongé dans le chaos du District 9 où ET et trafiquants se livrent à toutes de sortes de commerce illicite (du trafic d’armes à celui de boîtes de pâtée pour chats!).
La contamination de notre anti-héros par un virus extraterrestre va décupler la force dramatique du récit : devenant progressivement un alien, un étranger, traqué par ses collègues et congénères, il se réfugie dans ce district dangereux et insalubre où il espère trouver un antidote à son mal.
Le récit prend alors la forme d’une chasse à l’homme haletante et s’inscrit dans le pur film de genre avec ces combats ravageurs entre hommes et ET qui font intervenir une technologie avancée, la mutation progressive d’un humain en alien.
Le thème de l’enfermement est alors judicieusement décliné : dans le district, dans son propre corps, dans l’armature d’un robot, un sentiment anxiogène parcourt tout le film.
Machines, armements, créatures extraterrestres, les effets visuels comme les effets spéciaux physiques que l’on doit à la société Weta Workshop (Le seigneur des anneaux) sont d’une grande qualité, au service d’un récit mené tambour battant par ce jeune cinéaste néo-zélandais qui a su digérer de multiples influences qui vont du jeu vidéo aux parangons du genre SF et fantastique que sont Aliens et La mouche pour réaliser un premier film impressionnant de maîtrise qui assurément fera date.
Avis de Stéphane :
District 9 est un film atypique. En effet il est loin des stéréotypes des films de science fiction habituels. Le réalisateur Neill Blomkamp ne se contente pas que de proposer des effets visuels (de qualité) mais propose d’insuffler un message dans son long métrage. Pour se faire, il modifie la perception d’un des protagonistes qui se retrouve non plus dans le rôle de l’être supérieur mais dans celui du dominé, de l’asservi.
C’est ainsi qu’il donne l’occasion aux spectateurs de se rendre compte qui représente vraiment l’« animal » entre l’homme et les extraterrestres. Mais il renvoie aussi un message face au racisme, des sentiments que l’on peut avoir contre quelqu’un qui nous est étranger. Ce n’est donc pas un hasard si District 9 se déroule en Afrique du Sud reflétant ainsi ce qu’était l’apartheid et bien entendu le district 6 qu’il y avait à une époque pas si lointaine…
Pour en revenir aux extraterrestres et plus général aux aversions que nous pouvons avoir envers autrui, le romancier André Maurois nous donne cette belle réflexion qui correspond à la trame du long métrage :
« Si nous connaissions les autres comme nous-mêmes, leurs actions les plus condamnables nous paraîtraient mériter l’indulgence. »
L’acteur Sharlto Copley (Wikus van der Merwe) tient parfaitement ce rôle en transmettant à travers l’écran les différentes sensations qu’il ressent en jouant cette « bête » apeuré. Il définit bien les différentes étapes de sa transformation tout en « montrant » continuellement sa peur et bien souvent son manque de courage.
Les décors sont à juste titre très bien « pensés » en accordant au bidon ville du district 9 des visuels proches de la réalité (avec un style documentaire) dans lesquels se mélangent à la perfection les effets spéciaux des créatures et des armes dont elles disposent. Les effets savent même se faire oublier lorsque l’on voit des extraterrestres.
District 9 est un très beau film que l’on ne serait que conseillez avec véhémence.
L’avis d’Umungus:
Après 3 court métrages dont un co-réalisé avec Peter Jackson, Neill Blomkamp signe ici son premier long métrage en solo. Et pour un premier essai, c’est une véritable réussite aussi bien sur le fond que sur la forme.
Le film se voulant être un reportage, l’image genre caméscope bouge beaucoup, ce qui rappelle un peu Cloverfield (mais ici ca bouge moins tout de même! 🙂 Nous suivons donc Wikus van der Merwe chargé de « reloger » les aliens dans un nouveau camp. Détail très étrange, il leur demande de signer leur avis l’expulsion! Eh oui, dans le futur il faudra un avis d’expulsion pour virer des aliens qui squattent un bidonville!!!
A cette occasion et par accident, Wikus va être contaminé par une étrange maladie qui va démarrer une lente mutation. Il sera traqué par les hommes dans le but d’en faire un cobaye. Acculé, Wikus sera obligé de se cacher au milieu des extra-terrestres, dans le District 9.
Cette histoire d’aliens est intéressante à plusieurs titres. En premier lieu parce qu’ici ils ne sont pas venus avec des intentions belliqueuses comme c’était très souvent le cas, illustration classique de la peur de l’inconnu. Il s’agit plutôt de naufragés d’une autre planète qui par nécessité doivent cohabiter avec les terriens. Ils ne sont pas surpuissants ou surdoués non plus. Il est intéressant aussi de noter que l’action ne se déroule pas aux Etats-Unis mais en Afrique du Sud, pays au passé au combien compliqué. Ce sont les aliens qui se retrouvent ghettoisés à l’image des noirs dans le passé.
Techniquement, c’est assez bluffant. Le vaisseau et les aliens sont très bien modélisés mais surtout intégrés à la perfection. Ce qui donne des scènes de combats entre les hommes et les aliens d’un réalisme saisissant. La scène de combat entre le robot et les forces de la MNU est particulièrement bien réussie.
Il faudra surveiller de près Neill Blomkamp car avec un premier film de ce calibre, on risque fort de le retrouver aux commandes d’autres grosses productions du box-office.