Avis de Fabien :
Le festival de Cannes permet outre de voir des films de tous horizons en compétition officielle et dans les sections parallèles, en avant-première mondiale, de redécouvrir des longs-métrages qui ont fait l’histoire du cinéma en copies restaurées. Cette année les festivaliers ont pu assister à la projection en copie neuve du chef d’œuvre de Max Ophuls, Lola Montès. Réalisé en 1955 Lola Montès est le dernier film de son auteur, en couleur.
Echec commercial à sa sortie, cette histoire de la vie scandaleuse de la comtesse de Landsfeld dite Lola Montès a subi de nombreux remontages. Ainsi il existe 3 versions de ce film jugé trop scandaleux : la version originale de 1955, celle de 1956 où les dialogues allemands sont remplacés par des voix françaises postsynchronisées et enfin la version de 1957 où l’histoire est racontée de manière chronologique avec une voix off sans l’aval d’Ophuls.
La Cinémathèque française et les Films du Jeudi, avec l’aide de Marcel Ophuls, ont restauré le montage initial de Lola Montès avec couleurs (procédé Eastmancolor), son stéréophonique et format d’origine en Cinémascope. La copie sublime permet d’apprécier à sa juste mesure ce beau mélodrame sur la cruauté et l’indécence de spectacles qui puisent leur matière première dans les scandales. Si les couleurs éclatantes, les décors chargés et les costumes flamboyants sont d’un autre âge Lola Montès conserve un côté intemporel par son sujet fort autour d’une industrie du spectacle prompte à s’emparer des destins incroyables, à récupérer de vieilles gloires pour faire un spectacle divertissant de leurs amours, de leurs réussites et de leurs déchéances.
Ainsi la femme libre amoureuse qu’était Lola Montès courtisée par les plus grands, épisodes amoureux racontées en flash-back, est condamnée par l’exil à revivre chaque soir sa vie dans un numéro de cirque pathétique. Grandeur et décadence d’une femme hors du commun, Lola Montès s’achève par un travelling arrière magistral laissant la baronne exposée dans une cage, telle une freak, à la vue d’une foule masculine désireuse de toucher moyennant finances celle que des hommes de pouvoir comme le roi de Bavière (épisode central durécit) se sont disputés la beauté, la fougue et la liberté. |