A sa sortie, TitanFall premier du nom avait su créer la surprise. Deux ans et demi plus tard, TitanFall 2 débarque pour faire encore mieux et corriger les défauts et manques de son prédécesseur. Alors que le jeu est sorti en octobre dernier, nous avons enfin eu l’occasion de le tester et autant le dire de suite : le contrat est totalement rempli !
Petit retour en arrière : En 2014, le studio Respawn (créé par des anciens d’Infinity Ward, le studio derrière Call of Duty) nous offrait son premier titre, TitanFall. FPS axé entièrement sur le multijoueurs (et reprenant d’ailleurs la nervosité du mode multijoueurs de Call of Duty), TitanFall se distinguait par plusieurs éléments de gameplay, notamment la faculté de courir sur les murs, de faire un double saut et surtout, la capacité d’appeler et piloter un Titan au milieu du champ de bataille. Véritables monstres de fer rappelant les méchas d’Avatar et Matrix Revolutions, les Titans apportaient une dimension incroyablement épique aux affrontements sans pour autant réduire les fantassins à l’état de chair à canon. Bref, un joli travail d’équilibrage qui permettait au titre de nous offrir certains des affrontements les plus mémorables vus dans un FPS multi, et une jolie réussite malheureusement ternie par quelques défauts, notamment une répétitivité très prononcée sur la durée. De même, certains lui reprochaient l’absence d’un vrai mode solo, là où le titre proposait une campagne de plusieurs maps multi liées par un vague scénario. Deux éléments qui ont été parfaitement entendus par le studio pour TitanFall 2.
Alors qu’à l’époque du premier volet, nous saluions l’absence du mode solo (qui permettait au studio de se concentrer sur un multi de qualité), dans ce second opus, c’est une véritable campagne solo qui fait son apparition. Et si l’on pouvait légitimement craindre que ce mode solo ne soit qu’anecdotique comme dans bon nombre de FPS axés sur le multi, c’est une véritable surprise qui nous attend. Le solo nous met ainsi dans la peau du milicien Jack Cooper, propulsé par hasard pilote du Titan BT-7274. Derniers survivants de leur équipe décimée par les mercenaires de l’IMC, Cooper et BT vont devoir faire équipe pour achever leur mission. Si le scénario en lui-même tient sur un timbre poste, il a la bonne idée d’accorder énormément d’importance au Titan BT. Doué de parole et d’autres joyeusetés, BT bénéficie d’un traitement magistral mêlant fort caractère, cynisme et humour avec un brio que n’auraient pas renié GlaDOS ou Wheatley de Portal 2. Excusez du peu ! En prime, son alchimie avec Cooper fonctionne du tonnerre, nous offrant quelques interactions franchement fun, autant en termes de dialogues (les réparties de BT sont souvent hilarantes) que d’action (vous connaissiez le lancer de nain, découvrez le lancer de pilote !). Si Cooper et BT bénéficient d’un soin et d’une alchimie de haute volée, on regrettera toutefois que les autres personnages soient autant à la ramasse, notamment les méchants de l’histoire. Certes, leur character design est plutôt réussi, mais leur traitement est franchement à côté de la plaque, en particulier celui du grand méchant de l’histoire (également peu aidé par une affreuse voix française qui rappellera aux initiés le ratage de la VF de Vin Diesel dans Babylon AD).
Mais, outre le traitement de BT, la plus grande surprise du mode solo vient aussi du level design qui bénéficie d’un soin franchement impressionnant, donnant le sentiment que le scénario – aux forts accents de série B – a été écrit en fonction de lui, et non l’inverse. Les idées originales fusent de toutes parts, les inspirations sont choisies avec soin (mention au niveau de la chaine de montage, renvoyant à Portal 2 ou Minority Report) et même le temps et l’espace sont poussés dans leurs retranchements pour nous offrir des niveaux franchement mémorables et se permettant même quelques moments « casse-tête » qu’on attendait pas ici. Nous n’en dirons pas plus pour éviter les spoilers, mais qu’on se le dise : le mode solo de TitanFall 2 est une jolie gifle !
