Rodolfo Costa était différent. Il ne voulait pas être forgeron comme tous les membres de sa famille. Il voulait être danseur. Dans le Paraguay des années 80, sous la dictature de Stroessner, son nom fut mis sur la liste de « 108 homosexuels », arrêtés et torturés.
Projeté en avant-première à Lyon grâce à Écrans-Mixtes dans le cadre d’une thématique gay et lesbienne.
L’avis de Nikkyta B. :
Petite perle trouvé au festival de Cannes, le documentaire Paraguayen Cuchillo de Palo (108) a été conçu avec peu de moyens financiers mais comporte de grands moments émotionnels.
Ce premier film de Renate Costa, nous prouve une fois de plus que pour réussir un beau cinéma, il faut le faire avant tout avec son cœur.
A travers Cuchillo de Palo (108), Renate Costa redonne la parole à ceux qui en ont été privés sous la dictature de Stroessner. Elle cherche à comprendre le décès de son oncle homosexuel victime d’un crime d’état. Le seul membre de sa famille qui accepta de parler face caméra est son père, frère de la victime. Outre d’être un film qui dépeint avec une jolie pudeur la vie des homosexuels et travestis au Paraguay sous la dictature, ce film nous montre deux êtres d’une même famille qui ne peuvent ni communiquer ni se parler. On a une fille désireuse de reconstruire un passé dont elle a été privée et en face c’est un père pudique, guidé par la religion qui se refuse au questionnement.
Cuchillo de Palo (108) est aussi un film qui brille par ses silences. Les réponses se trouvent bien souvent dans un sourire forcé, un regard dans le vague ou dans une larme échappée.
Je tiens, comme les quelques spectateurs ayant pu déguster ce documentaire, à saluer le courage de la réalisatrice qui avec sa mini DV rend justice à une passé oublié.
Réalisé avec intelligence, ce film n’est pas un divertissement mais il est légitime de se nourrir de cela à l’heure actuelle. Les dernières phrases et images du film en plus d’être extrêmement poétique et allégorique, apportent enfin la réponse au bon nombre de questions que le spectateur ne peut s’empêcher de se poser.