Street kings

Le 19 août dernier est sorti en DVD & BLU-RAY en zone 1 chez 20th Century Fox le polar musclé Street kings (Au bout de la nuit).

 

Le DVD simple propose un commentaire audio du réalisateur David Ayer quand l’édition 2 disques proposent outre une copie digitale du film et son commentaire audio une multitude de bonus : 15 scènes supprimées, 10 scènes alternatives, 10 vignettes, différents modules intitulés  » Behind the scenes », « Street Rules: Rolling with David Ayer and Jaime Fitz Simon », « HBO First Look – City of Fallen Angels: Making Street Kings« , « La Bete Noir: Writing Street Kings », « Street Cred ».

 

L’édition BLU-RAY y ajoute 2 bonus : Audio Commentary by actors Forest Whitaker and Keanu Reeves (BD exclusive) et Interactive picture-in-picture: Under Surveillance: Inside the World of Street Kings track (BD exclusive).

 

Street kingsLa critique de Fabien

 

Tom Ludlow est le meilleur détective de l’Ad Vice, unité spécialisée de la Police de Los Angeles. Son supérieur, le capitaine Wander, ferme les yeux sur ses procédés souvent « hors normes » et le protège lors de l’enquête interne menée par le capitaine Biggs. Accusé à tort du meurtre d’un collègue, Ludlow doit lutter seul contre le système corrompu pour prouver son innocence.

Scénariste de Training Day et Dark Blue et réalisateur de l’âpre et musclé Bad Times avec un impressionnant Christian Bale, David Ayer persiste avec Street Kings dans le polar urbain sur fond de corruption de la police.

A nouveau située à LA dont la beauté et la laideur s’expriment toujours de manière conjointes, l’intrigue de ce film noir voit un flic aux méthodes peu orthodoxes, au comportement limite suicidaire dû à la mort de sa femme, pris dans une affaire louche liée au meurtre de son ancien coéquipier. Entre le respect qu’il porte à son chef, son mentor (Forest Whitaker en plein numéro de cabotinage dans un rôle de crapule) qui dirige son unité d’une main de fer sans s’embarrasser de règles éthiques comme un patriarche mafieux (à la fin du récit ne se proclame-t-il dans une scène shakespearienne comme le roi de la ville) et un regain d’humanité et de morale qui le pousse à éclaircir le meurtre brutal de son ancien collègue et ami, ce personnage au bord du gouffre porté sur la bouteille et les flingues va devoir choisir son camp et emprunter un chemin dangereux qui va remettre en cause sa vision de l’ordre et de la justice.

Sur le canevas du film noir James Ellroy a brodé une histoire violente et pessimiste sur la difficulté du maintien de l’ordre et du Bien dans une cité où même les garants de la justice sociale, politique et morale ont sombré du côté obscur. Comme le dit le personnage de Keanu Reeves qui ne connait que le chaos le Mal engendre toujours le Mal. Les pires crapules ne sont pas forcément celles que l’on croit. Dans Training day et Street kings dealers, truands et policiers s’agitent dans un panier de crabes qui se disputent pour une question d’argent, de contrôle de territoire, de pouvoir et simplement de survie.

L’intrigue de facture classique a tendance à se complexifier au fur et à mesure que le flic, incarné par un Keanu Reeves empâté et assez inexpressif, découvre les tenants et aboutissements de cette affaire torve où le rôle de sa hiérarchie est plus que trouble et la difficulté de parvenir à trouver une parcelle de Bien dans cet espace sombre que l’IGS incarnée par l’impeccable Hugh Laurie alias Dr House a du mal à contrôler. Incontrôlable, limite masochiste son personnage est une sorte de Dirty Harry désespéré qui fonce tête baissée vers l’action et la vérité au bout de la nuit, un héros au début du récit pour avoir résolu spectaculairement une sombre affaire de kidnapping puis un suspect et un paria au fil de son implication obstinée dans l’enquête liée au meurtre de son coéquipier.

Filmé en grande partie dans les quartiers chauds du Downtown Los Angeles, avec les conseils techniques de vétérans du LAPD, Street kings affiche un réalisme poisseux qui en fait un bon film noir ; une descente aux enfers musclée bien menée, sans véritables surprises mais assez captivante par ce jusqu’au-boutisme masochiste et désespéré qui est la marque de fabrique d’Ellroy et de Ayer dont les univers troubles étaient fatalement amenés à fusionner.

 

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