Interview de la réalisatrice Cécile Telerman et de l’actrice Mélanie Bernier pour le film Ma langue au chat pendant les 25 èmes Rencontres du cinéma de Gérardmer
Les questions
Quelle est l’idée de départ du scénario ?
Cécile Telerman : J’ai écrit avec Xavier Daugreilh, qui est un ami et coauteur du scénario. Il était venu passer plusieurs fois des vacances dans notre maison du sud-ouest où il avait été assez impressionné par le temps qu’on consacrait à parler aux chats. C’est ainsi qu’est venue l’idée du pitch. Je me suis dit : si tous les potes qui descendaient chez toi dans cette maison de vacances et si un de ces amis écrasait ton chat un matin en sortant acheter des croissants, qu’est-ce qui se passerait ?
Pourriez vous nous parler du lieu de tournage ?
Cécile Telerman : On s’est rendu compte que la maison était une bonne arène, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et que ça ne nécessitait pas énormément plus de décor. C’était pendant la période COVID. On a tourné pendant le confinement, on avait six semaines de tournage, et donc on est restés tous ensemble pendant six semaines dans des conditions non pas difficiles mais différentes et inhabituelles. Et je pense que ces conditions nous ont rendu quelque part assez solidaires et ont contribué à l’esprit de troupe qui, je trouve, a pris place pendant le tournage.
Mélanie Bernier : Oui, mais c’est vrai que ce film a été tourné pendant une partie du COVID. On avait quand même le droit de sortir, mais c’était l’époque où il y avait les restaurants, les cafés, tout était fermé, donc c’est vrai que ça a créé une autarcie entre nous. C’était assez proche de ce qui se passe dans ce film, où on découvre nos qualités, nos défauts, les petites histoires de tournage. Et je pense que du coup, ça a beaucoup joué à cet esprit de troupe.
Y a-t-il eu de l’improvisation des textes ?
Mélanie Bernier : On a plutôt respecté le texte de Cécile. Le texte était très bien écrit parce que Cécile est aussi une scénariste qui écrit beaucoup de films et donc beaucoup les dialogues. On n’a pas eu besoin d’improviser, tout était vraiment là.
Il y a eu une scène, c’est la scène du yoga où dans le scénario, il était écrit : les femmes font du yoga et les garçons s’en aperçoivent. Donc on a construit la scène ensemble, mais c’était de la mise en scène, ce n’était pas spécialement de l’improvisation, c’était des choses qui se sont construites.
Il paraît que c’est très difficile de faire tourner des chats ?
Cécile Telerman : Il n’y avait qu’un chat. Il était bien relou. Le chat, c’était une galère. Et donc, à un moment donné, il devait faire quelque chose, et Camille Lellouche a dû mettre du melon dans ses pieds pour attirer le chat, parce que le chat adorait le melon. C’est grâce au melon qu’on a pu le dresser. Et donc, on mettait du melon un peu partout, pour qu’il veuille bien passer devant la caméra, parce qu’autrement, il s’enfuyait tellement vite qu’on ne le voyait même pas passer dans la caméra.
Un jour, on a attendu une heure, parce qu’il avait filé sous le lit.
Donc, on attendait en silence, parce qu’il ne fallait pas lui faire peur. Et puis, au bout d’une heure, j’ai dit : « Mais moi, je ne peux pas… Enfin, là, tout le monde est payé juste à ne rien faire et attendre le chat. » Et du coup, on a viré le chat de la scène. Donc, on a tourné la scène, il était sous le lit et il n’est jamais sorti pendant la scène.
Il a joué sur six semaines, disons cinq fois dix minutes. Après, il faisait une prise. On disait : « Maintenant, c’est trop, il faut qu’il aille faire la sieste. » On attendait qu’il fasse la sieste. Et quand il se réveillait de la sieste, comme il était un peu plus mou, il mettait, genre, cinq secondes à se rendre compte qu’il était sur un plateau de tournage. Et là, on pouvait un peu le filmer. Et dès qu’il s’en rendait compte, il partait.
Et les relations entre les gens ?
Cécile Telerman : Je vois des hommes de 50 ans qui sortent avec des filles de 25-30 ans. Il y a un peu des légendes autour de cela, mais on a toujours l’impression que c’est très glamour. Mais les hommes de 50 ans ne sont pas toujours en phase avec les jeunes femmes de 25 ans. J’avais envie de parler de cela. Il y a des histoires d’amour qui marchent peu importe l’âge, peu importe les statistiques. J’avais envie de raconter des histoires de gens qui s’aiment et qui ont décidé de vivre leur vie ensemble et qui s’aiment suffisamment pour traverser des obstacles, parce qu’ils s’entendent bien, parce qu’ils ont des choses à se dire, parce qu’ils ont bâti des choses. Aujourd’hui, dès que son conjoint fait du bruit en mangeant sa soupe, on se dit : « Oh là là, il ne me convient pas, je ne vais jamais pouvoir supporter ça », et on se barre.
Et les projections en avant première ?
Cécile Telerman : J’apprécie de venir avant la fin de la projection pour sentir la salle, voir si la salle réagit, parce qu’une comédie, c’est quand les gens rient, mais quand les gens ne rient pas, ça s’appelle un drame.
Quand on écrit une comédie, on peut penser qu’on écrit une comédie, mais si les gens ne rient pas, ce n’est pas une comédie.