A 45 ans, Arnaud voudrait réaliser – enfin – son deuxième film.
Il voudrait aussi avoir un enfant avec Chloé, la femme de sa vie. Mais tout semble bloqué.
Alors, il se sépare de Chloé et reprend son travail de professeur au cours Florent. Là, il rencontre Gabrielle…
Avis de Manu :
Déjà en 2004, Arnaud Viard évoquait l’amour et le couple à travers « Clara et moi », film sensible, délicat, apposé du regard miroir de ce que peut-être la vie, une histoire, tout simplement. Film léger mais précis, tant dans la justesse de ses dialogues, que dans la composition de ses comédiens. Le tout, orné d’une mise en scène libre et poétique.
Et enfin, le retour à la mise en scène, 10 ans après, par un scénario (et titre) audacieux. Presque évident une fois dans la salle (même si facile à dire après coup). Parfois, les rendez-vous qui se font attendre ratent leurs effets par la perspective suscitée, ce qui n’est heureusement pas le cas d’ « Arnaud fait son 2ème film » avec pour arme principale, la générosité avec laquelle le réalisateur met en scène son script.
Sur la rive des scénarios un peu casse-gueule, entre le nombrilisme naissant du « vision du comédien par le comédien » et la berge du « moi auteur, réalisateur, acteur », Arnaud Viard évite tous les pièges afférents à de tels sujets, et surpasse même les attentes. Celles, d’un cinéma français qui ne sait plus faire rire ou émouvoir autrement que par des formules toutes faites, souvent chères, de comédies « bling-ring » formatées, mal écrites, pardon, pas dialoguées, avec acteurs « bankables » au rendez-vous pour le plus grand ennui du spectateur. Si il est ici question d’amour, c’est aussi celle d’un cinéaste qui dans sa générosité, sa simplicité et, apparemment, modestie, du moins ressentie, que la formule opère de manière transversale entre écran et spectateur.
Arnaud Viard se permet beaucoup de choses, dans la forme de son récit comme dans sa mise en « image », et cela fonctionne la plupart du temps. Hormis quelques séquences un peu en dessous de l’ensemble, on évoque ici certains passages au cours Florent, tantôt géniaux (certains exercices, certains dialogues – « Tu connais Truffaut ? » – « Non ! »), tantôt maladroits, l’ensemble est d’une liberté et d’une poésie constamment touchante, innocente. On sent clairement l’envie de reprendre certains passages de son premier long métrage, le passage comédie musicale, certaines « bifurcations sentimentales »…mais Arnaud Viard compose toujours avec une grammaire cinématographique simple mais touchante.
Les comédiens, lui inclus, sont tous géniaux, on pense entre autres à Irène Jacob, Louise Coldefy, l’excellent Chris Esquerre et le trop rare Gilles Gaston Dreyfus. Là où l’habileté d’Arnaud Viard transperce le plus l’écran dans sa justesse, c’est dans la forme méta du film, là où se croise réalité et fiction, en faire une real fiction, chaleureuse, rythmée, culottée et qui malgré ses quelques errances de rythmes, s’avère un joli cadeau au cinéma français qui ne sait plus se renouveler que dans des clichés ou stéréotypes de genres préformatés.
Loin du film d’auteur qui se tire la peau, excusez, à des années lumières d’une comédie préfabriquée aux rires commandés, « Arnaud fait son 2ème film » est de la même trempe que son prédécesseur avec une pluralité de sujets évoqués (mort, envie, libido, le couple, partir/revenir…). Forcément (hélas), un large public passera à côté. Sous son air de film « petit budget », « Arnaud fait sont 2ème film » développe le charme, la générosité et la sincérité nécessaires qui amènent ce que certains appellent des « petits films », à des moments intenses et touchants du cinéma. Vivement le 3ème.