Alors que nous approchons du milieu de l’été, il faudra attendre encore un mois pour la sortie de Until Dawn, un jeu nous plongeant dans l’univers d’un bon vieux teen-slasher des familles. Autant dire un concept intriguant pour tous les joueurs cinéphiles, bien que l’on pouvait légitimement rester sur ses gardes devant un tel métissage. Afin de chasser nos doutes, Sony nous a invités à tester le jeu. Pas « jusqu’à l’aube » malheureusement, mais durant une après-midi entière qui nous aura permis de nous faire une large idée du titre.
Avant toute chose, précisons que le test s’est déroulé sur une version bêta, donc susceptible d’évoluer encore un peu d’ici à la sortie officielle. Ceci étant dit, entrons dans le vif du sujet, et commençons par présenter le jeu. Until Dawn ambitionne en effet rien d’autre que de nous plonger dans un véritable film d’horreur pour adolescents (communément appelé « slasher » ou « teen-slasher »). Pour les néophytes, ces films mettent généralement en scène une bande de jeunes aux hormones en ébullition qui se retrouvent confrontés à un tueur psychopathe, ou boogeyman. Ce dernier est d’ailleurs souvent mis en avant par rapport aux héros, si bien qu’il n’est pas rare que le méchant entre dans l’inconscient collectif. A titre d’exemple, on citera Freddy Krueger, Jason Voorhees, le masque de fantôme dans Scream et pléthore d’autres. Lorsque le concept d’Until Dawn a été présenté, nombreux sont les joueurs à avoir tiqué, se demandant comment une telle inspiration mêlée à un gameplay de « film interactif » à la Heavy Rain pouvait donner un jeu digne de ce nom. Après avoir posé les mains sur le titre, la réponse nous semble désormais évidente : en jouant à fond la carte du second degré !
En effet, dès son prologue dans la pure tradition du genre, Until Dawn plante son décor fait d’une bande de jeunes plus crétins les uns que les autres, d’une maison bâtie au beau milieu de nulle part où tout ce beau monde n’a rien trouvé de mieux à faire que de passer le week-end et évidemment d’un tueur bien décidé à se faire couler un bon bain de sang pour des motifs encore inconnus. De véritables archétypes du slasher qui pourraient laisser augurer du pire en temps normal. Excepté qu’après quelques minutes de jeu, on comprend que les développeurs sont avant tout des cinéphiles avertis et sont donc bien décidés à miser à fond sur les dérives du genre pour nous offrir une expérience mémorable, comparable à un Heavy Rain passé à la moulinette du second degré propre à bon nombre de slashers (le genre proche du nanar, qu’on mate entre amis avec des pizzas et quelques bières, vous voyez ?).
Ainsi, tout au long des différents chapitres, l’intrigue nous fait prendre les commandes de chacun des huit héros parmi lesquels on retrouve Hayden Panettiere, ancienne cheerleader de la série Heroes. L’occasion de découvrir qu’il n’y en a pas un pour attraper l’autre dans le registre des répliques à deux sous et des idées tordues (quoi de mieux qu’un lance-flammes improvisé pour dégeler une serrure ?). Mais ce qui pourrait apparaître comme une approche foireuse et suicidaire des scénaristes se révèle rapidement comme un choix pleinement assumé. Comme si l’équipe refusait d’emprunter le même terrain sombre et sérieux que Heavy Rain en son temps. Until Dawn préfère ainsi miser sur une ambiance où la menace du tueur se mêle à des répliques et des situations plus loufoques les unes que les autres, à l’image d’une séance de spiritisme où les fantômes n’ont jamais été aussi loquaces, ou encore d’une séquence où le héros se la joue Die Hard en arborant un splendide marcel pour une poursuite nocturne sous la neige. Bref, vous l’aurez compris : si vous avez un penchant pour l’humour second degré, le scénario et la mise en scène d’Until Dawn pourraient bien vous séduire et même vous assurer de franches déconnades entre amis. Car oui, plus encore qu’avec Heavy Rain, Until Dawn a beau être un jeu solo, il peut clairement dévoiler tout son potentiel comique lors de soirées en groupe, surtout si ce dernier est impliqué – on imagine déjà les débats lors des choix à effectuer. Toutefois, nuançons notre propos : si votre serviteur a été très réceptif à la dimension second degré du jeu, Until Dawn réserve également son lot de moments aptes à offrir quelques pics d’activité au trouillomètre des adeptes de films de genre. D’autant que les chapitres du jeu sont entrecoupés d’une séquence chez un psy – incarné par le génial Peter Stormare – où ce dernier vous demandera des détails sur vos peurs les plus profondes, et où chaque choix aura une répercussion directe dans l’expérience du jeu. Une très bonne idée qui renforce l’ambiance déjà très réussie du jeu.
Vous l’aurez noté, nous nous sommes beaucoup attardés sur la dimension cinématographique du titre. Un choix logique tant Until Dawn fait partie de ces titres qui rentrent pleinement dans la catégorie des œuvres empruntant davantage au cinéma qu’aux jeux vidéo. Cela se ressent d’ailleurs sur un gameplay faisant la part belle aux cinématiques et aux QTE, mais où il nous faudra – « heureusement » diront les mauvaises langues – prendre entièrement le contrôle des héros afin d’explorer les niveaux et espérer arriver au bout de l’histoire en vie. Les joueurs d’Heavy Rain ne seront d’ailleurs pas dépaysés avec les déplacements lourds des héros et des actions qui demanderont une véritable gymnastique des doigts sur la manette pour être effectuées. Un gameplay qui pourra donc se révéler irritant, mais qui permet finalement de contribuer au rythme scénaristique voulu par les développeurs. D’autant que ces phases d’exploration permettront d’en apprendre davantage sur l’intrigue et même de mettre la main sur les totems, véritables fenêtres sur l’avenir qui vous aideront dans vos choix. Des choix que vous devrez effectuer de diverses manières. Si les QTE sont évidemment au programme, les fans de RPG apprécieront les situations et dialogues à choix multiples (et parfois en temps limité) qui influeront autant sur l’intrigue que sur le caractère des personnages, d’autant que certains choix sont particulièrement vicieux comme choisir qui sauver entre deux héros. Il est malheureusement trop tôt pour dire si l’expérience tiendra la longueur, mais les développeurs semblent suffisamment inspirés pour qu’Until Dawn nous tienne en haleine tout du long, et que l’expérience soit réellement différente en fonction des joueurs et de leurs choix durant l’aventure et les séances avec le psy. Quant au côté graphique, sans être une claque visuelle comme The Order, Until Dawn est indéniablement soigné autant au niveau des visages et expressions de ses personnages que dans l’ambiance de ses multiples décors. Espérons juste que les diverses approximations graphiques (éléments de décor qui passent au travers d’un héros,…), indignes d’un AAA de ce calibre en plus de nuire à l’immersion, seront réglées dans la version finale.
En l’état, il est difficile de dresser un verdict pour Until Dawn. Premièrement car son gameplay à la Heavy Rain ne plaira pas à tout le monde, comme l’œuvre de Quantic Dream en son temps. Deuxièmement car son scénario et sa mise en scène offriront une expérience totalement différente selon que le joueur soit ou non cinéphile, et surtout réceptif ou non au second degré. Dans tous les cas, après ces trois heures de test, on peut miser sur une chose, c’est que Until Dawn ne vous laissera pas indifférent !