Non contente d’offrir une expérience de qualité, la campagne solo est également une excellente mise en jambe pour le gros morceau du titre : le multijoueurs. De ce côté, si vous êtes familiers du premier volet, vous serez en terrain connu tant ce second opus tient davantage de la mise à jour côté multijoueurs. En même temps, comme dit plus haut, le multi de TitanFall 1 était une jolie réussite et demandait davantage d’ajustements que de réels changements. Coté nouveautés, on citera notamment l’arrivée du grappin (fun à utiliser, mais un poil lent à l’usage, surtout sous le feu ennemi), plusieurs variantes d’armes et surtout de nouveaux modèles de Titans aux caractéristiques distinctes, dont un modèle léger doté d’une épée ! Autant dire que les possibilités d’approche et de combats se retrouvent multipliées. A noter que si il reste possible de grimper sur le dos d’un Titan adverse en tant que pilote, la possibilité de lui tirer indéfiniment (à moins d’être délogé) dans les circuits internes jusqu’à sa destruction a été remplacée par le vol d’une batterie d’énergie ou le jet d’une grenade, ce qui limitera les dégâts qu’il est possible d’infliger à chaque assaut. Côté modes de jeu, si les classiques sont de retour, depuis Attrition (deathmatch de deux équipes de pilotes et leurs Titans avec une phase de fuite en fin de partie) au Capture du Drapeau en passant par les Deathmatchs de pilotes ou de Titans, en groupe ou en 1v1, on notera l’arrivée de petits nouveaux tels Domination (hérité du mode Conquête de Battlefield, avec ses points de contrôle) et Chasseur de Prime. Dans ce nouveau mode, les joueurs doivent éliminer des adversaires IA pour récupérer leur prime, puis aller l’amener à la « banque ». Là où ça se corse, c’est que chaque mort vous fera perdre la moitié de votre pécule, de quoi renverser l’issue de chaque partie en un instant.
Tous ces ajouts ne serait rien sans un gameplay aux petits oignons. Côté déplacements, on pouvait craindre que la multiplication des possibilités (course, wallrun, double saut, grappin…) crée un certain bazar pour le joueur, surtout dans les phases frénétiques. Que nenni, les pilotes répondent au doigt et à l’œil et les mouvements se font avec un naturel et une fluidité confondante. Tout comme les Titans qui, malgré leur gabarit, sont un vrai bonheur à piloter. Chacun des deux gameplays dispose en outre de différentes capacités à utiliser en cours de jeu et qui demanderont un certain temps à se recharger entre deux utilisations. Une manière d’équilibrer la partie tout en remplaçant le système de cartes du premier opus.
Pour conclure, attardons-nous sur l’aspect technique. Si le moteur Source commence à accuser son âge, il remplit parfaitement son office et donne vie avec brio aux moindres joyeusetés des développeurs. On reste d’ailleurs pantois devant la maitrise de ces derniers dans les niveaux du mode solo, dont le level design bourré d’animations n’a pas dû être une partie de plaisir à mettre sur pied. Même constat côté graphique où malgré l’ancienneté du moteur, les différents environnements n’ont pas à pâlir des productions actuelles en termes de détails et de textures, même si on est évidemment loin d’une démo technique. De même, on relèvera certaines zones particulièrement immenses que l’on attendait pas vraiment dans la suite d’un FPS axé sur les combats multijoueurs en arènes. Bref, du tout bon côté visuel. Idem côté sonore où les bruitages finissent de donner vie à nos monstres d’acier, aux armes ainsi qu’aux planètes où vous serez amenés à les utiliser. De leur côté, la musique et doublage sont de bonne facture sans être transcendants, et si l’on accordera une mention au doublage de BT, on décernera aussi un carton jaune à la VF du grand méchant de l’histoire, évoquant davantage un lascar de bas étage qu’un dangereux mercenaire. Mais c’est bien peu de défauts au milieu d’un océan de qualités.
Car oui, TitanFall 2 est une suite de grande qualité, clairement l’une de nos meilleures surprises de cette année. Une surprise due en grande partie à son mode solo, aussi inventif en termes de level design/gameplay que captivant en termes de personnages (le Titan BT ne laissera personne insensible, et sa relation avec Cooper fonctionne à merveille). Si la campagne solo justifierait à elle-seule l’achat, le mode multijoueurs nous offre lui aussi une expérience de haute volée, appliquant les nouveautés et corrections qui s’imposaient après un premier volet bon, mais perfectible. Avec TitanFall 2, la licence du studio Respawn réussit à donner des leçons aux plus grands tout en s’imposant pour de bon dans un domaine en grande partie dominé par Call of Duty et Battlefield. Faites de la place, les Titans ont débarqué !