Cloud Atlas
Cloud Atlas

Cloud Atlas

Réalisateur
Andy Wachowski et Lana Wachowski
Acteurs
Ben Whishaw, Doona Bae, Halle Berry, Hugh Grant, Hugo Weaving, Jim Broadbent, Jim Sturgess, Susan Sarandon, et Tom Hanks
Pays
USA
Genre
Drame, Fantastique, Science fiction, et Thriller
Durée
164 min
Titre Original
Notre score
8

Adaptation du roman Cloud Atlas de David Mitchell publié en 2004 : Un voyageur réticent qui traverse le Pacifique en 1850; un musicien déshérité menant une vie précaire en Belgique durant l’entre-deux-guerres; un journaliste aux nobles sentiments qui suit un gouverneur de Californie nommé Reagan; un vaniteux éditeur qui fuit ses créanciers mafieux; un dîner génétiquement servi dans le couloir de la mort; et Zachary, un jeune habitant du Pacifique témoignant du crépuscule de la civilisation et de la science…

Film présenté lors du 20ème festival du film fantastique de Gérardmer

L’avis de Yanick « Wolverine » Ruf:

Tiré d’un roman éponyme de David Mitchell publié en 2004, Cloud Atlas est le nouveau film des frères (et sœur) Wachowski. Alors la question que tout le monde se pose : est-ce un film trop « pompeux » comme certains l’ont déjà affirmé ? La réponse est négative ! Un film complexe, certes mais dont l’enchevêtrement des histoires forme un tout extrêmement jouissif au final. Imaginez des personnes dans sept époques différentes qui ont toutes un point commun. Pour les reconnaître, une marque de naissance en forme d’étoile filante. Chacun (et chacune) va vivre son destin sans se douter qu’il est lié à celui d’autre personnes à des années de là, voire des siècles pour certains. Une œuvre totalement inédite pour une fois. Les Wachowski nous plongent donc dans un univers où les transitions changent directement d’époque.

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Il est clair qu’il faut s’accrocher pour suivre l’histoire car une fois l’année présentée lors de la première apparition de chaque histoire on doit se rappeler pour faire le lien. Un point très intéressant également : les acteurs ! En effet, chacun interprète plusieurs personnages. Doté de maquillages très réussi, le jeu consiste à essayer de reconnaitre qui est qui ! Et pour ceux qui n’auraient pas tout trouvé (et je suis sûr que personne ne peut reconnaître tout le monde !), le générique de fin nous permet de voir chaque acteur dans ses rôles dans un superbe trombinoscope. Un film à revoir plusieurs fois donc pour bien en profiter, même s’il est sommes toutes assez long avec ses 2H45 (qui passent tout de même très vite une fois dans l’histoire !).

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Au niveau du casting, on retrouve Tom Hanks (si, si, cherchez bien, c’est le(s) personnage(s) principal (aux)). A ses côtés, Halle Berry, Hugh Grant, Hugo Weaving, Jim Broadbent ou encore Susan Sarandon, toutes et tous aussi méconnaissables les uns que les autres. Un véritable défi que de les identifier ! Certes on est forcément un peu décontenancé, tant dans la compréhension de l’histoire que dans la reconnaissance des acteurs. Pour finir, on a droit à une bonne dose d’action pour contrecarrer les discussions philosophiques liées au quintette Cloud Atlas autour duquel tournent toutes les histoires.

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Le tout est filmé de manière extrêmement belle avec des décors fabuleux, que ce soit sur les îles cannibales qui semblent tournées en HDR comme dans Néo-Seoul qui nous fait étrangement penser à Blade Runner de Ridley Scott. De nombreuses autres  références cinématographiques tirées des meilleurs films de toute l’histoire du cinéma, voilà un bel hommage en même temps pour cette fresque visuelle. Mais attention toutefois, si on n’adhère pas dès le début, pas la peine d’essayer plus tard. Soit on adore, soit on déteste, mais une fois de plus, c’est un film qui n’a pas de juste milieu.

Une œuvre homérique à découvrir pour se faire son avis. Tout comme pour Matrix, les Warchowski tentent un essai totalement réussi dans l’expérimental !

