Celil, le seul fils d’une famille, rentre chez lui après son service militaire. Il a deux sœurs, Delal et Heda. Delal est mariée à Nazif et ils ont une fille, tandis que Heda est une jeune célibataire. Sachant que Celil s’intéresse à la fille des voisins, Delal les invite à un pique-nique. Alors que le nouveau couple flirte dans les champs, les jeunes gens marchent sur une mine et sont tués. Se reprochant la mort de son frère, Delal se suicide…
Sept ans plus tard, les choses ont changé : Heda a du épouser Nazif. A présent elle est non seulement enceinte mais également amoureuse, alors que l’ancien époux de sa sœur décédée a une aventure avec une autre femme, Defne.
Alors que les traditions pèsent lourd sur la vie de Heda, Defne, elle, ne connaît aucune limite dans la vie comme au lit…
Film en Compétition au 16ème FICA de Vesoul
L’avis d’Alex :
A partir d’un récit entortillé mêlant les générations, la réalisatrice turque Selda Çiçek réussit le beau portrait d’une famille hantée par une tragédie : du père ayant perdu deux de ses enfants à la fillette dont on cache l’identité de la véritable mère, on suit le parcours de chacun de ses membres, tous souffrant en silence du poids du passé…
Porté par de belles images et une musique entraînante, Des vies sans valeur (« Incir Çekirdegi », dont la véritable traduction est « la vie ne vaut pas une figue », titre qui trouve son explication dans l’histoire) s’attache à ses personnages dont on suit le destin avec émotion.
A travers celui de Heda par exemple, on découvre une tradition de l’est de la Turquie qui a contraint la jeune femme à épouser le mari de sa sœur disparue…
Selda Çiçek, également scénariste, se penche sur le poids des coutumes et le bouleversement évident qu’elles exercent sur la vie d’individus tiraillés entre passions et obligations. Mais, elle ne le fait pas de façon trop pesante, laissant de la place à l’humour (via une tante au caractère bien trempé qui appelle constamment sa petite nièce « la pisseuse » !) et à l’espoir (symbolisé par la naissance du dernier membre de la famille, même s’il faut que se soit à tout prix un garçon…)
Voici donc un joli film très bien interprété (notamment par la comédienne Derya Durmaz, venue à Vesoul présenter le long-métrage), dont le déroulement nécessite néanmoins toute l’attention du spectateur afin de ne pas se sentir perdu dans les méandres d’une histoire volontairement alambiquée.