Les Tortues Ninja sont de retour dans Shredder’s Revenge, titre au doux parfum rétro proposant rien de moins que de replonger dans l’ambiance des jeux Nintendo NES et SNES des années 90. Mais aussi beau soit-il, le flacon renferme-t-il la même ivresse d’antan ?
« Quatre tortues d’enfer… dans la ville ! » Si ces paroles résonnent à votre esprit, vous avez sans doute grandi dans les années 80/90 à l’époque où, au milieu de la Bande à Picsou et Batman La Série Animée, il était possible de suivre les aventures des Tortues Ninjas. Véritable phénomène popularisé par le dessin animé éponyme, la licence aura rapidement subi les joies du marketing et des déclinaisons à tout-va, si bien qu’au milieu des nombreuses figurines à l’effigie de Leonardo, Donatello, Michelangelo et Raphael, il devint rapidement possible de prendre nous-mêmes les commandes des Chevaliers d’Ecaille. Et si le premier jeu NES est entré au panthéon des traumatismes de joueurs (coucou le niveau du barrage et des bombes à désamorcer), les jeux NES The Arcade Game et SNES Turtles in Time ont également su marquer le jeu vidéo de leur empreinte. Véritables pépites sur le plan technique à leur époque, ces jeux adaptés de leurs versions Arcade ont su s’illustrer dans l’esprit des joueurs grâce notamment à leur respect pour l’univers dont ils s’inspiraient, mais aussi et surtout par leur game/level design qui faisait la part belle aux affrontements contre les sbires de Shredder avec une jolie palette de mouvements, le tout avec la possibilité de jouer à plusieurs simultanément svp ! En effet, si les versions consoles proposaient de jouer à deux, les versions en borne d’arcade permettaient de jouer jusqu’à quatre joueurs simultanément. De quoi offrir de mémorables séances de gaming entre potes qui n’auront que rarement été égalées par les adaptations sorties depuis.
Cessons immédiatement le suspense : la force de ce Shredder’s Revenge, c’est de reprendre tout ce qui faisait la réussite de ces jeux sans chercher à réinventer la poudre. Point de 3D tape-à-l’oeil, ni d’open-world ou de semblants de RPG : nous avons à nouveau affaire à un « simple » beat’em all en vue isométrique, où presque chaque niveau propose une armada d’ennemis à terrasser avant d’aller se frotter au boss final (généralement une figure bien connue) et de passer au niveau suivant. Pour ce faire, le joueur peut jongler entre différents coups et combos disponibles dès le début de l’aventure, certaines attaques spéciales nécessitant simplement de remplir une jauge via des attaques plus basiques. Bref, on reste sur les sentiers bien connus des jeux précités, notamment Turtles in Time. Mais la bonne nouvelle, c’est que le plaisir de jeu est lui aussi dans la même veine.
En effet, à l’image de certains remakes ou portages tels Ducktales Remastered, Shredder’s Revenge réussit à nous faire retrouver ce plaisir que l’on retirait, enfant, à passer des après-midi entiers sur NES ou SNES à botter le derrière de Bebop, Rocksteady et les autres. Un plaisir possiblement primaire, assurément coupable, mais ô combien jouissif, bien aidé par le rythme très frénétique de chaque niveau qui vient compenser avec brio la durée de vie assez chiche du soft (quinze niveaux, d’une traite en mode Arcade ou au choix en mode Histoire).
Notons que l’ensemble n’a pas à rougir de son emballage, entremêlant une direction artistique très pixel-art (on jurerait revenir à l’époque de la SNES) avec une bande sonore là aussi très rétro, même si l’on regrettera que le générique original et les dialogues ne soient qu’en anglais. De même, l’une des grandes forces de Shredder’s Revenge réside dans son mode multijoueurs, accessible autant en local qu’en ligne, où il sera possible de jouer jusqu’à six joueurs simultanément. Oui, vous avez bien lu. Sachant que chaque personnage (les tortues, Splinter, April et un Casey Jones à débloquer) a ses propres particularités au combat, vous devriez facilement trouver votre bonheur.
Alors, Shredder’s Revenge, digne retour en fanfare des Tortues Ninja ? Si l’on aurait aimé un peu plus de contenu ici et là, le jeu n’évitant pas toujours le sentiment de répétitivité malgré sa faible durée de vie, il faut bien avouer que ce remake à peine déguisé de Turtles in Time et The Arcade Game fait son petit effet, en particulier en multi. En attendant une suite un peu plus approfondie, on l’espère. Cowabunga !