Frank White est sorti de prison et les règlements de compte se multiplient. Installé dans une suite du Plaza, il est bien décidé à redevenir le roi de New York. Mais alors que la police s’est jurée de le mettre hors d’état de nuire, White se rêve en businessman. Se rapprochant des élus municipaux et des œuvres de charité, il conçoit le projet d’ouvrir un hôpital pour enfants, financé par l’argent du trafic de drogue…
L’ouverture du film, le malfrat Franck White quittant une prison en limousine, pose les bases narratives de ce grand film d’Abel Ferrara qui avance par accumulation de contrastes avec en premier lieu ce personnage principal ambivalent, celui qui tue froidement ceux qui le gênent se veut philanthrope (lutte pour la permanence d’un hôpital en manque de fonds de la municipalité). On retrouve cet effet de contrastes sur le plan musical avec l’utilisation de musique hip-hop et de classique ou bien en terme de situation avec cette incroyable scène ou White parle livraison de drogue dans une chambre d’hôpital.
Le film progresse ainsi, entre moments calmes (les scènes avec sa maîtresse avocate) et montée de violence sourde (la tuerie dans le club), à l’image de White, anti(héros) bourré de contradictions, à l’allure spectrale, de mort-vivant. « Je ferai quelque chose de bien » prononce cet ange de mort, interprété par un excellent Christopher Walken au jeu subtil, plein de nuances.
Pessimiste, désespéré, The King of New-York montre un ex-prisonnier qui ne peut pas échapper pas à son passé et se réinsérer dans la société, différentes communautés (asiatiques, italiennes…) en guerre, des flics de la classe ouvrière ripoux et des avocates acoquinées aux truands, filmés par un remarquable sens de l’épure dans une nuit poisseuse, dangereuse qui paraît sans fin.
Porté par la composition hallucinante de Christopher Walken The King of New-York est un superbe opéra funèbre dirigé avec inspiration par Abel Ferrara qui signe ici un de des meilleurs films avec Bad lieutenant.
Technique
The King of New-York a fait l’objet d’une nouvelle restauration 4K du négatif original supervisée par le directeur de la photo et le réalisateur (HDR10 + DOLBY VISION™ sur la version UHD non testée) : copie propre, piqué très correct, bons contrastes, une redécouverte pour ce film déjà paru en brd en 2012. La piste VO en 5.1 DTS HD MA est plus pointue et détaillée dans les scènes d’action que son homologue française au mixage moins équilibré avec des dialogues trop mis en avant.
Bonus
Possession (28 min) : passionnant entretien avec Abel Ferrara dirigé par Nicole Brenez, historienne du cinéma et auteure de plusieurs ouvrages sur le cinéaste, autour de la mise en scène de The King of New York, de ses thèmes et de sa place dans le culture urbaine US
Entretien avec Augusto Caminito (20 mn) : interview du producteur de The King of New York riches en anecdotes et souvenirs de tournage du film.
The King of New-York est disponible chez Carlotta en édition prestige limitée combo 4K UHD/blu-ray+memorabilia ainsi qu’en édition single 4K UHD et en édition single blu-ray