La mort soudaine de Lara, son épouse, bouleverse la vie heureuse de Pietro, jusque-là comblé par sa famille et son travail. Le jour de la rentrée, Pietro accompagne à l’école sa fille Claudia, 10 ans et décide subitement de l’attendre. Il se réfugie dans sa voiture, garée en face de l’école primaire. Il fait de même le lendemain et les jours suivants. Il attend que la douleur se manifeste et observe le monde. Il découvre petit à petit les facettes cachées des gens qui l’entourent et l’abordent. Ses chefs, ses collègues, ses parents, ses amis, tous cherchent à comprendre « ce drôle de chaos calme » qui l’habite.
Avis LeStein :
Il faut le reconnaître, les italiens savent nous faire pleurer et rire, le tout dans un seul et même film. Il n’y a qu’à regarder les films de Roberto Benigni avec La vie est belle, Ettore Scola avec Concurrence déloyale, Guiseppe Tornatore avec Cinema Paradiso, Michael Radford avec Le facteur et Antonello Grimaldi avec Caos Calmo. Ce film est un pur bonheur de réflexion sur soi, sur la vie, sur les autres, sur le monde (en tant que Terre). Il est égoïste et partageur, il est drôle et triste, il est noir et coloré, il est réel et irréel. Si le synopsis semble nous livrer la part du malheur de ce film, il en cache tout le bonheur et le bienfait qui se trouve juste derrière.
En effet, nous suivons la vie d’homme dont la femme vient de mourir subitement. Il doit faire face à tant choses et rien à la fois. Il se remet en question et ce questionnement passe par des agissements qui peuvent laisser croire qu’il ne gère pas la situation mais ce n’est pas le cas. De manière égoïste, il va rester dans le parc jouxtant l’école de sa fille qui ne semble pas si perturbée par cette disparition tragique.
Dès lors, le ballet se met doucement en place. Tout son entourage gesticule autour de lui par crainte qu’il ne se laisse mourir mais en réalité c’est ce monde gesticulant qui se meure. Lui, il ne bouge pas, il prend le temps de réfléchir sur son existence, ce qu’il veut faire pour lui et sa fille, le reste n’a rien d’important. Et il a bien raison! C’est égoïste mais tellement vrai. Notre réaction à la mort est propre à chacun. Caos Calmo nous montre d’une part que notre réaction face à un moment tragique de notre vie est différente et d’autre part le monde dans lequel nous vivons. Ce monde où querelles et disputes sont quotidiennes, où la curiosité et les rumeurs sont omniprésentes ainsi que les convoitises.
Caos Calmo est un film humain, d’un réalisme magnifique, servi par un casting juste, précis, exceptionnel. Loin de ses films politiques Nanni Moretti campe un homme face à la vie dont les actes vont, peut être pas changer le monde mais l’intriguer et surtout le mettre face à lui même. C’est ainsi qu’il sera la pièce centrale, sans le vouloir, du jeu de la vie des autres. En effet, il intrigue ses amis et collègues, joués par Charles Berling, Silvio Orlando, Alba Rohrwacher, Hippolyte Girardot, Denis Podalydès, en ne s’impliquant plus dans les affaires de la société, c’est elle qui viendra à lui, par la venue du grand patron, joué par Roman Polanski (ce qui va en déranger plus d’un!). Il s’attire les foudres de sa belle sœur, joué par Valeria Golino, actrice qui ne perce pas dans le métier et qui sombre dans la folie pure, les mères qui viennent chercher leurs enfants à l’école posent sur lui un regard de sympathie. Son frère, Alessandro Gassman, l’italien parfait, beau gosse, travaillant dans la mode ne le comprend pas. Nous avons là toute les figure de l’homme moderne cherchant à s’accomplir dans son travail, pensant que c’est ça la vie avec les collègues plus ou moins manipulateurs, ceux qui ont des convictions sociales, les proches qui pensent vous connaître alors que non. Mais il y a surtout les étrangers qui vous apportent tellement parfois!
En restant dans ce parc, il va chambouler les habitudes de ses proches ainsi que celle des habitants du quartier et il va créer des liens d’amitié, de jeu, avec eux et ce sont ces choses là qui vont lui faire passer le cap.
Caos Calmo est un film vivant, parlant de la vie avec ce qu’elle peut nous apporter de bon comme de mauvais et surtout de ce que nous en faisons. Antonello Grimaldi réussi à nous émouvoir sans jamais vraiment tomber dans la tristesse et tout en laissant planer une joie. Un film purement italien tellement réel et imaginaire à la fois!
