Star, 17 ans, croise le chemin de Jake et sa bande. Sillonant le midwest à bord d’un van, ils vivent de vente en porte à porte. En rupture totale avec sa famille, elle s’embarque dans l’aventure. Ce roadtrip, ponctué de rencontres, fêtes et arnaques lui apporte ce qu’elle cherche depuis toujours: la liberté ! Jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de Jake, aussi charismatique que dangereux….
Avis de Manu
Proche d’un cinéma que ne pourrait renier Jane Campion, Andrea Arnold met en scène son 4ème long métrage après le remarqué Red Road et le remarquable Fish Tank. Son adaptation de Les Hauts de Hurlevent ne laissait pas indifférent quant à la radicalité de son point de vue et la teneur quasi sensorielle de sa mise en scène.
C’est donc avec les mêmes attentes qu’il convient d’aborder American Honey, road-movie punk, exact reflet d’une génération perdue dans une Amérique white trash où les enfants de la classe populaire sont livrés à eux-mêmes. Etonnante épopée d’un peu moins de 3 heures qu’il faut pourtant savoir digérer et avant tout apprécier quand on sait à quoi s’attendre. Accompagné tout du long et par intermittence d’une bande originale principalement hip-hop (qui cadence et apporte une touche importante au film), American Honey semble être avant tout un exercice de style, une proposition maline et figurative pleine d’émotions.
Les séquences (de par le synopsis même du film) semblent se répéter, afin de suivre cette bande à bord d’un van au travers du Midwest américain, tous se projettent vers une fausse liberté, marquée par les arnaques, les fêtes et une vie marginale d’enfants délaissés. Surgit alors à travers ces personnages une réelle émotion, une véritable sincérité pour au final toucher du doigt un romantisme presque cynique, mais on ne peut plus ancré dans la réalité d’un certain pan de la jeunesse américaine dans son quotidien. American Honey semble également être la peinture d’un système américain où les naïfs abusent d’autres naïfs, où à plus petite échelle le film offre un regard réaliste sur le contexte social d’une Amérique totalement perdue et qu’on voudrait dissimuler. Andrea Arnold, elle, sans prétention, offre une proposition presque romanesque et d’une beauté envoûtante, la photo réaliste de Robbie Ryan conjuguée à la justesse des cadres de la réalisatrice n’étant pas étrangère à ce ressenti.
Côté casting c’est une totale réussite, Sasha Lane pour son premier rôle à l’écran nous captive à chaque instant et n’en déplaise à certains, la folie et la qualité de jeu de Shia LaBeouf prouvent qu’il est clairement le comédien le plus doué de sa génération, incongruité du personnage inclus.
American Honey pourra sembler long, c’est vrai, mais c’est avant tout une peinture captivante d’une jeunesse et d’une Amérique laissées sur le bord de la route, film mené à bien par la radicalité de sa mise en scène, qui au final, s’avère être d’un romantisme underground trop rarement filmé comme tel.