Une série de meurtres d’une rare violence bouleverse la vie de trois hommes : le père de la dernière victime qui rêve de vengeance ; un policier en quête de justice qui n’hésitera pas à outrepasser la loi ; et le principal suspect – un professeur de théologie arrêté et remis en liberté suite aux excès de la police. Forcément, ça ne peut pas donner une enquête classique…
Avis de Fabien
Vendu avec son légendaire enthousiasme par Quentin Tarantino comme le « meilleur film de l’année », Big Bad Wolves, avec son mélange de violence physique/psychologique et d’humour noir, est très loin d’être le chef d’oeuvre de 2014 mais devrait contenter les amateurs de thriller cruel et horrifique.
Second long après le thriller Rabies (2010) réalisé par un duo composé par un ancien élève et son prof de ciné, Aharon Keshales et Navot Papushado, Big Bad Wolves détonne dans le paysage ciné israélien, essentiellement composé de comédie de moeurs et de drames politiques : avec cette histoire de vendetta personnelle où deux hommes séquestrent un présumé tueur d’enfants pour lui faire avouer ses crimes, les réalisateurs alignent les séquences éprouvantes de torture porn à la Hostel en injectant à dose régulière de l’humour acide et absurde. Le parti-pris de contrebalancer la noirceur de l’intrigue, la violence des protagonistes par un humour décalé a pour effet de désamorcer la tension dramatique et mettre à distance le spectateur de cet exercice de style, d’autant plus que l’écriture des personnages est légère et l’interprétation sans charisme donc loin des modèles Tarantino, Park Chan-Wook et Coen brothers cités par les réalisateurs comme sources d’influence.
Big Bad Wolves se veut être un conte noir et sadique (l’enfance sacrifiée à cause de la folie meurtrière des adultes) mais cette valse continue entre ultra-violence (utilisation redoutable d’un chalumeau) et ton farfelu (apparition surréaliste d’un arabe à cheval comme adjuvant) se révèle peu convaincante et lassante; cette curiosité venue d’Israël est à réserver à un public amateur des films de genre barré.
Technique
D’un point de vue technique pas de réserves avec des images numériques précises et une vo en DTS HD bien équilibrée avec des ambiances sonores détaillées, des dialogues clairs et une bo inspirée par Bernard Herrmann.
Bonus
Les deux modules de cette édition Metropolitan, making of (17′) et interview (18′ ), nous éclairent sur les intention du complice duo de réalisateurs, biberonnés au cinéma américain des années 80’s (Spielberg, Zemeckis, De Palma) et fans de Tarantino, des Coen et Jean-Pierre Melville : « faire un film israélien qui s’inscrirait dans les règles d’un film américain, coréen, européen ». Pour ce thriller mâtiné d’absurde ils ont « étudié les films d’horreur américains, comme ceux d’Eli Roth par exemple puis nous avons essayé de trouver une nouvelle approche. Tout en s’amusant et en montrant des choses que l’on ne voit pas dans les films américains ». Le réalisateur Navot Papushado résume ainsi son Big Bad Wolves : « le Clint Eastwood de Dirty Harry se retrouve dans un film de vengeance coréen écrit par les frères Grimm ».