Sorti il y a une semaine, c’est peu dire qu’Alien Isolation avait beaucoup d’espoirs placés en lui tant la licence Alien a été maltraitée dans les jeux vidéo depuis de nombreuses années. Heureusement, le studio The Creative Assembly a montré tout au long du développement un véritable respect pour la saga initiée par Ridley Scott, respect qui se confirme une fois la manette en main ! Accrochez-vous : dans l’espace, personne ne vous entend crier !
Synopsis: 14 ans après les événements du film Alien, Amanda, la fille de Ripley apprend que la boîte noire du vaisseau de sa mère, le Nostromo, a été repérée sur la station commerciale Sevastopol. Elle décide donc de se rendre sur place et, bien évidemment, rien ne se passera comme prévu.
Dès le lancement du jeu, on ressent combien l’ambiance de cet Alien Isolation a été soignée. Sincèrement, pour quiconque a grandi en usant sa VHS du premier Alien, les seuls crédits d’ouverture qui enchainent les logos de la Fox et de SEGA avec une image désaturée et les artefacts typiques de nos vieilles cassettes suffisent à nous mettre dans l’ambiance ! Et cela se poursuit dès les premières minutes du jeu avec le dialogue ô combien culte de Sigourney Weaver à la fin du film de Ridley Scott (il concluait également Alien 3). Toutefois, on émettra tout de suite un regret: ses apparitions étant sans doute jugées trop rares, la VF du jeu n’a pas bénéficié de la voix française de Sigourney Weaver ! Inutile donc de dire que la claque est grande (dans le mauvais sens du terme) lorsqu’on entend ce dialogue si familier prononcé par une voix si peu familière !
Mais il s’agira bien du seul reproche que les fans pourront faire au jeu tant l’ensemble de ce FPS dégage un respect de tous les instants envers les films. Décors, personnages, accessoires, son, image (ce grain de pellicule à l’image, juste génial !)… Absolument tout ou presque nous renvoie directement à cet univers que nous connaissons bien, les développeurs n’hésitant pas à placer une référence dès que l’occasion se présente et souvent avec une certaine malice. Par exemple, la navette où vous débuterez votre aventure sera la réplique quasi-parfaite du Nostromo, un vrai bonheur à arpenter jusque dans les moindres détails ! Et que dire de la musique qui, avec ses notes particulièrement angoissantes, vous fera régulièrement frémir à chaque coin de couloir, bien secondée par une mise en scène de haute volée qui, entre cinématiques et gameplay, ne vous laissera pas un instant de répit. Et cette première apparition de l’Alien : aussi grisante que flippante (un conseil : jouez seul dans le noir, sensations garanties !). On en dira pas plus pour ne pas spoiler, mais sérieusement, niveau immersion, ça en jette un max !
Côté gameplay, on saluera là-aussi le respect de l’équipe du jeu qui a misé à fond sur la cohérence vis-à-vis des films. Ainsi, outre l’aspect bourrin clairement mis au rencart au profit de la discrétion, vous ne trouverez pas dans Alien Isolation un seul outil ou arme que l’on ait déjà vu ou que l’on aurait pu voir dans les films. Un choix particulièrement osé, mais qui transforme l’expérience Alien Isolation en un véritable Ellen Ripley Simulator ! Vous vous rappelez cette séquence d’Aliens où Ripley est pendue à son radar ? La même chose vous attend ! Vous avez besoin d’améliorer vos armes ? Préparez-vous à manier des cousins pas si éloignés du mémorable combiné fusil/lance-flammes fabriqué à grand renforts de chatterton ! Un soin admirable pour une immersion à toute épreuve ! En prime, avec la plupart des autres personnages qui vous appelleront Ripley, (pour rappel, vous interprétez la fille du personnage de Sigourney Weaver), vous vous surprendrez plusieurs fois à avoir le sentiment d’interpréter Ellen Ripley dans une histoire parallèle. Un vrai bonheur ! Le jeu faisant la part belle à la discrétion, à l’infiltration et aux cachettes, vous aurez réellement l’occasion de revivre les scènes du film, d’autant que les munitions sont rares et feront de la manière forte une solution de dernier recours (mais n’espérez pas en user contre l’Alien !).
Ce bonheur est malheureusement terni par certains éléments qui, heureusement, n’entame que très peu la qualité du jeu. A commencer par le système de déplacement qui vous autorisera tout, excepté le saut ! Vous voulez enjamber une caisse de 50cm de haut ? Pas de bol, Ripley est aussi clouée au sol que si elle se déplaçait en fauteuil roulant. Un choix vraiment étonnant, même si on l’attribuera ici aussi à la cohérence de l’univers (Ripley n’étant pas Nathan Drake). De même, il sera parfois agaçant de devoir pointer avec une précision quasi-chirurgicale les objets à ramasser, sans compter que lesdits objets auront tendance à se fondre un peu trop dans l’environnement, au point que vous passerez régulièrement à côté de certains d’entre eux. Une remarque qui s’applique également aux possibilités d’interaction dans le jeu, pas assez mises en évidence à notre goût. Mais une fois qu’on s’y habitue, cela donnera finalement au jeu un côté old-school plutôt agréable qui rappelera des fleurons du genre comme Half-Life. Idem concernant les sauvegardes : oubliez les checkpoints automatiques, on fonctionne à l’ancienne avec des bornes de sauvegarde à utiliser pour enregistrer votre progression. Enfin, un petit mot sur l’IA, régulièrement à la ramasse (cachez-vous alors que vous êtes repéré, vous devenez invisible. Mais planquez-vous bien avant l’arrivée de votre adversaire et ce dernier, tel un médium, saura exactement où vous êtes). Mais il s’agit là de menus défauts qui ne méritent en rien de passer à côté de l’expérience Alien Isolation.
Car oui, Alien Isolation est bel et bien une expérience ! Une expérience autant vidéoludique que cinématographique, véritablement à la lisière des deux arts. Nul doute que les développeurs ont su analyser, ingurgiter et digérer leurs références à Alien afin de n’en garder que l’essence et de l’intégrer au sein d’un jeu qui donne enfin à la saga l’écrin vidéoludique qu’elle méritait depuis longtemps !