Robert Bilott est un avocat spécialisé dans la défense des industries chimiques. Interpellé par un paysan, voisin de sa grand-mère, il va découvrir que la campagne idyllique de son enfance est empoisonnée par une usine du puissant groupe chimique DuPont, premier employeur de la région. Afin de faire éclater la vérité sur la pollution mortelle due aux rejets toxiques de l’usine, il va risquer sa carrière, sa famille, et même sa propre vie…
Célébré pour ses mélodrames flamboyants à la Douglas Sirk (Loin du paradis, Carol), le réalisateur Todd Haynes s’essaie au film dossier avec Dark Waters. Basé sur un article de Nathaniel Rich publié dans le New York Times Magazine et le livre de Robert Bilott, Dark Waters relate le combat d’un avocat d’affaires, Robert Bilott, contre un puissant groupe chimique, le géant DuPont qui a empoisonné une région et des dizaines de milliers de gens en rejetant dans une rivière de Virginie des polymères toxiques, déchets indestructibles de la fabrication du Teflon.
Dans la lignée d’Erin Brockovich, The insider et Promised Land, le nouveau film de Todd Haynes est un film de dénonciation, indigné, avec des accents de film paranoïaque comme Les hommes du président et A cause d’un assassinat. Le motif de la contamination est présent jusque dans la photo désaturée, les tons gris et froids, hivernaux des décors naturels de la Virginie-Occidentale, pour accompagner sur deux décennies le combat de cet avocat pour révéler un scandale de santé publique et rendre justice aux victimes. Le scénario classique aligne les scènes d’enquête, de décryptage de dossiers et de photos, de dialogues avec les victimes et de procès, avec des scènes intimes, familiales avec Anne Hathaway en épouse compatissante. La mise en scène discrète, au service des acteurs et de son sujet fort, maintient toujours l’intérêt même dans les situations dialoguées à visée pédagogique et délivre quelques beaux moments de tension dramatique sortis de films de genre comme l’attaque d’une vache contaminée ou la suspicion de voiture piégée.
Porteur du projet filmique, le comédien écolo Mark Ruffalo, tout en sobriété exemplaire, interprète avec conviction cet individu ordinaire confronté à un système oppressant; à ses côtés brillent dans des seconds rôles des acteurs que l’on a plaisir à revoir comme Tim Robbins et Bill Pullman.
Prenant, édifiant, Dark Waters est un très bon thriller judiciaire et politique.