Victor est le bras droit d’Alphonse, un caïd new-yorkais. Quelqu’un s’en prend à leur gang, dont les hommes sont abattus les uns après les autres, et l’assassin multiplie les messages de menace. Espérant s’attirer les faveurs d’Alphonse, Darcy, un ami de Victor, se lance sur les traces du tueur. Lorsque Victor fait la connaissance de Béatrice, une Française qui vit avec sa mère, Valentine, il est tout de suite attiré. Il va vite découvrir qu’elle n’est pas ce qu’elle prétend. Béatrice est une victime qui cherche à se venger – et pour cela, elle a besoin de l’aide de Victor. Mais Béatrice va elle aussi se rendre compte que Victor n’est pas exactement ce qu’il avait dit. Lui aussi a un compte à régler… Ces deux êtres assoiffés de vengeance vont mettre au point un plan qui n’épargnera personne…
L’avis de Manuel Yvernault :
Réalisateur de la série et du film Millenium, première version (suédoise), Niels Arden Oplev s’offre sa première réalisation sur les terres de l’oncle Sam, d’un script de J.H. Wyman, Le Mexicain ainsi que plusieurs épisodes de la série Fringe.
Côté série B, tout commence plutôt bien, sous son aspect de revenge movie aux allures de thriller, Dead Man Down interpelle cependant plus qu’il ne séduit totalement. Dès ses premières minutes il éveille au moins notre curiosité. Des séquences d’expositions jusqu’au développement, tout semblait être présent pour que l’on soit captivé. On débute dans une ambiance de néo-polar assez séduisante où force est de constater que le choix délibéré de ne pas tout exposer, implique le spectateur pour décortiquer l’intrigue à venir.
Cette sensation de perdition, propre à l’histoire et en résonance des personnages principaux, forme un tout intéressant et donne à Dead Man Down une intensité particulière, quitte à perdre le spectateur au début de l’intrigue. Ici on ne se fige pas dans la crédibilité totale du récit, on laisse la possibilité à certaines libertés, libertés que le genre permet de toute façon.
Niels Arden Oplev s’appuie sur un astucieux chassé-croisé de plusieurs personnages dont il disperse au fur et à mesure les attentions cachées. Jusqu’à ce que le film garde cette tension du jeu du chat et de la souris, Dead Man Down soutient les actes forts du film, des séquences qui portent assez bien l’attention du spectateur. Il en est de même lors de séquences d’action (relative jolie réussite de la poursuite dans les bâtiments new-yorkais) d’une chorégraphie soignée et d’un montage tendu.
Le fait que le film oscille entre un traitement européen dans un urbanisme new-yorkais apporte également ce charme particulier, lui insufflant sa propre identité. Jusqu’ici tout va bien. Nous sommes sur les traces d’un thriller de facture correcte, sans la prétention de renouveler le genre, mais qui tente d’imposer son ton et son intensité. Une honnête série B qui aurait presque des allures de film persuasif.
Et puis il y a le casting, pas forcément enchanteur sur le papier mais très convainquant au final. Le duo Farrell-Rapace fonctionne à merveille par la rage que chacun des deux doit contenir, celle d’un passé qu’on découvre au fur et à mesure d’une intrigue cependant convenue sur ce point. Peu importe le fond, la manière est bien présente.
Tout se déroule donc relativement bien jusqu’à la dernière demi-heure où le réalisateur se tire clairement une balle dans le pied. En changeant totalement et délibérément le ton de son film, Niels Arden Poplev s’engouffre vers un final presque guignolesque. La crédibilité du film fait alors place à un détournement inutile qui le desservira. On tombe dès lors dans le pur film d’action, avec des scènes plus ou moins crédibles et en totale désunion avec l’ensemble que le réalisateur avait pris peine à mettre en place.
Si l’ensemble n’est pas totalement gâché, les personnages auront une peine certaine à s’en relever et du même coup détruire toute la psychologie de leur rôle, inscrite jusque-là. D’une série B correcte, s’il n’est pas original s’avérait marquée d’un style qu’on voit rarement, le film se déverse ensuite dans la facilité d’un final presque fauché.
Malgré ses temps faibles, le film manque parfois de sens, Dead Man Down se regarde comme un honnête thriller, touchant dans ses rares envolées dramatiques, stylé à certains moments mais finalement inconstant, surtout par un changement de cap et d’une conclusion totalement détachée de l’ensemble. A voir avec de nombreuses retenues.
L’avis de Fabien
Pour son premier film américain le réalisateur suédois de Millenium, le film (2009), Niels Arden Poplev s’est essayé au revenge movie en y intégrant une étonnante histoire d’amour en deux écorchés vifs interprétés par Colin Farrell et Noomi Rappace.
Encadré par deux fusillades efficaces, le récit de Dead man down déroule une intrigue mystérieuse avec dévoilement progressif du passé et des motivations des deux personnages principaux; l’histoire policière prend la forme d’une double vengeance où les sentiments d’affection voire amoureux entre les deux voisins vont venir gripper la machine bien huilée conçue par Victor.
Si le déroulement de l’intrigue policière manque d’originalité et le mystère entourant le duo Victor/Béatrice se dissipe trop vite, Niels Arden Poplev a su injecter du saugrenu ou de l’inattendu sur la route balisée de cette vengeance pour maintenir l’attention du spectateur jusqu’à une fin inespérée : des moments légers avec le personnage de la mère française de Béatrice interprétée par Isabelle Huppert, une conclusion explosive longtemps planifiée par Victor reportée pour voler au secours de son amie. La mise en scène solide de Niels Arden Poplev associée à la photo soignée de Paul Cameron permettent de passer outre les faiblesses scénaristiques pour apprécier cet efficace revenge movie bien interprété, outre son duo explosif, par Terrence Howard, Dominic Cooper ou bien encore F. Murray Abraham.
Atout principal de Dead man down, le duo inattendu formé par Colin Farrell et Noomi Rapace aux cicatrices intérieures et stigmates d’un passé tragique s’avère assez attachant pour nous intéresser à leur parcours chaotique vers la lumière.
Test blu-ray
Le piqué aiguisé révèle de nombreux détails (décors, visages) à l’image où le beau travail d’étalonnage des couleurs rend le visionnage très plaisant.
Entre les deux furieuses fusillades qui encadrent le récit, l’ensemble sonore est relativement calme, bien équilibré entre belle présence des dialogues et diffusion ample de la musique de Jacob Groth.
Bonus
3 featurettes composent l’interactivité de cette édition hd combo (bd+dvd) Metropolitan.
Le tournage de l’action : les fusillades (6′) présente le travail préparatoire (pré-visualisations, story-boards, essais automobiles) nécessaire au bon déroulement du tournage des séquences d’action.
Technique de revanche : la cinématographie (6′) est axé sur la direction artistique de Dead man down, du choix d’une photographie donnant le primat au vert et à l’orange à la conception des décors comme la maison du méchant, envisagée par le réalisateur Niels Arden Poplev comme un château où le héros doit sauver à la fin sa dulcinée : « A un certain niveau c’est un doux conte de fées et en même temps c’est très réaliste ».
Revanche et rédemption : la réalisation du film (11′) donne la parole aux acteurs au sujet de leurs personnages et leur collaboration avec leur réalisateur.
Enfin sont proposées des bande-annonces des sorties vidéo de l’éditeur.