La marraine du 32ème CINEMED, l’icône du cinéma espagnol, Carmen Maura nous parle de quelques films marquants de sa carrière, de Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier à Les femmes du 6ème étage.
Au sujet de son dernier film à sortir en salles, Les femmes du 6ème étage, elle se déclare enchantée d’avoir travailler avec le réalisateur Philippe Le Guay qui « a traité le sujet avec délicatesse, amour ». Son film est « une lettre d’amour à l’Espagne » et témoigne d’ « un regard très généreux sur les espagnols ». Elle avoue avoir eu « un peu peur que le film soit folklorique » mais est ravie devant ce « film soigné ».
C’était un plaisir de travailler « avec ses copines espagnoles » et un Fabrice Luchini « formidable ». Les femmes du 6ème étage est le premier tournage où elle a pu mélanger à ce point le français et l’espagnol, tout en ayant la possibilité d’improviser. En outre la comédienne est très satisfaite de la réaction du public à l’avant-première du film projeté dans la grande salle du Corum.
La projection au CINEMED de Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980) dans le cadre d’un hommage est l’occasion d’évoquer avec Carmen Maura son travail avec Pedro Almodovar qui signait là sa première réalisation, la comédienne ayant déjà eu, avant sa rencontre avec celui qui deviendra un des grands auteurs du cinéma mondial, de bons rôles au théâtre national et une expérience au café théâtre et au cabaret.
Elle révèle qu’à l’époque, les débuts de la Movida, « pour les gens travailler alors avec Almodovar c’était comme avoir un vice » mais « travailler avec lui c’était la chose qui m’amusait le plus de tout ce que j’avais autour de moi ». Elle pensait alors que Pepi, fait sur 2 ans avec peu de moyens, ne sortirait jamais au cinéma malgré un tournage où elle s’est beaucoup amusée.
La comédienne a tourné 6 films avec Pedro Almodovar dont Femmes au bord de la crise de nerfs (1988) qui marque la fin d’une premier chapitre dans leur collaboration jusqu’à leurs retrouvailles avec Volver (2005). A la lecture du scénario le rôle lui paraissait compliqué car elle joue un fantôme mais elle avoue en fait que c’était son rôle le plus facile : elle avait l’âge du personnage, était dispensé de séance de maquillage et n’a pas eu à faire beaucoup de prises car familière de l’univers du metteur en scène. Ce rôle, aux côtés de Penelope Cruz, lui a donné « beaucoup de satisfaction » et permit de gagner des prix.
Au sujet du statut de réalisateur mondialement reconnu et estimé de Pedro Almodovar qui « a ouvert plein de portes pour beaucoup de comédiens » elle révèle: « Sur le tournage de Volver je l’ai trouvé très différent surtout parce qu’il est très important » mais ajoute « ma relation avec lui a été formidable parce que j’ai continué à être avec lui comme j’étais avant ».
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Puis d’autres réalisateurs sont cités comme Alex de la Iglesia, le réalisateur « un peu fou » de Mes chers voisins (2002) dont elle a trouvé le travail génial. Dans la nouvelle génération de cinéastes espagnols elle dit apprécier notamment Alejandro Amenabar. De plus elle souhaiterait tourner avec Patrice Leconte. Mais pour s’engager sur un nouveau projet elle attend avant tout d’être surprise et de s’amuser.
Elle évoque ensuite son plaisir d’avoir travaillé en Amérique du Sud, au Costa Rica, au Chili, au Mexique, en Argentine où justement a été tourné Tetro (2009) de Francis Ford Coppola. Arrivée sur le film quand il avait déjà commencé, elle a remplacé au pied levé Javier Bardem dont Coppola a changé le rôle en femme. Sur le plateau le réalisateur du Parrain s’amusait à lui demander une traduction directe en 3 langues ; elle a visiblement eu une « relation formidable avec lui » tout en révélant que le tournage a été parfois difficile pour l’équipe technique et les comédiens argentins.
Enfin Carmen Maura parle de son actualité. Tout d’abord le huis clos Nos chères têtes blondes de Charlotte Silvera tourné il y a 5 ans dont elle assure en ce moment la post-synchro avant sa sortie prochaine ; elle y joue un proviseur de lycée et prof de maths confrontée à 4 adolescents. Puis le tournage en cours à Paris du premier film de Michael Buch, Let my people go !, une comédie sur famille juive avec Amira Casar, Jean-François Stévenin, Jean-Luc Bideau.
Devant tant d’enthousiasme et de disponibilité à évoquer une carrière internationale tracée en toute liberté on se dit que le CINEMED a décidément bien choisi sa marraine.