En 1999, un employé d’une carrière minière est assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie. L’inspecteur Zhang mène l’enquête, mais doit rapidement abandonner après avoir été blessé lors de l’interpellation des principaux suspects.
Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres sont commis dans la région, tous deux liés à l’épouse de la première victime. Devenu agent de sécurité, Zhang décide de reprendre du service. Son enquête l’amène à se rapprocher dangereusement de la mystérieuse jeune femme.
La Chine est en pleine mutation, sociale mais aussi culturelle. Son cinéma s’en ressent clairement. Si d’une manière générale le 7ème art peut-être vu comme latent, il est avant tout contemplatif (dans le bon sens du terme), social et classique.
On peut admettre facilement qu’une lecture directe des principaux films dramatiques chinois peut dérouter. Mais ce serait passer à côté d’un cinéma qui aime prendre le temps nécessaire de filmer les hommes, avec un regard juste et touchant sur la société qu’il tente d’observer.
C’est sur ce point que Black Coal surprend, sous un aspect global (plus vendeur ?) de thriller, le film est avant tout un drame social, qui nous semble être un parfait reflet d’une lecture précise de ce qui se passe dans la Chine moderne, en pleine conversion.
Le film semble être la parfaite représentation de ce mouvement nouveau en Chine, ce pays en plein changement, éclectique et pluriel. Si la beauté esthétique de Black Coal transpire à chaque plan, il convient tout de même de relever que tout tend à être d’une noirceur profonde, d’une lenteur belle et trop lente dans un même mouvement. S’il est d’une esthétique plaisante, cette formalité ne suffit cependant pas à donner au film la grandeur de A Touch of Sin sorti récemment et auquel on ne peut que le confronter.
Les nombreuses bonnes idées de réalisation, délicatesse des cadres, beauté de la lumière, jeu de mise en scène, sont mises à mal par un rythme saccadé et trop kaléidoscopique pour que le spectateur puisse prendre le train en marche.
C’est lent, très lent, sur ce point certains films le sont encore plus mais ici, le côté «puzzle » du film dérange assez fortement. On peut être hypnotisé par une scène (autant une séquence violente, que poétique) et aussitôt désarçonné le plan suivant par la sécheresse d’une coupe, pour enchaîner sur une action quelconque.
Mais comme rien n’est filmé par hasard, l’interrogation suscitée par les choix radicaux de Yi’nan Diao interrogent avant qu’ils ne touchent. Pas sûr que ce soit le meilleur moyen de s’immiscer intégralement dans un film.
Après une belle réputation acquise au festival de Berlin, Black Coal laisse donc de marbre, au mieux, interroge sur ces choix formels, et ce malgré une beauté éparse, de certains instants perdus, entre plusieurs longueurs.
On ne pourra cependant pas reprocher à son réalisateur des choix radicaux, un regard juste, qui se tordent entre instants de pures violences et éclipses poétiques. Bien mais presque atone.