Mère divorcée, Eva se passionne pour son métier de masseuse. Très attachée à sa fille, elle redoute le jour – désormais imminent – où celle-ci va quitter la maison pour aller à l’université. A l’occasion d’une soirée, elle rencontre Albert, un homme doux, drôle et attachant qui partage les mêmes appréhensions qu’elle. Tandis qu’ils s’éprennent l’un de l’autre, Eva devient l’amie et confidente de Marianne, une nouvelle cliente, ravissante poète qui semblerait parfaite si seulement elle n’avait pas un énorme défaut : dénigrer sans cesse son ex-mari. Soudain Eva en vient à douter de sa propre relation avec Albert qu’elle fréquente depuis peu.
L’avis de Manu Yvernault :
Nicole Holofcener est surtout connue pour ses participations en tant que réalisatrice à de nombreuses séries télévisées (Sex in the city, Six feet under, Parks and recreation, Enlightened). Son parcours cinématographique, très « indé », est quant à lui encore à la recherche d’un réel succès même si Please Give (avec Catherine Keener, une habituée de la réalisatrice) relevait d’une certaine finesse.
L’échelon supérieur est largement gravi avec All about Albert.
Tout en subtilité et en facéties finement amenées, la réalisatrice maîtrise parfaitement son récit. Elle ne l’étend pas dans d’interminables longueurs ou scènes inutiles. Mais le point fort de son scénario est sans nul doute le ton employé. Loin des chemins empruntés par les comédies romantiques classiques, et surtout récentes, All about Albert, par sa simplicité narrative, prend le dessus par un traitement fin et très crédible de ses personnages. A ce titre les rapports mère-fille semblent refléter une vérité et une justesse rarement traitées ainsi au cinéma, loin des clichés du genre. Les liens sentimentaux reflètent au mieux une relation naissante de quarantenaires, ou du moins, ce qu’on peut en imaginer. Ainsi l’essentiel de cette romance, les nœuds sentimentaux qui la composent et les réactions des personnages sont pourvus d’une qualité telle que tout devient très vite attachant.
Le mérite en revient à un scénario qui met en avant l’alchimie étonnante de l’ensemble de son casting et de ses acteurs principaux qu’on savait doués mais qui ici trouvent la pleine mesure afin d’étaler leur talentueuse palette de jeu. Julia Louis-Dreyfus, bien qu’habituée au genre, déploie un charme inouï qui séduit le spectateur autant qu’un James Gandolfini, d’un charme et d’un attachement profonds. Son côté ours séduit forcément malgré les mauvais côté du personnage et le comédien s’emploie à rendre Albert terriblement humain, tendre et sincère.
All about Albert est un regard décalé sur la vie après une séparation, où la réalisatrice décide de faire évoluer ses personnages où mensonge, charme, égoïsme, fragilité et naturel viennent s’entrechoquer pour un résultat éminemment séduisant et plein d’esprit. Il n’est pas ici question de changer la donne dans le genre mais de réaliser un film qui respire la vie et la simplicité. Nicole Holofcener réussit donc sur tous les plans, la mise en scène est simple, aidée par Robert Frazen, monteur qui va souvent au plus efficace, et met en avant deux comédiens qu’on ne voyait pas assez souvent, Julia Louis-Dreyfus, ou peu dans ce genre de rôle, James Gandolfini.
All about Albert n’est pas une révélation mais une réalisatrice talentueuse vient enfin se mettre sur l’avant-scène du cinéma indépendant. Aidé par ses deux comédiens impeccables, elle apporte un nouveau regard à la comédie romantique avec justesse et regard décalé sur le couple. Réjouissant.
Etrangement on ressent tout de même une petite boule au ventre quant à la disparition l’année dernière du grand James Gandolfini, ici dans son avant-dernier film. Ironie de la vie qui nous montre à quel point cet immense et généreux comédien va terriblement manquer au septième art. Difficile de ne pas fondre devant le charisme et la gentillesse qui transparaissent au-delà de l’écran. Avant The Drop (son dernier film) on pourra alors garder en mémoire son incroyable bonhomie qui transparaissait à chaque plan du film. Il nous manquera.