En retournant dans sa ville natale, au Texas, Michael Chambers renoue avec son passe. Cependant sa mere a recommence sa vie et son frere est anime de vieilles jalousies. Quant a Rachel, sa femme, elle vit maintenant avec Tommy, qui s’occupe d’elle comme il ne l’a jamais fait. Mais Rachel connait le prix de cette protection. Quand Michel tentera de la soustraitre au controle de Tommy, ils seront tous les trois pris au piege d’une toile tissee de mensonge, de desir, de danger, dont aucun ne sortira indemne.
L’avis de Fabien
Cette seconde adaptation du roman Criss Cross de Don Tracy (1935), après Pour toi, j’ai tué (1948) de Robert Siodmak avec Burt Lancaster, a été confiée en 1995 par Universal au réalisateur de Sexe, mensonges et vidéos, Steven Soderbergh.
Soderbergh livre un film noir stylisé où il s’amuse avec les filtres colorés associés à différentes temporalités (des couleurs chaudes du passé, des teintes froides pour le présent), les cadrages avec des cadres dans le cadre, des décadrages et la caméra subjective pour épouser le point de vue de Michael, son personnage principal (Peter Gallagher), paumé dans un présent où ses repères (affectifs, professionnels) ont changé. Il va tenter de revivre son passé, son obsession pour une femme (son ex-Rachel s’est remarié à un escroc) risque de le mener à sa perte. Après une mise en place lente, à coup de flash-back détaillant l’histoire d’amour contrariée entre Michael et Rachel et de scènes où Michael tente de se remettre en phase avec le quotidien, Soderbergh joue avec une certaine efficacité la carte du film noir avec ses archétypes, loser, bad guy, femme fatale, ses codes avec le braquage, le partage qui tourne mal, les manipulations finales.
L’exercice de style s’avère sympathique à défaut d’être mémorable : si l’atmosphère poisseuse évoquant Red Rock West et Last Seduction de John Dahl et la mise en scène épatent, certains personnages secondaires (le frère flic mystérieux, la jeune caissière interprétée par Elizabeth Shue) sont traités avec désinvolture et l’acteur principal manque de charisme (on est loin de Burt Lancaster dans Criss Cross!). Un remake honnête qui manque d’intensité dramatique (rythme en dent de scie, acteurs moyennement convaincants) mais pas d’idées de mise en scène.
Elephant films propose un très beau master, avec une définition acérée et une riche palette chromatique avec filtres bleus, rouges et verts. Si le mixage de la version française est correct, la version originale s’avère plus dynamique pour la gestion des ambiances dans le bar tenu par l’escroc joué par William Fichtner, l’attaque du fourgon blindé et la restitution de la bande originale hypnotique de Cliff Martinez.
Bonus
Don Tracy : « tous des vendus » au cinéma! (8′) : François Guérif évoque la bio et l’oeuvre de l’auteur de roman noir Don Tracy (1905-1976) et des 2 adaptations de Criss Cross.
Autre bonus et de taille proposé par l’éditeur dans cette belle édition blu-ray : l’excellent film noir Pour toi, j’ai tué de Robert Siodmak (87′) remaké par Soderbergh!