Interview du réalisateur Christophe Jarosz pour le film D-Iva pendant les 25 èmes Rencontres du cinéma de Gérardmer.
Les questions
Pourriez-vous vous présenter ?
Christophe Jarosz : Je suis un réalisateur franco-allemand diplômé du CLCF à Paris et de Louis Lumière.
D-Iva est un 1er court-métrage de fiction après de nombreux documentaires et magasines découvertes pour France.tv
Comment vous est venue l’idée de « D-Iva » ?
Christophe Jarosz : Je pense que le personnage de D-Iva s’est formé pour la première fois en voyant « Joan of Arc » de Besson.
La manière dont Mia Jovovich interférait avec les voix célestes, et sa rage au combat devant Orléans m’ont impressionné.
Pouvez-vous nous parler de la construction du personnage de D-Iva ?
Christophe Jarosz : J’ai énormément regardé de clip de pop star US comme Ariana Grande, Beyoncé et surtout Lana Del Rey, ma muse absolue dans le genre candide démoniaque. Au final pour moi le personnage de D-Iva est la compression de Jeanne d’Arc, de la fille de Conan le Barbare car c’est une slave et de Lana del Rey.
Qu’est-ce qui l’a rendue si fascinante à créer ?
Christophe Jarosz : Le défi était de reproduire l’univers d’une superstar internationale de façon crédible, de raconter sa solitude, de travailler sur l’émotion qu’elle pouvait ressentir et donc partager. Et de travailler la performance scénique, la présence sur scène.
Sanja Popovic a livré une performance exceptionnelle en tant que D-Iva. Qu’est-ce qui l’a rendue parfaite pour ce rôle ?
Christophe Jarosz : Sanja pensait qu’elle pouvait le faire, qu’elle était parfaite pour incarner D-Iva. Elle a su me convaincre. Son regard est celui d’une déesse grecque, la tragédie l’habite, son côté icône intemporelle m’a convaincu, j’ai compris au casting qu’elle allait nous émouvoir.
Comment s’est déroulée la collaboration avec Pierre Thilloy pour la bande sonore du film ?
Christophe Jarosz : Pierre m’a dit presque tout de suite, après que je lui ai parlé du personnage :
« C’est bon j’ai déjà la musique dans la tête, elle existe déjà, elle est là. Avec des résonances pop et un écho du fond des âges.«
Ensuite, il a trouvé un orchestre symphonique de 47 musiciens pour enregistrer la BO.
Quel était le processus pour créer une musique qui complète parfaitement l’histoire ?
Christophe Jarosz : C’est vraiment le domaine, l’univers et la puissance créatrice de Pierre Thilloy. Il a beaucoup de talent.
Si D-Iva pouvait rencontrer un personnage connu de notre époque pour une discussion, qui serait-il et pourquoi ?
Christophe Jarosz : Je pense qu’elle rencontrerait Zelensky, le président, chef de guerre ukrainien.
Il risquerait de lâcher sa mission en cours pour la suivre, mais elle proposerait de le soutenir, de lutter à ses côtés.
Quel message espérez-vous que les spectateurs retiendront de « D-Iva » ?
Christophe Jarosz : Qu’on peut être la personne la plus adulée du monde, si on n’est qu’une image, un produit marketing, alors on n’est pas grand chose, on passe à côté de l’essentiel.
Quelle a été la scène la plus difficile à tourner dans « D-Iva », et comment avez-vous surmonté ces défis ?
Christophe Jarosz : La scène la plus difficile à tourner fût celle du concert. Nous avons réuni 200 figurants dans une discothèque… Sanja Popovic devait assurer un vrai show devant eux et ensuite, elle devait traverser la foule, se faire bousculer, jeter à terre, piétiner.
Elle a beaucoup donné ce jour-là. C’était puissant !
Pouvez-vous nous parler des défis spécifiques rencontrés lors de la réalisation de « D-Iva » ?
Christophe Jarosz : Le fait de diriger une équipe en anglais, de tourner presque tout le film au Monténégro loin de mes repères habituels.
Il fallait aussi tenir le coup sur la longueur, j’ai travaillé avec trois monteurs différents avant de trouver la forme définitive.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui pourrait se retrouver dans une situation similaire à celle de D-Iva ?
Christophe Jarosz : « Essaye d’identifier les personnes qui éprouvent un sentiment réel pour toi, qui te connaissent d’avant le « star système », qui n’attendent rien de toi et sauront t’écouter avec une vraie bienveillance. Soit aussi à leur écoute. Véritablement. L’humanité est forte, mais elle a besoin de sincérité pour s’exprimer. »
Pourriez-vous nous parler du lieu de tournage ?
Christophe Jarosz : Un palace, le « Riviera » à Petrovac, le club Maximus à Kotor et la Fonderie à Mulhouse. Ce sont des espaces qui m’inspirent avant tout. Quand je pénètre dans un endroit qui a du potentiel, la scène de fiction se joue directement sous mes yeux. La vision de l’endroit me convainc que l’idée de film que j’ai en tête est réalisable et non une chimère.
Vous avez pu projeter votre film en salle, quelles ont été les réactions des spectateurs ?
Christophe Jarosz : Le film a été projeté dans un grand nombre de salles de cinéma, ce qui me rend très heureux, car ce film a été conçu pour le (très) grand écran.
Quand le son et l’image sont bien réglés et synchronisés, qu’on ressent bien les vibrations, certaines personnes dans le public peuvent ressentir des émotions très fortes. Des émotions brutes, enfouies profondément en elles, qui ainsi convoquées peuvent ressurgir et même les submerger. C’est un film sans dialogues, un film fait d’images et de sons qui entrent en vibrations et nous donnent à voir une icône moderne, dans sa force et sa fragilité. C’est très perturbant.
Quels sont vos prochains projets ?
Christophe Jarosz : Je m’attaque actuellement à un sujet documentaire sur la figure de la muse moderne. Une femme voudrait-elle encore être une muse ? Une muse pourrait-elle encore être une femme ? Muse concept, muse numérique etc … Je reviendrai sans doute à la fiction plus tard.