Wind River
Wind River

Wind River

Réalisateur
Taylor Sheridan
Acteurs
Elizabeth Olsen, Jeremy Renner, et Kelsey Asbille
Pays
USA
Genre
Thriller
Durée
110 min
Titre Original
Notre score
7

Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…

Film présenté au Festival de Cannes 2017 dans la sélection Un Certain Regard

Avis de Fabien

Pour son deuxième film de réalisateur, le scénariste réputé de Sicario et Hell or high water, Taylor Sheridan, s’est entouré de Jeremy Renner et Elizabeth Olsen pour un thriller enneigé dans le Wyoming où un pisteur, un Shooter spécialisé dans la traque de pumas et autres prédateurs sauvages, fait équipe avec une jeune recrue du FBI pour élucider un meurtre dans la réserver indienne de Wind River.

On retrouve dans ce long métrage de Taylor Sheridan des thèmes et motifs développés dans ses scénarios pour Dennis Villeneuve et David MacKenzie (attrait pour les outcast, nature sauvage où les plus faibles sont menacés d’être dévorés par les loups…), une narration linéaire avec une jeune policière plongée dans un univers âpre comme un sound design avec basses puissantes.

Mais l’intrigue manque d’intensité dramatique et les personnages archétypaux sont dépourvus d’épaisseur psychologique, surtout celui d’Elizabeth Olsen. Hormis un furieux mexican standoff dans le dernier tiers, la mise en scène manque de punch et d’inspiration pour prétendre rivaliser avec ses modèles.

Taylor Sheridan rend toutefois un bel hommage au peuple amérindien et ses disparues dans ce polar rugueux qui, s’il ne parvient pas à rivaliser avec les films tirés de ses scripts, se révèle d’honnête facture.

Wind River

Avis de Manu

Taylor Sheridan est l’auteur de ce qu’il aime appeler « la trilogie des frontières » avec Sicario et Comancheria. Ayant laissé la mise scène à d’autres réalisateurs sur les deux précédents films, il prend en main ce dernier chapitre, Wind River.

Seconde réalisation pour cet acteur-scénariste-metteur en scène, après l’étrange, malsain et plutôt mauvais Vile (2011), Taylor Sheridan verse ici heureusement dans un autre registre (les deux films sont méconnaissables).

Ici encore le prétexte du thriller policier, superbement mené dans son classicisme (fin prévisible mais le propos est ailleurs), Taylor Sheridan maîtrise une certaine image figurative, certes parfois trop appuyée, mais joliment référencée. Il y a une portée symbolique tout au long du film afin de dénoncer le génocide amérindien, certains trouveront le trait forcé, trop appuyé, mais la composition du récit et sa captation sont efficaces. Les séquences d’action comme les moments plus intimes s’inscrivent dans un classicisme assez épuré afin de laisser plus de place à un constat culturel et historique de l’Amérique actuelle. En dénote cette séquence de fin, très bien écrite, où le spectateur trop habitué à un dernier twist final pour le genre n’a qu’à se laisser porter par le sous-texte principal du film.

Jeremy Renner, rugueux et froid comme les roches du Wyoming, y trouve probablement son plus beau rôle à ce jour, ne surjouant jamais dans un rôle difficile, et parfois interprété avec beaucoup trop de stéréotypes. Idem versant mise en scène quand Sheridan tente d’éviter tous les poncifs du genre (scènes d’action pour/à « gogo », effets « pyro-épileptiques »), les rares séquences de fusillades du film font note d’une tension palpitante. Quant aux personnages, ils sont tous traités avec une certaine subtilité, faite de nombreux petits détails dans leur jeu, comme dans la direction d’acteurs, jusqu’à de simples incursions extérieures qui complètent le tout ; habitudes de vie, vêtements, objets du décor nous en apprennent beaucoup plus qu’il n’y apparaît.

En outre, les nappes sonores de Nick Cave et Warren Ellis (déjà à l’œuvre sur Comancheria également écrit par Sheridan) pour parfaire l’ambiance et le décorum glacial, blanc et désolé des décors enneigés.

Avec Wind River Taylor Sheridan prouve qu’il peut être un intéressant metteur en scène qui, sous un aspect premier assez léger, cache avec subtilité une évidence de talent dans sa mise en scène faite de détails minutieux, d’une maîtrise cohérente du sujet qu’il traite orné d’un art du découpage judicieux.

Quand plane au-delà de tout cela (comme dans Comancheria) la note d’une Amérique oubliée, d’une Histoire non assumée, le résultat est là, fait de la conjugaison de multiples détails. Si Wind River s’avère être le moins bon de la trilogie, il s’en dégage une force et un aspect dramatique totalement maîtrisé qu’on ne retrouvait pas dans Sicario par exemple.

A mi-parcours 2017, difficile d’être affirmatif mais Wind River pourrait avoir une place dans notre Top 10 de fin d’année.

Wind River
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