Alors que les fans de la licence ont encore en mémoire les déboires de Battlefield 4 à sa sortie, voilà que EA nous prend par surprise en sortant un spin-off à son rival de Call of Duty. Alors, Battlefield Hardline, banal épisode pour meubler entre deux Battlefield officiels, ou véritable bonne surprise ?
Soyons clairs d’emblée : oui, Battlefield Hardline est une vraie bonne surprise ! Développé par Visceral Games au lieu de DICE, ce spin-off abandonne l’univers de la guerre et des champs de bataille pour nous plonger dans un univers de flics, de gangsters et de braquages. Il est d’ailleurs ironique que le titre sorte en mars, soit quasiment en même temps que l’excellent DLC Braquages pour GTA Online. Toutefois, la principale crainte que l’on pouvait avoir concernant Battlefield Hardline, c’était de justement trop s’écarter de Battlefield pour au final ne profiter que de son nom et pas de ses acquis, notamment en termes de multi. Rassurons tout de suite les fans : le multijoueurs reste fidèle à la saga avec ses cartes pouvant accueillir 64 joueurs, même si l’on se doit de noter quelques ajustements. En premier lieu, la taille des cartes a été revue à la baisse, ce qui est finalement une très bonne chose qui permet à l’opus de se démarquer de ses ainés. En effet, grâce à cela, les affrontements gagnent en nervosité tandis que les déplacements gagnent en facilité (terminé la quête sans fin d’un véhicule pour rejoindre l’autre bout de la carte). Le point négatif, c’est que l’aspect tactique à grande échelle des Battlefield principaux en prend un coup, donnant à cet opus des airs de Counter-Strike. Ce qui n’est finalement pas désagréable, à moins de faire partie des joueurs qui aiment qu’on leur serve la même soupe à chaque épisode (qui a dit Call of Duty ?). En prime, l’univers des flics et des gangsters permet à Battlefield Hardline de nous offrir de nouveaux modes de jeux assez variés, allant de l’inévitable Conquête classique à des Captures du Drapeau (où les drapeaux sont remplacés par des voitures à piloter sur la carte) en passant évidemment par des modes dédiés aux Braquages. On émettra juste une remarque sur cette dernière catégorie, notamment le mode Heist : indéniablement réussi, ses parties peuvent rapidement ressembler à un sacré bordel si la communication n’est pas de mise entre les joueurs. Un peu comme un DLC Baquages, puissance 10 (ceux qui ont déjà fait les braquages de GTA Online avec des joueurs faisant les sourds savent de quoi nous parlons). A noter pour les aficionados des véhicules aériens que, univers policier oblige, seul quelques hélicoptères seront disponibles dans cette catégorie. Dommage pour les fans d’avions de chasse !
Toutefois, la véritable surprise de Battlefield Hardline vient de son mode solo. Alors que les campagnes solo sont généralement le point faible des Battlefield, Visceral réussit à nous offrir une campagne vraiment sympathique à suivre. A cela, plusieurs raisons. Tout d’abord, pour la première fois depuis l’excellent Bad Company 2 (un autre spin-off, tiens donc), nous avons ENFIN droit à des personnages un minimum travaillés et attachants. Certes, les stéréotypes répondent présent, mais cela est loin d’être gênant et nous mène d’ailleurs à la seconde raison : le scénario et la mise en scène. Contant les déboires d’un flic novice confronté à une police pourrie jusqu’à la moelle, le scénario prend des airs de mini-série télé policière. Les rappels « précédemment dans Hardline » directement inspiré des séries télé, et la présence de Kelly Hu (le Flic de Shanghai) et Benito Martinez (Aceveda dans The Shield) y jouent pour beaucoup. D’ailleurs, à bien y réfléchir, l’ambiance de Hardline peut se situer à mi-chemin entre ces deux show : l’ambition de The Shield, la légèreté et le fun du Flic de Shanghai. Le reste dépendra de votre sensibilité à ces deux influences et à l’humour facile. Côté expérience de jeu, sans être une réussite totale, le résultat offre tout de même une jolie variété de décors, de situations et de gameplay pour que l’on n’ait pas la sensation de faire constamment la même chose, alternant fusillades, infiltration, poursuites et séquences bonus diverses (mention à la séquence de l’aérodrome). En prime, le level design n’hésite pas à mettre l’accent sur l’infiltration, si bien qu’il est tout à fait possible de traverser la plupart des niveaux sans tirer un seul coup de feu. Saluons d’ailleurs la présence de plusieurs nouveautés facilitant cette tâche, notamment un scanner permettant de tagger les ennemis sur la map (et de récupérer bon nombre d’informations diverses), et surtout la possibilité de procéder à une arrestation en dégainant votre insigne (déroutant au début, mais finalement très sympathique à utiliser). Bien sûr, tout n’est pas rose et l’on se retrouvera régulièrement à pester sur une IA bancale, notamment vos alliés qui auront la fâcheuse manie de vous barrer le chemin au milieu d’une fusillade. Sans compter quelques bugs assez étranges, comme cette voiture qui a décidé qu’elle n’avancerait correctement qu’en marche arrière !
Côté graphique, on reste dans la lignée de Battlefield 4, à quelques nuances près : si les environnements sont très agréables à l’œil, notamment ceux faisant intervenir la météo, on est tout de même loin d’une claque graphique comme les Battlefield nous y ont habitué par le passé. La dure loi du recyclage. Cela n’empêche pas la modélisation et l’expression des personnages d’être de bonne facture (un minimum vu le casting !). En revanche, le lancement catastrophique de BF4 a servi de leçon, si bien que Hardline est beaucoup plus stable que son ainé, même si tout est loin d’être parfait à l’heure où nous écrivons ces lignes (notamment la recherche de serveurs dans le Battlelog). Côté sonore, les bruitages et l’ambiance sont très bien retranscris, de même que le doublage français qui, en s’offrant des voix connues telles Patrick Bethune (Jack Bauer), nous plonge immédiatement dans l’ambiance.
Au final, si Battlefield Hardline ne remettra pas en cause la suprématie de Bad Company 2 dans la catégorie du meilleur spin-off de la saga, il réussit à surprendre tant l’on en attendait pas autant de plaisir. Entre son multijoueurs aux faux airs de Counter-Strike, son ambiance flics/voyous et son solo méritant enfin le détour (une première depuis longtemps dans la saga), le titre de Visceral Games s’impose comme une vraie petite réussite. Pas un indispensable certes, mais une réussite tout de même.