Au coeur de « Biutiful » il y a Uxbal, un homme solitaire qui jongle entre la difficulté d’un quotidien en marge de la société et sa détermination à protéger ses enfants, qui devront aprrendre à voler de leurs propres ailes.
L’avis de Fabien
Faisant suite à une collaboration fructueuse avec Guillermo Arriaga (Amours chiennes, 21 grammes, Babel), Biutiful a été tourné dans la langue de son metteur en scène en Espagne autour d’un personnage en souffrance.
Avec son scénariste Armando Bo, Innaritu a opté pour une histoire linéaire centrée sur une famille bancale alors que les précédentes narrations étaient déstructurées et chorales. C’est comme toujours un film débordant d’humanité, plein d’empathie pour des personnages cabossés par la vie, tentant de survivre à une condition précaire ou à la maladie.
S’il charge copieusement (trop ?) la barque dramatique du personnage incarné par Bardem, Inarritu parvient à éviter l’écueuil du pathos et de la sensiblerie par une mise en scène naturaliste focalisée sur le jeu tout en retenue de Bardem qui trouve là son meilleur rôle.
Moins spectaculaire que Babel déployé sur plusieurs continents, moins intense que 21 grammes, Biutiful reste, malgré quelques afféteries visuelles décevantes concernant la représentation des disparus, un drame intimiste digne et fort.
(chronique cannoise; mise à jour : Javier Bardem a remporté un très mérité Prix d’interprétation masculine au 63ème festival de Cannes)