Cérémonie d’ouverture au Philharmonic hall
Bichkek, du nom du mythique et légendaire héros kirghize unificateur des différentes tribus kirghizes, est la capitale du Kirghizistan, pays montagneux d’Asie centrale de sept millions d’habitants auxquels il faut ajouter un million de citoyens kirghizes travaillant en Fédération de Russie.
Le Kirghizistan a des frontières avec le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et la Chine. Il est connu pour le lac Issyk-Koul, véritable mer intérieure, ses randonnées à cheval, ses parcs nationaux et son cinéma. Le réalisateur Tolomouch Okeev est la grande figure de la période soviétique (Le Ciel de notre enfance, Le Descendant du léopard des neiges, Le Féroce, Incline-toi devant le feu, La Pomme rouge…). Pour la période post-soviétique, depuis que le Kirghizistan a accédé à l’indépendance en 1992, Aktan Arym Kubat Abdykalykov, réalisateur primé du Léopard d’argent à Locarno (Le Fils adoptif), deux fois en sélection à Cannes (Le Singe, Le Voleur de lumière) et venu plusieurs fois au Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul soit comme président du Jury international, soit en invité d’honneur pour une rétrospective de ses films.
Erke Dzhumakmatov directrice du Festival de Bichkek entouré de François Delahousse, ambassadeur de France, d’Etienne Lancelot attaché culturel, Martine et Jean-Marc Thérouanne, directeurs du FICA Vesoul.
Bichkek, appelée du nom du nom du commandant militaire soviétique Frunzé, pendant la période soviétique, a poussé comme un champignon en 200 ans. En 1825 village forteresse caravanière sur la route de la soie de sept mille habitants lors de la conquête tsariste, elle est devenue une ville de près d’un million d’habitants.
Ville construite en damier avec de larges avenues, dotée de bâtiments administratifs imposants, de monuments culturels de premiers plans (Opéra d’inspiration néo-gréco-romaine italianisante, musée des beaux-arts de style fonctionnaliste,), aérée de jardins publics où il fait bon flâner au milieu de statues imprégnées de l’esthétique du réalisme soviétique.
Le Festival International du Film de Bichkek (FIFB) est né de la volonté de l’actuel président de la République du Kirghizistan, S. N. Japarov, de développer l’industrie nationale du film et de la culture cinématographique.
Le FIFB est organisé par le Ministère de la Culture, de l’Information, des Sports et de la Jeunesse, de la Mairie de Bichkek, du Département Cinématographique du Ministère de la Culture, et la Maison du Cinéma Chingiz Aitmatov.
Le FIFB s’est choisi un logo et un trophée enracinés dans la culture kirghize, un léopard des neiges stylisé. Celui-ci est aussi le symbole, choisi par la ville de Bishkek, après l’accès à l’indépendance, pour remplacer l’ancienne armoirie issue de la période soviétique.
Les buts du FIFB est d’être une plate-forme unifiant les professionnels du cinéma, non seulement kirghizes, mais de toute l’Asie Centrale. L’importance de jeter des ponts avec l’ensemble du monde du cinéma d’Europe, d’Asie, d’Amérique, notamment du Canada, et des pays arabes, est soulignée.
Cette politique d’ouverture a pour but de faire renaître l’industrie du cinéma kirghize, au passé glorieux, en suscitant de nouveaux talents.
Semih Kaplanoglu, président du jury international, réalisateur de Commitment Hasan.
Le 1er FIFB s’articule autour de l’organisation des projections des 31 films de la sélection, d’un programme de pitching centré sur les projets des réalisateurs et producteurs d’Asie centrale, de master class, de séminaires et de sessions autour de films majeurs.
Pour marquer et faire vivre la ville à l’heure du FIFB, celui-ci se déroule dans différents lieux : l’ouverture au Philharmonic hall, la clôture à l’Opéra national, les projections au cinéma Ala Too et au cinéma Manas, les séminaires à l’université, les Master Class à l’American University of Central Asia (AUCA), l’hommage à Chingiz Aitmatov à la Librairie Nationale, l’ouverture de la semaine du cinéma turc au centre culturel de l’université Kirghize – Turque
« Manas », les CAF Pitch, soutenus par l’ambassade de Corée et le CNC français au Centre de l’innovation.
