Blasé de Call of Duty ? Battlefield 4 n’est pas assez nerveux à votre goût ? Jetez donc un œil à Titanfall ! Créé par des anciens de Infinity Ward (studio à l’origine de Call of Duty), Titanfall est finalement devenu une exclusivité Microsoft, qui en a fait un fer de lance de la Xbox One sans pour autant négliger les joueurs PC et 360. Une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitaient se frotter à cette nouvelle expérience multijoueurs sans forcément passer à la next-gen. Mais face à la concurrence, l’achat en vaut-il pour autant la chandelle ?
Outre la bonne nouvelle de sa disponibilité sur tous les supports Microsoft (dommage pour les consoles Sony, mais tant mieux pour la 360 et le PC), c’est surtout sur la bonne surprise que représente Titanfall qu’il faut d’emblée s’attarder. Car si l’étiquette « par les créateurs de Call of Duty » avait de quoi rameuter les foules, elle avait aussi le potentiel de rebuter les joueurs blasés par la célèbre licence (dont votre serviteur). Grossière erreur, tant Titanfall parvient à reprendre certaines des qualités de Call of Duty (et oui, il y en a !) tout en trouvant immédiatement sa propre identité.
Une identité qui réside tout d’abord sur les fameux Titans. Véritables monstres d’acier qui rappelleront aux cinéphiles leurs cousins d’Avatar et de Matrix Revolutions, les Titans en imposent en un clin d’œil. Il faut dire que se retrouver la première fois à leurs commandes (dans une cabine de pilotage intégrée à l’engin, et non à distance) a quelque chose de primairement excitant tant on ressent très vite leur puissance. Enfin ça, c’est avant votre premier affrontement, car dès que vous vous retrouverez face à votre premier Titan adverse, vous mesurerez combien cette puissance n’est en fait qu’illusoire.
Et c’est là la première grande qualité du soft : alors qu’on pouvait craindre que la présence de ces engins destructeurs accouche d’un gameplay complètement déséquilibré, il n’en est finalement rien. En effet, outre leur taille rendant impossible toute furtivité, il suffit de quelques salves bien placées pour en venir à bout. Et nul besoin d’être soi-même aux commandes d’un Titan pour ça, puisque les fantassins disposent tous d’une arme anti-Titan assez dévastatrice. Autant dire qu’après quelques parties, on y réfléchit à deux fois avant d’appeler son Titan.
Un Titan qui ne fait pas tout dans le gameplay, puisque la majorité du jeu se jouera à pied. Et c’est là qu’on retrouve les qualités de Call of Duty citées plus haut, comme cette action frénétique et nerveuse ne laissant que peu d’instants de répis (il faut dire qu’entre les joueurs adverses et les bots, pas le temps de s’ennuyer). Mais ce qui aurait pu n’être qu’un banal clone de Call of Duty se voit heureusement agrémenté d’idées particulièrement sympas qui changent totalement l’expérience. A commencer par la dimension verticale du gameplay, les fantassins étant tous affublés de jetpacks (permettant des doubles sauts) et de la possibilité de courir sur les murs façon Prince of Persia. Combiné à un level design faisant souvent la part belle aux hauteurs, autant dire que vous vous surprendrez rapidement à jouer du fusil tout en voltigeant dans les airs. Sans compter la possibilité d’utiliser des tyroliennes ou surtout de grimper sur le dos d’un Titan pour se faire transporter (Titan allié) ou lui dézinguer les circuits plus rapidement (Titan ennemi) : juste grisant !
De même, si les armes sont assez peu variées au final, elles remplissent bien leur office (fusil, sniper, shotgun…), d’autant que vous pourrez débloquer bon nombre d’éléments de customisation, sans compter les originalités comme ce pistolet à visée automatique. A noter d’ailleurs une excellente initiative : outre les principaux types de fantassins et de Titans (qui vont du très furtif au très bourrin), il est possible d’enregistrer plusieurs profils personnalisés, que l’on pourra alterner au sein d’une même partie. Très pratique pour adapter son jeu aux joueurs ou à la map. Par contre, on restera un peu plus incertain vis-à-vis de l’expérience sur le long terme, tant on a la sensation de faire rapidement le tour du soft.
