L’avis de NicoH :
3 ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Limbo pour s’affranchir des écrans de TV et de PC, et débarquer ainsi sur nos Iphone et Ipad. Et disons-le d’emblée, l’expérience vaut toujours autant le détour.
Quiconque y a joué au moins une fois vous le dira : Limbo, ce n’est pas un jeu, c’est une expérience ! Une de celles qui ne se raconte pas, mais qui se vit, notamment au niveau des émotions qu’elle suscite. Et si jamais vous faites partie de ceux n’y ayant jamais touché (au bûcher !), vous n’avez désormais plus d’excuse. Car oui, vous l’aurez compris, cette version portable n’a rien à envier à ses ainées !
Sur un plan technique tout d’abord, inutile de faire la fine bouche, c’est toujours aussi beau. Misant sur un rendu noir et blanc ponctué d’effet divers (amis de l’expressionnisme, bonjour !), le jeu aurait pu souffrir de certains soucis propres au support mobile, notamment en termes de fluidité et de lumière/contraste. Que nenni ! Sur un Iphone 4S (le minimum recommandé par l’éditeur) en luminosité réglée au premier tiers, le jeu est parfaitement jouable. Idem pour la bande sonore, à la fois épurée et étonnamment riche, elle ne perd rien de sa superbe et devrait régulièrement contribuer à vous filer les chocottes.
Car oui, qu’il s’agisse de plaisir visuel ou de peur, Limbo est une œuvre qui mise avant tout sur les émotions les plus simples (et donc les plus efficaces). Pour cela, nul besoin de scénario, ni d’effets tape-à-l’œil. Une simple silhouette et deux lueurs pour les yeux suffisent à éveiller la tendresse pour le jeune garçon que vous dirigez, et une simple ombre menaçante risque de vous hérisser le poil bien plus que ne l’aurait fait un titre-AAA-next-gen-de-la-mort-qui-tue. Un véritable trip sensoriel qui faisait déjà son effet sur PC et consoles, et que l’on retrouve pleinement ici.
En fait, la véritable crainte que l’on avait concernant ce portage, c’était la jouabilité. Aussi simples soient les contrôles de base, ils pouvaient aisément devenir une vraie torture une fois convertis au tactile. Et là aussi, on ne peut que s’incliner. Misant sur le minimalisme afin de ne pas dénaturer l’expérience visuelle, le jeu ne propose aucun contrôle ou HUD visible, utilisant l’intégralité de l’écran tactile. Un gameplay d’abord déroutant, mais qui se révèle finalement très intuitif, les différentes actions étant facilement compréhensibles sans même avoir besoin de recourir à l’aide du jeu (ceci dit, lors du test, votre serviteur sortait de Another World, qui utilise un système similaire. On n’était donc pas totalement en terre inconnue). Seul infime bémol, les habitués de la précision d’une manette auront peut-être besoin d’un temps d’adaptation au tactile, mais c’est le cas avec tous les jeux.
Au final, ce portage réussit le principal, et haut la main SVP : préserver le plaisir de l’expérience Limbo, et nous permettre de retrouver ce monde à la fois si enchanteur et inquiétant, où l’on veut et quand on veut. Ceci dit, à l’image d’un bon film, Limbo est une œuvre qui s’apprécie à sa juste mesure dans les conditions adéquates : silence et obscurité vivement recommandées !