Alors que le service « 00 » est dans le viseur de « C », le tout fraichement nommé responsable du Service Sécurité (fusion du MI-5 et du MI-6 apres l’explosion du service dans « Skyfall »), Bond est mis à pied. Sur les traces d’un dénomé Sciarra qu’il vient d’executer au Mexique, il découvre que toutes les missions qu’il a mené depuis son accession au rang de « 00 » sont liées à une mysterieuse organisation ayant pour emblème une pieuvre…
Avis de Taz
Faisant abstraction de la saga Bond, 007 Spectre est un bon film d’action. Bien ficelé et mené avec dynamisme, on ne s’ennuie pas et on se laisse facilement prendre par l’intrigue.
James Bond sous les traits de Daniel Craig est synonyme de renouveau, bousculant pas mal les codes établis… A commencer par un retour aux origines de la saga, initié par Casino Royale (ses successeurs suivant l’ordre chronologique), en y incorporant une bonne dose de modernisme: M est (était) une femme, Miss Money Penny est noire, Q est un geek, l’ennemi n’est plus l’URSS mais se cache dans le monde entier…
Si ce parti pris du « dépoussiérage » de la relique sonne un peu comme un coup marketing pour continuer à attirer les foules, il n’en reste pas moins que James Bond a toujours été résolument moderne, n’en déplaise aux fans de la saga (dont je fais partie…). Rien de plus normal, donc, qu’il ait évolué avec le temps…
Là où, par contre, on peut rester beaucoup plus perplexe, voire dérouté, c’est en ce qui concerne les personnages en eux-même.
Jusqu’alors Bond était un homme solitaire et sans attaches. Voyageant de pays en pays en ne se souciant guère du lendemain et profitant du moment présent, il recevait des ordres clairs émis par des supérieurs dont on ne connaissait que le nom de code pour s’opposer à des « méchants », mégalomanes, assoiffés de domination du monde… Mais Bond a désormais une vie privée, un passé, voire même des sentiments amoureux… Il fait partie d’une « agence » dont on connait également la vie et les rebondissements et lutte contre des escrocs et de banals trafiquants ou terroristes Ces changements font d’ailleurs l’objet de l’intrigue principale des films désormais.
En outre 007 Spectre ne faillit pas à la mouvance concernant les films d’action avec explosions tout azimut (Guiness Book Record en poche!), tournage caméra à l’épaule, son tonitruant (voir l’excellente séquence d’ouverture à Mexico)…
Moins intense que Skyfall (méchant moins charismatique, légère baisse de rythme à mi-parcours), 007 Spectre est un Bond de belle facture marquant la fin de la collaboration Sam Mendes/Daniel Craig.
Et bien le verdict tombe. Spectre sort enfin de l’ombre faisant suite à Skyfall qui avait mis la barre haute, très très haute. Tant et si bien qu’il semblait déjà difficile de faire mieux que cet opus, et encore moins probable de dépasser ce que l’avant-dernier James Bond offrait.
Si Spectre est un peu décevant, il n’est pas totalement mauvais mais est fragilisé par un déséquilibre prononcé, totalement absent du précédent film déjà réalisé par Sam Mendes.
Sur le fond, on flirte avec ce qui avait déjà été installé. Un héros presque shakespearien, plein de doutes et d’une noirceur abyssale. C’est plus sur la forme, pas la mise en scène mais la structure d’un ensemble que Spectre se fissure. Passons sur les rares scènes d’action qui? hormis la scène d’ouverture sensationnelle, s’avèrent assez « foireuses » sinon répondent hélas aux Bond version Roger Moore avec des résonances de l’impossible rendu possible ; à ce jeu, la scène de l’avion passe de ridicule à soporifique. La séquence en plein désert semble uniquement être là pour un record dans le Guinness de la plus grande explosion pyrotechnique sans effets spéciaux…aucun sens de la scénographie à ce moment précis. En outre, tout semble s’enchaîner comme si James « bondissait » d’un bout à l’autre de la planète par pur plaisir de visiter chaque continent, clopin-clopant. De spécial, on passe à une grosse déconvenue. Ajoutons à cela le charisme mortifère et gelé de la James Bond Marianne Girl et le charme made in France s’évanouit dans un personnage sans saveur joué par une Léa Seydoux qui semble uniquement interpréter ce qu’on lui demande. Difficile de passer outre quand la même équipe nous avait livré le meilleur James Bond quelques années auparavant.
Spectre ne termine cependant pas dans les abîmes des mauvais films et l’icône-espion semble garder sa licence (d’être filmé). Une dernière demi-heure où l’ensemble remonte la pente, Daniel Craig toujours taillé pour le rôle et l’univers « bondien » gentiment respecté, permettent au dernier film de la franchise de sauver l’édifice d’un naufrage total.
Moins bien que Skyfall et Casino Royale, mieux que Quantum of Solace, Spectre se situe dans un entre-deux, souvent appréciable mais hélas parsemé régulièrement d’instants ridicules, malvenus ou sans aucun sens dans la dramaturgie suggérée. Si entre ces moments les rares scènes d’action n’ont que peu de saveur il est difficile de noter Spectre au-dessus de la moyenne. Seules les retrouvailles avec la nouvelle direction artistique désirée depuis les derniers films en date de la franchise procurent un peu d’indulgence envers ce dernier opus. Bien qu’il soit difficile de remettre en cause l’implication sincère de Sam Mendes…(Indice d’objectivité : … zéro)