Sur le plan technique, on notera que Titanfall est un bon élève. Sans être une claque graphique, le jeu de Respawn Entertainment se révèle très agréable visuellement, utilisant avec brio les possibilités du moteur Source (celui des Left 4 Dead) pour nous concocter des Titans très crédibles et des univers plutôt réussis. On passe ainsi de zones urbaines à des environnements plus ruraux ou sauvages, sans oublier cette map désertique très sympathique où l’on décèlerait presque l’influence du film Pitch Black. Par contre, coupons court au fantasme : Titanfall n’est pas Battlefield 4, donc pas de destruction des bâtiments au programme (heureusement d’ailleurs, puisqu’avec une armée de Titans dans le coin, les maps seraient rapidement devenues des champs de ruines). Idem côté sonore, l’ensemble est d’excellente facture et confortera la nervosité des affrontements. Fin du fin, l’ensemble tourne très bien sur une machine de milieu de gamme, donc inutile de repasser à la caisse.
Et le mode solo, me direz-vous ? Pas de scénario au menu ? Et bien non, mais oui quand même. En effet, on touche là à une autre excellente idée du soft. Alors qu’on ne cesse depuis quelques années d’assister à un véritable méli-mélo (les jeux multi s’imposant la présence d’un solo souvent dispensable, et les jeux solo s’aventurant sur les terres du mode multijoueurs), Titanfall fait figure d’exception puisqu’il s’articule intégralement autour du multijoueurs. Certes, on y trouve bien une campagne narrant le conflit entre les deux camps du jeu (le scénario tenant sur un timbre-poste, on vous l’épargnera ^^). Mais celle-ci n’est en fait qu’un enchainement de parties multijoueurs liées par quelques dialogues ingame. Léger, mais étrangement bienvenu puisqu’on ne perd ainsi pas son temps en fioritures avant d’entrer sur le champ de bataille.
Au final, on ressort de Titanfall avec le sourire et quelques frissons. Le sourire face à un titre qui ne cherche finalement pas à péter plus haut que son croupion et réussit avec brio à nous plonger dans son univers et son gameplay accrocheurs. Les frissons de piloter ces Titans, de voltiger dans les airs, de courir sur les murs, de dézinguer ces monstres de fer… Moins primitif que Call of Duty, plus nerveux que Battlefield, Titanfall réussit en prime à se démarquer de ses deux principaux concurrents. On restera un peu plus dubitatif sur le long terme, mais pour l’heure, inutile de bouder son plaisir.
MAJ: Test du DLC Expédition.
C’est désormais bien connu : à la grande messe du FPS multijoueurs, le DLC est à présent roi. Comme ses semblables, TitanFall cède donc à la mode des packs de maps téléchargeables moyennant finances, les hostilités s’ouvrant avec ce pack baptisé Expédition, vendu au prix de 9,99€ (ou inclus dans le season pass). Au programme, trois nouvelles cartes multijoueurs qui, disons-le d’emblée, risquent de vous laisser un peu dubitatif.
On commence par Jeux de Guerre, une carte qui ne sera pas sans rappeler le tutorial du jeu, avec ses décors aux forts accents de Portal et Tron. Misant énormément sur le walljump avec de nombreux « doubles murs », cette carte se révèle assez sympathique à arpenter, même si l’on pourra regretter son côté trop lisse et un poil fermé qui fait perdre de leur intérêt aux Titans.
Des qualités et défauts qu’on retrouve également dans l’environnement industriel de Drainage, où l’on ressent le même sentiment de cloisonnement malgré la verticalité qui y est mise à profit. C’est d’ailleurs ce sentiment de cloisonnement qui constitue peut-être la plus grande déception de ces deux maps, TitanFall ayant souvent privilégié des environnements assez ouvert (pas forcément grands, mais où l’on ne ressent que modérément le sentiment « d’arène »). Heureusement, la troisième map du pack corrige le tir.
En effet, Marécages dénote totalement avec les environnement déjà observés dans le jeu puisqu’on est plongé au coeur d’une forêt dense et marécageuse, où les arbres et les rochers offrent de nombreuses possibilités de déplacements et de cachettes, tout en permettant de facilement se dissimuler des Titans. En contrepartie, ces derniers seront plus difficiles à atteindre pour les projectiles guidés, mais cela a le mérite de renouveler un peu le gameplay.
Au final, on reste un peu dubitatif sur ce DLC assez cher (9,99€ pour 3 maps) où seule une carte (Marécages) a le mérite de renouveler un peu l’expérience, les deux autres étant certes sympathiques, mais sans véritable originalité en termes de jeu.