C’est peu dire qu’on l’attendait, The Evil Within. Véritable promesse d’un retour aux sources du survival-horror orchestrée par celui-là même qui lui avait donné ses lettres de noblesse avec Resident Evil, on espérait qu’une chose : que le résultat soit à la hauteur des espérances. Alors, verdict ?
Synopsis: Dans la peau de l’inspecteur Sebastian Castellanos, vous êtes envoyé sur une scène de meurtre avant d’être plongé en plein cauchemar. Vous serez rapidement confronté à d’étranges créatures et devrez compter davantage sur la prudence que la force pour vous tirer de situations oppressantes.
Disons-le d’emblée, The Evil Within est une réussite. Une réussite où l’on ressent à chaque instant l’influence de son créateur Shinji Mikami. Quiconque a touché à Resident Evil premier du nom ne pourra que reconnaitre les tics de son auteur dès les premiers instants du jeu. Des premiers instants qui réussissent à nous plonger dans l’horreur sans aucun ménagement, bien aidés par un scénario plein de mystère qui parvient à nous accrocher et à ne plus nous lâcher. On touche d’ailleurs là à l’une des grandes forces de The Evil Within : si avec les années, bon nombre de jeux ont réussi à créer une ambiance glauque et véritablement flippante (Dead Space en tête), très peu ont compris que la peur passe également par un scénario un minimum travaillé, et surtout des personnages attachants. Pour le coup, cela nous renverrait presque à Murdered : Soul Suspect, dont l’ambiance finalement peu effrayante était contrebalancée par des personnages bien campés qui nous donnaient envie de connaitre le fin mot de l’histoire. Dans le cas présent, The Evil Within accorde également une grande importance à ses personnages, mais jouit en plus d’un scénario mystificateur qu’on vous laisse découvrir et d’une mise en scène de haute volée qui donnent véritablement envie d’avoir le fin mot de l’histoire. Une attention qu’il est difficile de ne pas considérer comme une belle preuve d’amour envers les joueurs !
Vous l’aurez compris, niveau immersion, The Evil Within en jette ! Toutefois, c’est bien beau une intrigue et des personnages, mais dans un jeu, c’est surtout le gameplay qui importe ! De ce côté-ci, il faut bien avouer que quiconque a touché à Resident Evil 4 devrait retrouver rapidement ses marques. Vue à la troisième personne, caméra dynamique, visée assistée sur consoles… Shinji Mikami a en effet bien compris que les standards autrefois instaurés par Resident Evil 1 n’étaient plus d’actualité, et que l’heure est à l’accessibilité et à la facilité de prise en main. Cela ne l’empêchera pas de jouer avec nos nerfs tout au long de la quinzaine d’heures de jeu, y compris grâce à des effets vraiment cradingues et un bestiaire joliment inspiré (si vous n’avez pas la gâchette facile, la première apparition de l’homme invisible devrait vous marquer pour longtemps, sans compter cette femme-araignée absolument ignoble).
D’ailleurs, ne vous y trompez pas : si votre arsenal sera très vite assez conséquent, certains monstres seront insensibles à vos balles et il vous faudra donc rivaliser d’ingéniosité pour en venir à bout, la meilleure solution étant souvent la fuite. Une façon de faire travailler ses méninges tout en rappelant constamment au joueur que les munitions sont finalement très rares. Aussi, n’hésitez pas à mettre à profit les possibilités offertes par vos allumettes ou par les bidons d’essence, sans compter les coups au corps-à-corps qui vous permettront régulièrement d’économiser une balle. Ceci dit, ne vous tracassez pas trop non plus : aussi rares soient-elles, les munitions ne sont pas inexistantes, et il faudra vraiment être un fou de la gâchette pour se retrouver complètement à sec. En outre, on saluera une excellente idée de game design : si vous trouvez une boite de six balles alors que votre inventaire n’a de place que pour trois, alors vous prendrez automatiquement la quantité nécessaire, le reste vous attendra au même endroit. Pratique lorsqu’on ramasse des munitions juste avant qu’un zombie sorte du placard voisin ! Par contre, il sera régulièrement rageant de voir que notre héros ne peut pas sprinter plus de quelques secondes sans cracher ses poumons ! Heureusement, arsenal et capacités physiques seront améliorables par le biais d’une salle dédiée où vous pourrez accéder au fil du jeu.
Un petit mot également sur la qualité graphique du jeu : simplement superbe. Testé sur Xbox 360, le jeu n’a pas à rougir face aux standards actuels, notamment au niveau de ses jeux de lumières absolument sublimes, tellement que vous vous surprendrez régulièrement à avoir peur de votre ombre ! Néanmoins, cette qualité visuelle se paye au prix de nombreux ralentissements, mais rien de vraiment pénalisant. Par contre, on émettra un gros point noir sur le choix du format cinémascope avec ces horripilantes bandes noires. Si dans un film, ce choix est censé rendre l’action plus ample et lisible, c’est l’inverse qui se produit ici au point que certaines phases deviennent parfois difficiles, sinon impossible à suivre à cause des limites de l’image et d’une caméra pas toujours optimale. Un très mauvais choix ! Côté musique par contre, c’est vraiment du tout bon, autant que les doublages VF un poil archétypaux, mais néanmoins réussis.
Vous l’aurez compris, The Evil Within n’est pas exempt de défauts, à commencer par son choix du format cinémascope particulièrement handicapant. Toutefois, il cumule tellement de qualités qu’il nous est difficile de lui en tenir rigueur. Aventure glauque dans un esprit malade, The Evil Within mérite amplement son attente, et finit d’assoir Shinji Mikami comme un des grands maitres de l’horreur vidéoludique ! A ne pas rater !