Une femme reçoit le colis qu’elle a envoyé quelques temps plus tôt à son mari incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis. Inquiète et profondément désemparée elle décide de lui rendre visite. Ainsi commence l’histoire d’un voyage, l’histoire d’une bataille absurde contre une forteresse impénétrable.
Film présenté en compétition au Festival de Cannes 2017
Avis de Fabien
Le cinéaste ukrainien Sergei Loznista revient en compétition après My Joy (2010) et Dans la brume (2012) avec Une femme douce, libre adaptation de Dostoïevski. Une femme douce retrace le parcours semé d’embûches dans la Russie rurale d’aujourd’hui d’une femme pour livrer un colis, réexpédié sans raisons à son domicile, à son mari en prison.
Avec cette ville-prison dont on ne peut sortir, une administration vérolée, une police corrompue, une marchandisation des corps, est dressé un tableau sombre de la Russie rurale contemporaine que la mise en scène saisit au moyen de longs plan séquences où le réalisateur place au centre son héroïne mutique, avec une rigueur et une austérité traduisant la vision pessimiste du réalisateur sur l’état de son pays.
La photo signée du chef op de Cristian Mungiu est remarquable, quelques moments forts (la séquence avec défenseurs droits de l’homme) parsèment cette odyssée désespérée mais de manière générale les scènes sont trop étirées jusqu’à une dernière demi-heure onirique mal habile (un délire plein d’ironie mal inséré dans l’ensemble au réalisme brut) à la conclusion d’une violence complaisante abjecte. Sergei Loznista achève notre indulgence devant ce film redoutable, à bien des égards.