Son bus bloqué par la tempête, une modeste compagnie de variétés trouve refuge pour la nuit dans un château isolé dans la montagne. Une sinistre atmosphère de mystère entoure la vieille demeure. Frappé par la ressemblance de Vera, la vedette de la compagnie, avec le portrait de l’une de ses aïeules, le comte de Kernassy accepte finalement l’intrusion de ces étrangers. La nuit, une des jeunes danseuses, Katia, s’aventure dans les couloirs obscurs du château. Le matin, elle est retrouvée morte, vidée de son sang…
Le DVD Des filles pour un vampire est disponible
depuis le 1er juin 2010 chez l’éditeur Artus Films
L’avis d’Alex Vasiljkic :
Réalisé en 1960, Des filles pour un vampire est l’œuvre du prolifique scénariste de « bis » transalpins Piero Regnoli, à qui l’on doit plus d’une centaine de scripts dans des registres aussi variés que le western, le polar, la science-fiction ou bien l’horreur (c’est à lui qu’on doit notamment les inénarrables Patrick vive ancora, Le manoir de la terreur – Burial Ground, ou encore L’avion de l’apocalypse d’Umberto Lenzi…)
« La dernière proie du vampire » (titre original) nous invite à suivre une troupe composée de danseuses de music-hall, de leur manager et de leur pianiste, qui s’engage en pleine nuit vers un château isolé peu recommandable… Le point de départ n’étant pas franchement original et l’action se déroulant presqu’entièrement en huis-clos, Regnoli choisit de pimenter les choses en jouant la carte de l’érotisme : grâce à Vera et à ses consœurs, un véritable défilé de déshabillés vaporeux et de chemises de nuit transparentes s’offre à nous ! Compte tenu de l’époque, le spectacle est plutôt osé et le film annonce clairement les « débordements de chairs » à venir dès la fin des 60’s… Et comme le mentionne Alain Petit dans les bonus du DVD, Maria Giovannini est probablement l’une des premières vampires nues de l’histoire du cinéma (même si les parties intimes sont masquées par les jeux de lumière) ! Une de ces créatures de la nuit qui ont tant inspiré notre Jean Rollin national tout au long de sa filmographie…
Le retour de « Crocs-Blancs »
Autre détail amusant, le serviteur du mystérieux comte de Kernassy se nomme « Zoltan »…
Il n’aura pas échappé aux plus « bisseux » d’entre vous qu’il s’agit également du patronyme d’un toutou célèbre : celui du prince des ténèbres himself dans Zoltan, le chien sanglant de Dracula d’Albert Band (le papa de Charles, patron de la firme Full Moon dont plusieurs titres figurent au catalogue d’Artus Films… la boucle est bouclée : quelle cohérence éditoriale, bravo !)
Mais revenons à nos vampires-ci : si ce métrage ne fait évidemment pas partie des classiques du gothique à l’italienne tels que Le masque du démon (Mario Bava), Danse macabre (Antonio Margheriti) ou Le moulin des supplices (Giorgio Ferroni), les aficionados pourront toutefois y trouver un certain plaisir coupable grâce à une poignée de dialogues parfaitement ubuesques : interrogé sur l’instabilité d’un pont sur le passage, le chauffeur de l’autocar se fend d’un imperturbable « bah, nous allons bien voir » en embrayant de plus belle ( !), et lorsqu’une des filles déclare solennellement qu’« il y a des choses obscures dans ce château », la réplique ne se fait pas attendre : « oui… ta cervelle !!! »
Une lecture « au poil » …
Notez d’ailleurs que la galette d’Artus Films propose uniquement le film doublé en français, assorti de nombreux passages en anglais sous-titré : il s’agit du résultat des coupes imposées à l’époque pour la sortie en salles dans notre beau pays, et qui relèvent autant de la censure que de la plus complète absurdité (on bascule parfois d’une langue à l’autre pour une seule ligne de dialogue…)
En résumé, Des filles pour un vampire n’est certes pas un must du cinéma fantastique italien, mais demeure une œuvre relativement sympathique composée d’une musique grandiloquente à souhait (signée Aldo Piga) et de personnages hautement stéréotypés : le cabotin Alfredo Rizzo gère ici un groupe de filles aux mœurs presque aussi légères que leurs tenues… Les féministes devraient apprécier (hum), et les autres aussi !
Pas de doute, cette nana a du « chien » !
Le DVD :
Le plat principal des bonus réside en un entretien avec ALAIN PETIT, qui revient sur l’histoire du cinéma vampirique italien, des grands « classiques » jusqu’à cet opus de Piero Regnoli, dont il souligne qu’il fût l’assistant de Riccardo Freda sur Les Vampires (film achevé par Bava – NDR), ou metteur en scène du péplum Maciste dans les mines du roi Salomon.
Il nous parle également des acteurs : Walter Brandi, grand séducteur surnommé par les Américains le « Christopher Lee » italien, Lyla Rocco, « Miss Cinema 52 », et Maria Giovannini, vampire en tenue d’Eve dont ce fut le seul titre de gloire…
Walter Brandi & Lyla Rocco (sans ses frères)
En cours de conversation, le défenseur du cinéma de genre digresse avec passion vers les salles « spécialisées » parisiennes, et en particulier le mythique cinéma « Midi Minuit », dont il souligne l’influence sur la production de films fantastiques destinés à son propre circuit en y injectant une certaine dose d’épouvante ou de sexe…
On sent le bonhomme réellement ému et nostalgique, ce qui ne manquera pas -une nouvelle fois- de faire regretter aux jeunes « bissophiles » de n’avoir pas connu la « grande époque » des cinémas de quartiers !
Le spécialiste du « bis » Alain Petit
On trouve également dans les suppléments un court-métrage de Thierry Lopez datant de 2000, SYMPHONIA HORRORIS, qui rend hommage au Nosferatu le vampire de Friedrich W. Murnau (« Nosferatu, eine Symphonie des Grauens », 1922) avec look du vampire chauve aux oreilles pointues, emploi du noir & blanc et du format muet avec intertitres.
FICHE TECHNIQUE :
DVD9 – PAL
Format image : 1.37 original respecté – 4/3
Noir & Blanc
Langue : français (avec passages en anglais sous-titré français)
Bonus :
– « Les vampires dans le cinéma italien » par Alain Petit (38 min)
– Galerie de photos
– Bande annonces catalogue Artus Films
– Court-métrage « Symphonia Horroris » de Thierry Lopez (8 min)
Éditeur : Artus Films