Voici le compte-rendu d’un ami passionné de cinéma qui a eu l’occasion de passer une journée sur le Festival du film Italien de Villerupt. Francis nous fait l’honneur de partager son voyage festivalier.
Cette fois, mon coup de cœur c’est : une ambiance, une rencontre avec un festival des films inédits, des cinéphiles.. Après deux heures trente de route en ce matin froid et couvert de brouillard, j’arrive à Longwy, décentralisation du festival du film italien oblige. Dans un cinéma, Utopolis : récent, confortable et accueillant. Tout de suite, un premier film : « il divo« , de Sorrentino, 2 heures denses, virtuoses sur un sujet, la vie de G .Andréotti au pouvoir pendant des décennies, toujours vivant, une peinture au vitriol sur sa vie, ses relations avec le monde politique et le milieu tout court, ami d’aldo Moro, assassiné par les brigades rouges. Une certaine incarnation du diable, sans cornes, ni queue fourchue, plein d’ironie et migraineux, toujours entre deux prises d’aspirine. Une dénonciation d’un système pourri, corrompu, et qui perdure plus que jamais. Un film brillant, dense, qui fourmille de détails, de noms entendus un jour ou l’autre, de disparitions et aussi des interrogations. Qui est cet homme ironique, non dépourvu d’humour et si charmant en privé ? Capable du pire aussi. Et ce baiser au capo mafieux, signe d’appartenance à Cosa Nostra, a t-il réellement eu lieu ? Un sujet, un genre, magistralement filmé, que nos réalisateurs français trop frileux, ont abandonné pour la plupart, depuis longtemps. Bref un film à voir et qui va sortir le 31 décembre. Suivra un autre film : « le repas du 15 août », un petit bijou d’humanité. Avec dans un vieil appartement de Rome comme décor, un quinquagénaire célibataire est aux prises avec sa vieille mamma et d’autres vieilles dames plus ou moins dignes… Sortie le 18 mars 2009.
Après les canellonis avalés trop vite, direction Villerupt, ce temple du Festival du film italien depuis 31 ans déjà, un gros bourg situé au bout du bout de la Meurthe et Moselle, dans le pays haut, à un jet de pellicule du Luxembourg. Tout de suite on sait que si l’environnement géographique est plutôt triste, surtout en cette saison, une chaleur festivalière et cinéphilique est présente, un petit morceau d’Italie ou une deuxième, voire une troisième génération de « ritals »… On nous a concocté un festival de qualité. L’ après-midi, deux films au programme : « il papa di giovanna » (le papa de Giovanna) de Pupi Avati avec un admirable Silvio Orlando… Là encore, un beau film à voir, couleur sépia, une famille comme une autre, ou presque, sous l’Italie fasciste, un papa plein d’un amour indéfectible pour sa fille un peu particulière, une belle histoire, dramatique , émouvante, à ne pas rater. La journée se termine avec « caos calmo » avec Nanni Moretti, Hyp. Girardot, Charles Berling, Denis Podalydes, Valeria Golino… Un film, une interrogation sur la vie bouleversée par un événement tragique et notre société aux valeurs galvaudées. Doux, amer, introspectif, servi par une interprétation à la hauteur des émotions et ce film sortira le 17 décembre prochain.
En résumé, une très longue journée, mais très enrichissante, qui vous laisse la tête et le cœur plein de souvenirs, longtemps après, et qui nous font dire : oui , vraiment ! le cinéma, c’est la vie… La vie comme elle est, comme elle pourrait être, ou comme elle devrait l’être ? Et que vous pouvez découvrir et apprécier, même si vous avez un nom qui se termine ni par : i, a , OU o ….
Au revoir et à bientôt.
Francis