Alors qu’on pensait que la saga Uncharted achevée, les équipes de Naughty Dog avaient en fait un dernier petit cadeau à faire aux fans : Uncharted The Lost Legacy. Marquant le retour de notre chère Chloé Frazier, rencontrée dans Uncharted 2, cet opus en forme de suite/spin-off est-il du même niveau que les précédents volets de la saga devenue culte ?
Si elle a souvent été décriée pour son aspect cinématographique très poussé, faisant souvent les frais de certains joueurs n’y voyant (à tort) qu’un simple film interactif, cela n’a pas empêché la saga Uncharted d’atteindre les cimes du succès, autant en terme critique que public. Un succès amplement mérité tant, depuis son second opus, la saga a su illustrer le talent des équipes de Naughty Dog tant sur le plan technique (chaque opus figure parmi les plus beaux jeux de sa génération) que gameplay (simple, mais efficace) et surtout narratif. En effet, que ce soit au niveau du scénario, du jeu des acteurs ou de la mise en scène (des cinématiques et du gameplay), chaque Uncharted était et reste un vrai bonheur de joueur et de cinéphile, regorgeant de morceaux de bravoure ayant su imprégner durablement le coeur des fans.
Autant le dire tout de suite : Uncharted The Lost Legacy n’a pas à rougir de son héritage tant il parvient à égaler ses prédécesseurs sur bon nombre de points, voire même à les surpasser.
Ce dernier point vaut notamment pour l’aspect technique. En effet, si Uncharted 4 mettait la barre extrêmement haut, figurant en bonne place parmi les jeux console les plus beaux du monde, The Lost Legacy réussit la prouesse de faire encore mieux ! Décors (tant ville que jungle), personnages, textures, effets de lumières ou de particules… L’ensemble du jeu est absolument somptueux, apte à vous décrocher la mâchoire, si bien qu’on sera régulièrement tentés de s’arrêter pour contempler un paysage de cette Inde virtuelle, voire même jouer du mode Photo qui fait ici son retour. Même l’eau, pourtant très difficile à dompter sur le plan technique (remember Horizon Zero Dawn) est ici parfaitement maîtrisée. Sans compter l’immensité et l’inspiration des décors, parmi les plus impressionnants de toute la saga ! En bref, de ce côté et malgré des bugs de jeunesse qui seront sans doute vite corrigés, c’est un quasi sans-faute de la part des développeurs.
Côté gameplay, on reste évidemment en terrain connu avec une alternance entre plates-formes, énigmes et gunfight, le tout entrecoupé d’exploration pure et dure (la zone open-world à parcourir en jeep), de possibilités d’infiltration et de phases plus spéciales. Si l’ensemble est assez varié et totalement maîtrisé, les fans émettront tout de même un bémol sur le côté redondant d’Uncharted The Lost Legacy qui n’hésite pas à reprendre des pans entiers des précédents titres, depuis la simple course sur les toits jusqu’à la poursuite en véhicule en passant par la mémorable séquence ferroviaire d’Uncharted 2 (ici également inspirée par le film Broken Arrow). Hommage ou paresse, à chacun de se faire une idée, mais aussi intense soit l’aventure de The Lost Legacy, impossible de ne pas regretter l’absence d’un moment épique propre à cet opus et qui lui aurait permis d’éviter un côté trop « best-of ». Ceci dit, c’est bien peu de chose comparé au plaisir de replonger une nouvelle fois dans l’atmosphère unique d’un Uncharted !
Car oui, côté ambiance et histoire, The Lost Legacy s’inscrit là aussi dans la droite lignée Uncharted avec un scénario où la chasse à un trésor historique (ici la défense brisée de Ganesh) est surtout un prétexte à une jolie leçon d’Histoire (et de légendes) et surtout au développement des héros, ou plutôt héroïnes dans le cas présent. En effet, après quatre opus majoritairement menés par la gent masculine, The Lost Legacy s’inscrit dans la mouvance actuelle en plaçant deux Wonder Woman en tête d’affiche. Nadine Ross tout d’abord, qui gagne ici en épaisseur et en fragilité, brisant son image d’adversaire monolithique d’Uncharted 4 et s’illustrant comme un sympathique sidekick. Et surtout Chloé Frazier, qui gagne ici ses galons d’héroïne jouable après deux opus dans l’ombre de Nathan Drake. Tout comme Nadine, Chloé profite de cet opus pour gagner un développement de son histoire personnelle très appréciable, même si l’on regrettera que les ficelles utilisées par les scénaristes (la quête du père notamment) soient les mêmes que celles de Lara Croft dans les récents reboots. Ceci dit, Uncharted et Tomb Raider s’inspirant constamment l’un de l’autre depuis le succès des aventures de Nathan Drake, on reste dans la tradition. Et cela n’enlève rien au plaisir de retrouver cette chère Chloé, qui nous avait cruellement manqué dans Uncharted 4 (et qui retrouve comme les autres personnages sa voix VF des précédents volets, les fans apprécieront). On se surprendra même à espérer, surtout avec sa durée d’une dizaine d’heures (en prenant le temps de la jouer infiltration et de chercher les bonus) que The Lost Legacy ne soit que le premier volet d’une nouvelle série de jeux Uncharted dont Chloé serait l’héroïne. En revanche, on regrettera que les autres personnages ne soit pas logés à la même enseigne, qu’il s’agisse du grand méchant qui rejoint les rangs des adversaires interchangeables (rendez-nous Lazarevich, Flynn ou Catherine Marlowe !) ou d’un troisième sidekick qui, malgré le plaisir de le retrouver ici, semble davantage faire figure de guest de luxe.
Au final, Uncharted The Lost Legacy remplit largement les espoirs placés en lui. Beau à se damner et reprenant à la lettre la recette de la licence, ce nouvel opus s’inscrit à la fois comme un vrai prolongement et un sympathique best-of de la saga. Si l’on pourra regretter un hommage un peu trop appuyé aux précédents volets (marqué par la reprise de pans de niveaux entiers) et un scénario un poil paresseux, c’est bien peu de choses comparé au plaisir de replonger une dernière ( ?) fois dans les décors somptueux et l’ambiance unique d’un jeu Uncharted.