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L’avis de Manuel Yvernault :

Cloud Atlas, c’est un peu le cadeau qu’on a commandé en ligne après des mois d’attente. On a attendu des semaines avant de l’acheter, on a guetté différents avis, puis on a fini par craquer. Enfin, en le sortant délicatement de son emballage après l’avoir reçu, l’article est relativement fidèle mais en dessous de nos attentes.

Le dernier film des Wachowski (frère et sœur cette fois) et de Tom Tykwer est d’une telle richesse qu’il en devient « trop » pour certains. Trop chargé pour réussir pleinement son coup, sur le fond.

La richesse et la nature même des thèmes abordés est impressionnante, en vrac : l’amour, la tolérance, la philosophie réalité-fiction, la réincarnation, la conscience, l’Histoire et même la politique…liste non exhaustive.

Tant et si bien que le film se crée à minima une place marquée dans le 7ème art. Nous avons rarement été confronté à un tel objet cinématographique, gourmand jusqu’à l’autophagie. Pour les thèmes c’est déjà une donne imposante, ensuite il faut se confronter à six histoires différentes, dans autant de genre cinématographique (polar 70’s, drame, SF, anticipation, voire, le film de guerre…). Ici, le montage d’Alexender Berner, pas forcément un cador dans le genre (10000, Resident Evil, Aliens VS Predator, mais Le Parfum) fait son plus bel effet et rend le film d’une lisibilité incroyable, cadencée dans sa plus juste mesure.

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Cloud Atlas est également multi référencé de tout un pan littéraire et cinématographique (surtout d’anticipation). En somme cela ressemble plus à une œuvre tentaculaire et protéiforme, qu’à un film classique qui voudrait s’inscrire dans deux/trois genres. Par ailleurs, chaque comédien, dans la continuité de forme du film, interprète plusieurs rôles. Le jeu de qui est derrière les prothèses de qui (plus ou moins bien réussi selon les personnages) pourrait être un élément perturbant, il convient dès les premières séquences de se laisser porter par le récit et non par ce procédé inhérent au film et désiré par les metteurs en scène.

On peut d’ailleurs plus ou moins supposer qui des frères Wachowski et de Tom Tykwer a réalisé telles ou telles pièces de ce puzzle philosophique. S’ensuit donc un jeu de pistes auquel le spectateur est invité à participer, avant tout de forme, puis de fond, part la plus importante. C’est un objet hybride, unique, une expérience cinématographique ; les Wachowski derrière tout ça après Matrix, n’est pas un hasard. Aussi, il convient de mettre certaines parenthèses à cette entreprise d’une ampleur gigantesque qui s’écoule devant nos yeux. Avant tout, toutes les intrigues ne sont pas aussi bien réussies les unes que les autres. En outre, certains aspects flirtent légèrement avec les bons sentiments qu’on aurait aimé voir un peu moins sirupeux, rendant le film dans son dernier quart d’heure quelque peu naïf mais touchant dans son intention.

Un jeu de fond et de forme, que les trois réalisateurs manient avec intelligence. L’implication de chacun, sur des thèmes en particulier et personnels (on pense évidemment à Lana-ex-Larry-Wachowski) permet presque de déterminer quel réalisateur s’est plus impliqué dans tel « monde ».

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Sur le plan technique, le film est parfait, visuellement épatant (merci à la photo de John Toll et Frank Griebe), les séquences futuristes (courses-poursuites) dignes des grands moments de Matrix et de SF.

Si Cloud Atlas n’est pas parfait dans sa finition il l’est dans sa proposition. Tel un nuage au sextuple couches, le film a su se dévêtir des brumes qu’un tel projet pouvait présager. Il doit être vécu comme une immersion, une expérience cinématographique, d’une ampleur telle que l’implication de la première à la dernière minute est nécessaire au spectateur pour en découvrir tous les contours et le cœur. A l’arrivée, des palpitations de sensations et d’émotions sont au rendez-vous si on sait mettre de côté les quelques détours faciles et candides de certains passages.

A ce jeu on se doute bien et comprend également qu’un certain pan élitiste et critique se refusera à cette œuvre. Il tient également dans une juste mesure d’en apprécier les qualités et de relever ces quelques défauts car Cloud Atlas n’est pas forcément le film qu’on adule ou déteste.

Tout est sans doute une question d’émotion, d’implication et de lecture face à un tel objet, nécessaire, à défaut d’être aimé dans sa globalité, surtout dans le 7ème art actuel.

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