XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.
Avis de Manu
Depuis 10 ans et son adaptation peu subtile de Infernal Affairs, Les infiltrés, et ce malgré tout le savoir-faire qu’on pouvait lui reconnaître, il semble difficile de retrouver le Martin Scorsese qu’on avait apprécié jusque là, Aviator étant quasiment sa dernière pièce maîtresse. C’est après 20 ans d’attente (difficultés à financer le film) que le remarquable réalisateur a pu mettre en scène ce projet de longue date. Et il y a clairement une vraie sincérité et un engagement qui se dégagent du film dans une œuvre qui apparaît cependant un peu longue.
Sur le fond, la patte Scorsese offre un modèle de réalisation, tant il est difficile de mettre en scène la foi et les doutes que parfois elle procure. Silence œuvre également parfaitement sur le questionnement religieux et fait plus qu’effleurer les doutes intérieurs des hommes. On retrouve donc une certaine grâce dans la mise en scène pour peindre tout ça comme un accent prononcé fait à la spiritualité, toujours sur des notes zen. Notes portées autant par la beauté naturelle des décors que par l’accord que l’Homme doit trouver avec lui-même quand ce dernier se dévoue totalement à la foi religieuse.
En résulte évidemment un film personnel, appliqué, aux accents métaphysiques. Scorsese derrière la lentille ne laisse rien au hasard et confirme son implication sur un projet mûri depuis des années. Le pendant off de tout ça c’est la radicalité du propos, sa précision, qui ne peut séduire tout le monde, sur la durée tout du moins et sur le peu d’enjeux narratifs de cette histoire vraie, du moins tels que le public les attend pour s’évader. Ne pas chercher un cinéma formaté aux retournements écrits et convenus, Silence se diffuse comme un acte de profession qui sous l’amour de son sujet se dévoile comme une foi prononcée pour le cinéma et cet art que Martin Scorsese a toujours sublimé. Bien aidé par une interprétation majeure d’Andrew Garfield (très en vue cette année, sur des projets « risqués ») il faut cependant être préparé pour découvrir la dernière mise en scène du maître new-yorkais, qui propose avec une réelle ambition l’aboutissement d’un projet personnel, mis en scène avec la saveur d’antan, celle qu’on connaissait du cinéaste.
Hélas, un dernier plan confirme au dernier moment les doutes qu’on pouvait émettre sur l’ensemble du film, majeur de forme, certes long, et trop dogmatique sur le fond.