Samedi 23 mai, l’équipe de Macbeth, le réalisateur Justin Kurzel, les acteurs Michael Fassbender et Marion Cotillard, étaient face à la presse pour évoquer cette nouvelle adaptation du classique de William Shakespeare.
Michael Fassbender ouvre le bal : « Jouer Shakespeare est une très belle expérience, il y a tant de façon différentes de jouer le personnage, on peut interpréter même les mots de différentes façons ». Il déclare que « le langage est très riche. Donc le premier défi était le langage : il fallait l’apprivoiser tout en gardant le rythme; il fallait explorer tous les chemins possibles au niveau du jeu d’acteur ».
L’acteur précise : « face à Shakespeare ce qui compte d’abord c’est le langage, la langue qui est la clé de tout. Il faut essayer de trouver le rythme de la langue et à partir de là les choses s’imposent et très vite il faut essayer de pas être trop submergé par la langue car autrement on réciterait de façon trop évidente ». En conclusion « il faut respecter la langue, le texte mais essayer toujours de rester vrai, de respecter l’état d’esprit de ce que l’on essaie de faire, notamment pour le côté intime du personnage qui s’effrite, qui tombe en morceau de l’intérieur ».
De plus Michael Fassbender évoque le stress post-traumatique de nombreux soldats revenus de conflits meurtriers pour préparer « ce personnage qui a des hallucinations; il y a une fracture en lui dès le début ».
Sa partenaire Marion Cotillard décrit son personnage de lady Macbeth comme « un personnage qui perd totalement le contrôle, du coup j’ai eu de la difficulté dans la préparation du film à accepter que cela m’envahisse complètement ». Elle avoue avoir été marquée par « son incapacité à faire face à sa peur et cela créé chez elle un déséquilibre qui va la mener à faire des choses assez monstrueuses ».
Pour l’actrice réside dans cette tragédie « beaucoup d’amour entre ces deux personnages, ils sont juste trop abîmés pour pouvoir se tourner vers quelque chose de lumineux ».
Michael Fassbender voit lady Macbeth comme « un personnage sacrificiel » et dans son comportement « une tentative désespérée de forger leur relation, remettre leur relation sur les rails ». Je crois que cela va au delà du désir, de l’ambition, c’est une question de désespoir ».
Pour l’acteur britannique Macbeth est « un conte classique », « l’histoire de l’ambition, où l’ambition peut nous mener ». Il y voit également « l’histoire d’une perte, la perte d’une relation à l’intérieur d’un couple, la perte d’un enfant, la perte de la santé mentale ».
Le réalisateur Justin Kurzel avoue avoir être « fasciné par le fait que ces deux personnages utilisent la prophétie, puisent dans leur l’ambition pour rester ensemble et ça devient ainsi une motivation profondément humaine qui va même au delà du pouvoir, du désir de pouvoir; c’est très contemporain, je pense que la famille est un thème extrêmement contemporain. La tragédie de ce couple est qu’ils regardent autour d’eux et tout ce qu’ils veulent c’est une famille, ce qu’ils n’ont pas; c’est extrêmement puissant ».
Puis le réalisateur australien qui retrouvera bientôt Fassbender et Cotillard pour le tournage de l’adaptation du jeu vidéo Assassin’s Creed nous parle de son travail d’adaptation de la pièce la plus jouée au monde : « je pense que le texte est tout simplement hallucinant et laisse la place à tellement d’interprétations différentes ».
Sur le plan de la mise en scène, il a « souhaité en Ecosse montrer ces paysages qui définissent cette pièce et voulu ces ralentis de près pour trancher avec ça ».
Enfin pour lui « le grand défi a consisté à emmener cette histoire dans un contexte cinématographique, on tourne en Ecosse, dans un certain paysage qui renforce la tragédie qui fait que les êtres humains se sentent petit dans cette histoire extraordinaire, ça les intimide, c’est un peu comme un grand western, un peu comme une danse ».