En cette période pré-Noël, nombreux sont les jeux qui couvrent la scène médiatique. Et au milieu des Assassin’s Creed, GTA, Beyond et consorts, peut-être les plus jeunes seront-ils intéressés par cet Invizimals : Le Royaume Perdu, dont voici un bref aperçu.
Pour les novices de Invizimals (dont l’auteur de ces lignes fait partie), il est bon de rappeler que la saga n’en est pas à son premier essai puisqu’elle remonte à 2009. Sorti sur PSP, le jeu mettait en avant un principe de réalité augmentée qui utilisait la caméra dédiée à la portable de Sony. Quatre ans plus tard, et alors que les Pokémon et autres Skylanders continuent de cartonner, Sony décide de sortir l’artillerie lourde avec deux nouveaux volets (un PS3 et un PSVITA), une application, un système de cartes à collectionner… La comparaison avec les Pokémon et Skylanders n’est d’ailleurs pas choisie au hasard tant on ressent dans cet Invizimals le souhait de Sony de rafler une part du marché que représentent nos chères têtes blondes. Malheureusement, cela risque de s’avérer un peu compliqué, en tout cas au niveau du volet PS3 qui nous intéresse ici.
S’ouvrant sur une cinématique live jouée par des comédiens de chair et d’os, les premières minutes laissent pourtant augurer de bonnes idées et d’une volonté de créer un réel univers. Malheureusement, la qualité des comédiens et des effets spéciaux de cette cinématique (tout juste dignes d’une mauvaise sitcom pour enfants) ont tendance à vite briser le charme de la chose. Enfin bon, on aura heureusement pas à les supporter longtemps puisque par une pirouette assez maline, le héros de chair et d’os doit aller sauver un monde parallèle (le gamin a douze ans maximum, pour rappel), puis passe par un vortex et en ressort de l’autre côté transformé en héros de polygones. Un procédé qui ne sera pas sans évoquer le film « Richard au pays des Livres Magiques », pour citer une sympathique œuvre pour enfants.
C’est à ce moment-là que débute véritablement le jeu. Débarquant au pays des Invizimals (des animaux doués de bipédie et de parole, façon Digimon), notre héros va rapidement acquérir la capacité d’absorber leurs pouvoirs et de se transformer lui-même en Invizimal à volonté. Chacun des Invizimals ayant ses propres capacités (force, agilité…), le joueur devra ainsi jongler avec une sorte de « roue des pouvoirs » pour adapter sa transformation aux circonstances. Un principe plutôt sympathique sur le papier, mais un peu moins dans la pratique. La faute au nombre de transformations disponibles (une quinzaine, ça fait un peu beaucoup, l’air de rien) et surtout à l’approximation du gameplay. En effet, outre des contrôles un peu trop rigides, les niveaux se révèlent vite répétitifs et surtout peu inspirés. A tel point que malgré une construction en couloirs, il ne sera pas rare de devoir revenir sur ses pas, voire de complètement s’égarer (la caméra capricieuse n’aidant pas).
Certes, on sent que les développeurs ont essayé de faciliter le tout avec un nombre conséquent d’aides pour le joueur (quelle transformation utiliser, quel bouton pousser…), mais ce qui aurait pu n’être qu’un bonus appréciable devient rapidement un cache-misère qui laisse entendre que les concepteurs avaient bien remarqué les faiblesses de leur Game/Level Design, mais n’avaient pas le temps (ou l’envie ?) de les corriger. A moins qu’ils pensent encore que « enfants » ne rime pas avec « intelligents » ? Difficile à dire. En tout cas, même si il faut bien reconnaitre certaines qualités à cet Invizimals (on est loin de l’epic fail de certains titres pour enfants), il faut également avouer que côté stratégie marketing, l’équipe a dû oublier un détail : si Pokémon et Skylanders ont tant raflé la mise depuis des lustres, l’accessibilité et la qualité indubitables de leurs jeux (la base de leur succès, au final) n’y était pas étrangère.
Si on attendra pour juger la qualité de leurs autres produits Invizimals, ce volet PS3 nous laisse en tout cas sur notre faim. Frustrant, déséquilibré et peu intéressant, y compris sur le plan narratif et même (surtout ?) pour les enfants, il semble davantage rentrer dans la case des purs produits marketing pour enfants. Cette catégorie à laquelle sont souvent habitués les jeux tels que les adaptations de dessins animés, et qui témoignent du peu d’intérêt que suscitent encore les plus jeunes auprès de certains développeurs. Si l’on est loin de la catastrophe dans le cas présent, il reste difficile de considérer cet Invizimals comme une vraie réussite.