Chaque lieu est choisi avec un grand sens du symbole.
Il en est de même du lieu où se déroule chaque soir l’un des cinq dîners officiels.
Les membres du Jury CAF Pitch lors de la cérémonie d’ouverture
La programmation officielle se compose des 10 films de la compétition internationale, films venus de France (Ouistreham d’Emmanuel Carrère), de Finlande (Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki), du Kirghizistan (Esimde d’Aktan Arym Kubat), du Kazakhstan (Scream de Kenzhebek Shaikakov), de Yakouzie (Don’t bury me without Ivan de la réalisatrice Liubov Borisova), d’Altai (The Path de Mikhaïl Kulunakov), d’Ouzbékistan (Sunday de Shokir Kholikov), d’Iran (Parallax de Shahram Ebrahimi, d’Inde (Whispers of Fire and Water de Lubdhak Chatterjee), du Japon (Let’s go, Ishikawade Takashina Takumi), 8 films de la compétition nationale (Shambala d’Artykpai Suyundukov, The Road to Eden de Bakyt Mukul et Dastan Zhapar Uulu, Scent of Wormwood d’Aibek Daiyrbekov, God’s Gift de la réalisatrice Zhuraeva Asil, Home for sale de Taalaibek Kulmendeev, The Lake d’Emil Atageldiev, Narrator d’Ernest Abdyzhaparov, God’s sent de Temir Birnazarov), 5 films de la rétrospective de films kirghizes d’hier et d’aujourd’hui adaptation cinématographique d’œuvres du grand écrivain kirghize Chingiz Aitmatov (Le Premier maître d’Andrey Konchalovsky – 1965, Le Bateau blanc de Bolotbek Shamshiev – 1965, Le Champ de la mère de Gennady Bazarov – 1968, La Pomme rouge de Tolomouch Okeev – 1975, Delbirim de Sarwar Karimov – 2018), de la rétrospective de 7 films turcs produits entre 2021 et 2023 intitulée, en raison de son nombre 7, de « Turkish Cinema Week » il faut surtout retenir Commitment Hasan de Semih Kaplanoglu, président du jury international, et un film chinois de 2019, The Composer de Xierzati Yahefu, rendant tout à la fois hommage à son producteur Jonathan Shen, invité comme « special Guest » et du musicien chinois Xian Xinghai, sujet du film.
Aktan Arym Kubat
Si la présence turque était forte, la présence française était importante composée de François Delahousse, Ambassadeur et de membres du jury CAF Pitch : Martine Thérouanne, directrice FICA Vesoul, Johann Chapelan, producteur, Lynda Belkhiria, programmatrice, Xavier Henry-Rashid, critique, Étienne Lancelot, Conseiller culturel Ambassade de France, Jean-Marc Thèrouanne, DG FICA Vesoul.
La Cérémonie de clôture s’est déroulée à l’Opéra de Bichkek en présence du Ministre de la Culture de la République du Kirghizistan et du Maire de Bichkek.
Parmi les films primés, Narrator d’Ernest Abdyzhaparov, a obtenu la mention spéciale remise par Martine Thérouanne ; Ouistreham, entre deux mondes d’Emmanuel Carrère, a reçu le prix de la ville de Bichkek ; le prix du jury a été décerné à Scream de Kenzhebek Shaikakov ; Esimde d’Aktan Arym Kubat, a remporté le prix du meilleur réalisateur ; Sunday de Shokir Kholikov, a été couronné du prix du meilleur film.
Khojakuli Narliev’(l’Arbre de Djamal), Maya-Gozel Aimedova (actrice de l’Arbre de Djamal), Ernest Abdyzhaparov (Narrator)
Revoir Aktan Arym Kubat et Ernest Abdyzhaparov venus au Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul et rencontrer le maître du cinéma turkmène Khojakuli Narliev (La Bru – L’arbre de Djamal) ont été des moments d’intense émotion pour les fans des cinémas d’Asie Centrale que sont Martine et Jean-Marc Thérouanne.
Texte écrit par Jean-Marc Thérouanne le 22 novembre 2023 au retour de Bichkek.