Los Angeles. Années 70. Deux détectives privés enquêtent sur le prétendu suicide d’une starlette. Malgré des méthodes pour le moins « originales », leurs investigations vont mettre à jour une conspiration impliquant des personnalités très haut placées…
Film présenté Hors-Compétition au Festival de Cannes 2016
Avis de Manu
Shane Black semble être une des figures les plus importantes, bien qu’invisible, de la fin des années 80 au milieu des années 90. Il a travaillé avec les plus grands « actionneurs » de cette période, Joel Silver comme producteur, John McTiernan, Richard Donner avec dans sa filmographie certains étendards du genre, L’arme fatale 1, 2 et 3, Last action hero, Le dernier samaritain, Au revoir à jamais…
Qu’on aime ou non à l’époque il était le seul scénariste à régner sur hollywood dans le maniement chirurgical du film d’action aux accents comiques, et aux punchlines cultes, à un rythme effréné, sans perte de régime du début à la fin. Une fois de plus, qu’on apprécie ou non, l’exercice d’écriture de tels films est réellement compliquée, lui a sû magnifier le genre. Et ce n’est qu’en 2005 qu’il a pu passer derrière la caméra pour nous livrer le désinvolte et jubilatoire buddy movie Kiss Kiss Bang Bang. Après être passé par l’écurie Marvel (Iron Man 3) et vendu son âme au diable, il revient avec un film tout à fait personnel qui, de son premier à son dernier plan, porte l’ADN Shane Black.
Et la simplicité du scénario dans son large relief cache la forêt de subtilités et de finesse d’un script dont la mise en scène et le rythme imposé ne font que peu de débat. Dans une production hollywoodienne qui ne ressemble plus à grand chose lorsqu’on évoque cinéma d’action/divertissement et plaisir d’antan (et oui, les 90’s ce sont déjà 20 années écoulées, ou presque), Shane Black fait figure de héros des temps modernes, malin comme tout, pour signer un film somme. Somme de ce qui par petites touches très simples donnent une efficacité au cinéma, du moins à celui qui nous rappelle les films d’actions, écrits dans les années 80-90, action, humour, scénario joueur et alambiqué.
Forcément, le décorum du film a son importance, coolitude de la fin des années 70, costumes, design et ambiance sonore d’époque, ont la part belle, mais un tel emballage ne donne pas forcément toujours droit à un joli cadeau. Ici tout est réuni pour que le plaisir soit simple et burlesque. Plus fin qu’il n’y paraît, l’histoire se déroule en 1977, tournant d’une certaine ère industrielle automobile US et période de lancement du cinéma pornographique (centre de l’histoire), Shane Black se sert de tout pour faire tourner à 200 à l’heure son film avec des rebondissements et un scénario très joueur. Flirtant avec les codes et les réussites des polars passés, les séquences apportent une saveur old school.
Côté casting, le duo Crowe-Gosling est parfait et ne badine heureusement pas dans des catégories opposées afin d’éviter les stéréotypes d’un autre genre. Le long de la route de l’autodérision sur laquelle on les a déjà aperçu, Russel Crowe et Ryan Gosling sont parfaitement dirigés et jamais en dehors des clous. Avec une réalisation efficace et dynamique de Shane Black, le film prend des allures de cartoon brillant où le rythme ne baisse jamais, les séquences se suivent et se tutoient parfaitement.
Comme à l’époque où tout semblait permis, Shane Black s’autorise la même liberté de ton et nous offre un film rocambolesque, parfois hilarant et plus fin qu’on pourrait le croire quant à la vision globale de son récit. Entre hommage et réelle envie de se faire plaisir, il a livré une production digne des meilleures passées dans le genre. ; qu’on avait presque oublié pour le coup, mais qui dans une certaine simplicité donne un maximum d’efficacité. Funk et coolitude au rendez-vous.
Avis de Fabien
Scénariste star des années 80 (Lethal Weapon, Predator, Last action hero, The last boy scout) et réalisateur de Iron Man 3 et Kiss Kiss Bang Bang, Shane Black est aux commandes de The Nice Guys, histoire de détectives dans les 70’s écrite par ses soins début des années 2000, un temps envisagée pour le petit écran avant de devenir un long métrage produit par Joel Silver (Die hard, Matrix).
Signataire du buddy movie policier culte L’arme fatale qui a réinventé le genre à la fin des années 80, Shane Black a imaginé l’histoire rocambolesque de deux détectives, située à la fin des années 70 à LA, enquêtant sur la mort d’une starlette. Les deux nice guys du titre font vraiment la paire : l’un soigne sa déprime suite à la mort de sa femme avec l’alcool tout en menant des enquêtes banales pour subvenir aux besoins de sa famille (il élève seul sa fille, maline, une apprentie détective qui va se révéler indispensable!), l’autre est une brute épaisse au grand coeur qui veut mettre son approche musclée de la justice aux services des autres. Ces deux privés vont unir leurs talents particuliers pour résoudre un cas de disparition d’une jeune femme, affaire plus complexe qu’elle en l’air dévoilant un scandale lié à la pollution de l’air où sont impliqués des politiques et des businessman.
The Nice Guys, du Raymond Chandler à la sauce Shane Black, mixe avec réussite film noir, action sanglante et humour piquant pendant deux heures enlevées et jubilatoires. Les situations dingues à base de fusillades musclées, d’humour slapstick (festivals de chutes et de bourre-pif) et de répliques percutantes s’enchaînent sans temps mort dans cette enquête pleine de surprises où se glisse par intermittences de l’émotion entre le politiquement incorrect des situations et des dialogues (une fillette de 13 ans déclare « I need a drink », s’invite dans une fête donnée par un producteur de X…) et la violence des affrontements dans cette cité des anges.
Ils ne sont pas vraiment des anges les deux privés joués par Russell Crowe et Ryan Gosling, très à l’aise dans la comédie : sens du timing, mimiques, le duo à l’alchimie indiscutable fonctionne à merveille.
On pourra tiquer sur la qualité de quelques plans réalisés sur fonds verts comme le peu de place laissé au grand méchant de l’intrigue mais The Nice Guys constitue une proposition si rare dans le paysage de l’action movie américain, un mélange non formaté, détonnant et jubilatoire, d’humour débridé, de film noir et d’action pétaradante porté par un génial duo d’acteurs sur une bande-son groovy. Il serait criminel de passer à côté de cet excellent buddy movie policier dont on espère une suite!
Technique
Le master français propose une image hd de très belle tenue avec une riche palette chromatique, des contrastes solides, en bref une patine 70’s très réussie. Les deux pistes audios offrent un mixage quasi-similaire (préférence pour la vo pour la présence des voix), dynamique et généreux.
Bonus
Cette édition blu-ray FPE propose comme bonus deux courts modules de 6′ chacun, Une vraie histoire de détective … ou presque et Le retour gagnant de Shane Black où est évoquée la genèse de The Nice Guys et est loué le talent de scénariste/réalisateur de Shane Black par un cast visiblement heureux d’être là.