« Tokyo Sonata » dresse le portrait
d'une famille japonaise ordinaire:
Le père, licencié sans préavis, le cache à sa famille.
Le fils ainé est de plus en plus absent.
Le plus jeune prend des leçons de piano en secret.
Et la mère, impuissante, ne peut que constater qu'une faille invisible
est en train de détruire sa famille...
L'avis d'Alex:
Kiyoshi Kurosawa change de registre
?
Après avoir sondé nos peurs de son
style si particulier avec des films comme « Cure »,
« Kairo » ou « Retribution
», il s'attaque aujourd'hui à la chronique
d'une famille japonaise « typique » qui va peu à
peu se décomposer...
Cette rupture familiale est clairement déclenchée
lorsque le père, directeur administratif dans une grosse société,
perd son emploi (suite à une délocalisation en Chine) mais continue
néanmoins à mentir à sa femme en partant tous les matins en costume
pour en fait rejoindre un ancien camarade et manger à la soupe populaire.
Ce mensonge (ou ce non-dit) semble alors «
contaminer » les autres membres de la famille, à commencer
par le fils cadet qui dépense l'argent réservé
à la cantine pour s'offrir des cours de piano. Puis vient
le tour de l'ainé qui veut s'engager dans l'armée
américaine sans en parler à son père. La mère,
symbole de la « bonne tenue » du foyer, va alors vaciller
elle aussi sous le coup de tous ces incidents...
S'il s'éloigne cette fois-ci du fantastique
« pur et dur », le cinéaste japonais dépeint
tout de même encore une fois avec « Tokyo Sonata
» la perversion d'éléments à
priori inoffensifs (des ordinateurs dans « Kairo »,
un arbre dans « Charisma ») par une
force invisible et sournoise qui va s'ingénier à faire
basculer l' « ordre établi ».
Fidèle à son rythme lent, Kiyoshi
Kurosawa ne surprend pas de ce côté-là
ses spectateurs. Lorsque le véritable malaise s'installe
et que la situation devient de plus en plus glauque, on se dit,
connaissant le réalisateur, que le constat risque d'être
noir de chez noir... C'est à ce moment là que Kurosawa
surprend en faisant apparaître l'espoir alors qu'on pensait
être définitivement enfermé dans les ténèbres
!
Conservant son style intact, mais délivrant cette
fois un message féroce sur la situation actuelle de son pays et
son mode de vie, le cinéaste ne decevra certainement pas sa chapelle
de fidèles. Les autres risquent de trouver le temps long et se sentir
« hors du coup » durant près de 2 heures. Du moins jusqu'à la (sublime)
touche d'émotion finale, ce moment de félicité tellement inhabituel
de la part du réalisateur.
Alors peut-être rien que pour ça...
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